Des documents internes de la Table de coordination nationale en santé publique démontrent une accumulation de retards et une couverture vaccinale incomplète. Selon le journaliste André Noël qui signe l'article, le problème a été découvert en avril 2005 lors d'une réunion des responsables de plusieurs régions sanitaires. Ils ont constaté que le calendrier d'immunisation des nourrissons n'était pas respecté. Dans un minimum de six régions sur 14 ayant participé à cette enquête, on constatait un retard d'au moins quatre semaines pour le premier vaccin des nourrissons. Pour les vaccins suivants, le nombre de régions présentant ce même retard augmentait à sept semaines et dans certains cas, le retard accumulé allait jusqu'à quatre mois. Ce délai trouvé dans les rendez-vous de vaccination fait en sorte que les nourrissons peuvent recevoir un vaccin de deux à trois mois après l'âge prévu au calendrier.
Plusieurs raisons ont été invoquées pour expliquer ces retards, entre autres l'alourdissement de la tâche, la pénurie de personnel qualifié, les difficultés à réorganiser les services en CLSC à la suite de l'intégration des nouveaux programmes de vaccination, la réorganisation du réseau par la création des CSSS (centres de santé et de services sociaux) et le manque de ressources financières. Le rapport souligne que plusieurs vaccins ont été ajoutés au calendrier d'immunisation des nourrissons depuis 2002 : contre l'infection à méningocoque, l'influenza, le pneumocoque et la varicelle. Mais les ressources n'ont pas suivi. Souvent, il arrive que des parents se fassent dire qu'ils ne pourront pas faire vacciner leur nouveau-né à temps.
Or, il est très important de vacciner les bébés aux âges indiqués, parce que c'est à ces moments qu'ils ont besoin des vaccins. Des cas de coqueluche surviennent encore; or, cette maladie peut être mortelle. Quand les retards s'accumulent, les vaccins finissent souvent par ne pas être donnés du tout. C'est ce qui inquiète le plus les autorités. Le taux de vaccination à l'âge de 2 ans est estimé à environ 86 % par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), alors qu'il devrait être de 95 %. Cela signifie qu'environ 7000 des 75 000 bébés québécois âgés de 2 ans ne sont pas vaccinés alors qu'ils devraient l'être. Aux États-Unis et dans plusieurs pays occidentaux, le taux de vaccination des bébés est de 90 %. Dès l'été dernier, les autorités publiques ont tenté de réduire les délais dans la vaccination des nourrissons. Mais les retards persistent, selon des documents obtenus par La Presse.
Le ministère de la Santé consacre 22 millions de dollars par année à la vaccination.
Source : André Noël, La Presse, 28 février 2007
