La médecine traditionnelle ne comprend pas toujours pourquoi des couples sans problèmes médicaux (trompe bouchée, peu de sperme, endométriose…) n’arrivent pas à avoir de bébé.
L’ostéopathie est une médecine manuelle qui a pour principal but thérapeutique de rétablir la mobilité et les fonctions de l’organisme en traitant les causes des douleurs, des symptômes et des troubles fonctionnels.
Pour cela, l’ostéopathe utilise la qualité et la finesse de sa palpation afin de déceler la position, la mobilité et la qualité des tissus.
L’objectif de l’exercice professionnel de l’ostéopathie est de remettre en mouvement les structures du corps (os, articulations, ligaments, muscles, tendons, organes, viscères, sutures crâniennes, etc.) qui sont en restrictions ce qui permet une libération de la circulation sanguine et lymphatique et favorise les échanges métaboliques entre tous les systèmes de votre corps. Ceci permet également de meilleures interrelations et régulations entre les différents systèmes du corps humain. Pour ce faire, le patient est toujours traité dans sa globalité (ADOQ).
Qu'est-ce qu’une infertilité : je prendrais la définition de l’OMS : « incapacité pour un couple de procréer ou de mener à terme au bout d’une année ou plus de rapports sexuels non protégés ».
Qu'est-ce qu’une infertilité primaire : c’est une femme qui n’a jamais eu de grossesse
Qu’est-ce qu’une infertilité secondaire : Une grossesse a eu lieu quelque soit l’issu : grossesse extra-utérine, avortement, naissance d’un enfant vivant.
À noter qu’environ 15 % des grossesses reconnues n’aboutissent pas à une naissance vivante, le risque dépend de l'âge maternel (moins de 12 % avant 25 ans, 16 % vers 30-34 ans, 20 % a 35-39ans, et 25 a 30 % à 40ans), et du nombre de fausses couches antérieures.*
Les causes masculines associées à un problème féminin |
39 % des cas |
Les troubles de l’ovulation |
32 % des cas |
Les origines tubo-péritonéales (hydrosalpinx, les adhérences post-infectieuse et l’endométriose) |
11 à 26 % des cas |
Les causes masculines isolées |
10à 26 % des cas |
Les anomalies de l’interaction glaire-spermatozoïde |
4 à 15 % des cas |
La stérilité inexpliquée |
8 à 30 % des cas |
L’infertilité féminine a plusieurs origines
- L’infertilité cervicale (la glaire est insuffisante ou inadéquate)
- L’infertilité utérine (présence de fibrome, adénomyose, les synéchies) Il est intéressant de savoir qu’une femme qui a déjà eu un enfant a deux fois plus de risque de développer un fibrome par rapport à une femme qui n’a jamais eu d’enfant. (Barbieri 1999, rapport de l’AFSSAPS)
- L’infertilité tubaire et pelvi péritonéale sont souvent d’origine infectieuse (tuberculose, Maladies sexuellement transmissibles, endométriose, fibromes, agénésies congénitales, grossesse extra-utérine)
- L’infertilité par trouble de l’ovulation
Les moyens médicaux actuels proposés en cas d’infertilité
- les stimulations, inductions de l’ovulation (citrate de clomifène, les gonadotrophines…)
- insémination artificielle : intra cervicale ou intra-utérine
- fécondations in vitro
- les chirurgies tubaires
- les traitements chirurgicaux des fibromes
Que faire avant de consulter un ostéopathe?
S’assurer que tout est beau dans le système gynécologique de madame et dans le sperme de monsieur.
En effet, l’ostéopathie ne peut pas aider les couples aux prises avec : une stérilité tubaire due aux salpingites, endométriose, malformation des trompes; les stérilités utérines dues aux endométrites, synéchies post-traumatiques, malformations utérines, hypoplasie utérine; les obstacles cervicaux tels que les séquelles d’électrocoagulation abusives; les stérilités ovariennes, syndrome de strein-Levanthal, les atteintes diencephalo-hypothalamo-hypophysaire et des troubles de la production d’un sperme de qualité.
L’ostéopathie va traiter surtout les infertilités fonctionnelles c'est-à-dire sans cause médicale répertoriée.*
Quel travail peut faire l’ostéopathe et comment?
L’ostéopathe va travailler la vitalité et la mobilité générale du corps, il va travailler essentiellement sur « le nid » de la future mère dans lequel le bébé va se poser, ainsi que sur le système qui alimente « le nid » en nutriments, sang et système nerveux et lymphatique; ainsi que toutes les tensions qui peuvent nuire à son bon fonctionnement.
Le père quant à lui peut aller en acupuncture pour stimuler sa spermatogenèse et prendre différents produits ou alimentation pour améliorer la vivacité de ses spermatozoïdes.
L’ostéopathe va vérifier s’il existe des blocages dans le contenant osseux : hanches, sacrum, lombaire et va monter jusqu’au crâne.
En effet, il existe des liens nerveux entre le contenu viscéral et les niveaux vertébraux :
- D10 à L1 au niveau de l’innervation de l’ovaire, de la base du crane pour l’innervation de l’ovaire et du nerf vague,
- D12 à L2 et de S2 a S4 pour l’innervation de l’utérus.
- S2-S3 et S4 : sont les liens d’attachement des ligaments entre l’utérus et le sacrum (pièce osseuse des fesses)
Tout le contenu viscéral tel que les intestins et autres organes du ventre va interagir avec l’utérus et les ovaires ainsi que les trompes, ils doivent eux aussi être libres de tension, sinon par effet de compensation ou d’interaction, ils risquent de nuire à la fertilité.
Il va aussi intervenir sur la chaine centrale (voir dessin), et sur le contenu viscéral.
La chaine centrale doit être bien libre pour permettre une bonne mobilité générale et surtout une bonne mobilité de l’isthme de l’utérus (entre le col et le corps de l’utérus). La chaine centrale étant étendue du crâne au plancher pelvien (à la base du périnée).
Le coccyx doit être aussi évalué, car il est en étroite relation avec le contenu du petit bassin et il équilibre les pressions et l’interrelation entre les différents diaphragmes (il en existe 3 : au niveau de la base du crâne, au niveau de la cage thoracique et du plancher pelvien, ils vont définir la pression dans chacun des 3 volumes : crâne, thorax et abdomen). Donc une chute sur les fesses avec atteinte du coccyx peut générer un débalancement de tout le petit bassin et en plus compliquer un accouchement ou abimer le bébé pendant l’accouchement.
Le muscle pyramidal doit être bien libre, car il a une insertion commune avec les ligaments entre l’utérus et le sacrum, il a donc une incidence sur la mobilité, et la position de l’utérus il est souvent en cause dans les douleurs sciatiques.
Les cicatrices de chirurgie telles qu’appendicite ou césarienne antérieure vont être travaillées si elles ralentissent le bassin. Les cicatrices de cœlioscopie peuvent créer des ralentissements, voire des blocages dans la structure du ventre.
L’ostéopathe va vérifier la structure gynécologique par voie externe : est-ce que l’ovaire est collé? L'utérus basculé? (Rétro versé ou latero versé), il y a-t-il une adhérence entre la vessie et l’utérus, comment sont les ovaires?
Il va relancer la vitalité et la mobilité de la sphère gynécologique. Il va vérifier la bonne interrelation des structures du bassin, et il peut aussi travailler par voie interne si des cicatrices du col bloquent la bonne marche de la nidation ou si des accolements sont présents.
La zone des reins va être inspectée spécifiquement, car sa mobilité et sa vitalité doivent être au maximum pour optimiser les chances de garder une grossesse à terme, et éviter les pré-éclampsies ainsi que les œdèmes pendant la fin de grossesse. Les 2 reins doivent être mobiles, et avoir une bonne interaction avec les organes voisins ainsi qu’avec la structure musculaire.
Le foie aussi doit avoir une attention toute particulière, car il gère les hormones reliées à la grossesse, et on lui connait au moins 400 fonctions dans l’organisme.
La structure crânienne va être étudiée minutieusement, car l’hypophyse au centre du crâne peut être écrasé et donc moins bien faire son travail. En effet, c’est elle qui sécrète plusieurs hormones dans le cycle féminin et dans la grossesse et l’allaitement.
L’ostéopathe va donc lui donner de l’espace et vérifier la bonne vascularisation du crâne, ainsi que la bonne mobilité crânio-sacré qui permet une meilleure vitalité de tout le corps. Tout cela se fait par des mouvements doux et harmonieux sans douleur.
Les blocages au niveau des pieds (entre le scaphoïde et le cuboïde) peuvent aussi se répercuter sur l’articulation de la hanche par le biais du ligament rond de la hanche en lien avec la bandelette sous-pubienne et la membrane obturatrice interne (au niveau du plancher pelvien), qui se prolonge par les ligaments pubo-vésicaux et du coup peut créer des tensions au niveau de la sphère gynécologique.
Une de mes collègues, Geneviève Kermorgant, a fait une thèse sur l’apport de l’ostéopathie dans la prise en charge de l’infertilité secondaire. Voici ses résultats : Madame Kermorgant dans son étude avec des problèmes de fertilité secondaire a eu 72 % de grossesses menées à terme (pour des infertilités de 1 a 2 ans), 84 % de grossesses débutées. Le nombre de traitements était plus nombreux pour les femmes qui avaient dépassé les 23 mois de trouble de fertilité. L’âge a été aussi un facteur retenu. En effet plus l’âge augmente moins l’ostéopathie est performante. Le taux de fausse-couche a aussi diminué quand les femmes étaient suivies pendant la grossesse.
Quels sont les résultats en général après les traitements?
Les résultats varient selon l’état de la femme, de son type d’infertilité et de ses antécédents (chutes, fausse-couche, avortement, viol, sports pratiqués, ITS…).
Certaines femmes réagissent très vite et tombent enceintes après le 1er ou le 2e traitement et pour d'autres c’est plus long, avec 5 à 6 traitements.
Les traitements vont être faits dans différents temps du cycle pour être complets (l’utérus et le sacrum changent pendant le cycle).
Parfois rien ne marche : depuis 6 ans j’ai dû suivre environ 45 femmes et environ 5 ne sont pas tombées enceintes (dont une qui avait de gros fibromes, une avait une trompe bouchée et une autre des ovaires poly kystiques).
A-t-on besoin d’avoir d’autres thérapeutiques?
Pour ma part, je travaille beaucoup en multidisciplinaire, car à plusieurs nous sommes plus forts. Je réfère souvent en acupuncture, en naturopathie, et des fois aussi en psychologie, biologie totale, micro énergie, massothérapie, nutrition et supplémentation au besoin.
Mon but est de trouver les blocages et d’allier les thérapeutiques pour avoir un maximum de résultat dans un temps raisonnable.
Il est certain que je fais aussi le tour des allergies, toxines ou problèmes environnementaux qui pourraient créer des problèmes spécifiques qui ne seraient plus de mon ressort.
En conclusion
D'après Geneviève Forget ostéopathe : « L’ostéopathie ne guérit rien, il est présent pour offrir les conditions favorables et essentielles afin de permettre aux forces inhérentes de l’organisme d’air et d’effectuer les modifications nécessaires au maintien de la vie ».*
Références *
- Kermorgant Geneviève, Apport du traitement ostéopathique dans la prise en charge de l’infertilité secondaire, Montréal, juin 2007;
- Querleu d, Spira A, Leridon H, Épidémiologie de la fertilité, Paris, 1990;
- Site de l’ADOQ : association des ostéopathes du Québec;
- Ageron-marque Claudine (2000), guide pratique d’ostéopathie en gynécologie, Bruxelles, Satas.
- Forget Geneviève, (2001), Traitement ostéopathique des spasmes endocrâniens : influence sur l’équilibre de l’être au niveau physique, mental, émotionnel et spirituel, thèse en ostéopathie, Collège d’études ostéopathiques de Montréal.
- National Center for Biotechnology Information, Medline sur infertilité
- OMS
- Société de Médecine de la reproduction
Glossaire
- Les adhérences post-infectieuses : accrochage des tissus après une chirurgie.
- Adénomyose : endométriose interne, caractériser par un tissu endometrial à l'intérieur du Myomètre
- Les synéchies : accolements des 2 parois utérines suite a une cicatrisation après une abrasion de l’endomètre.
- Agénésies congénitales : Crânio-sacré : en rapport avec le crâne jusqu’au bassin (sacrum)
- Abréviation des vertèbres utilisée pour alléger le texte
S pour sacrée
D pour Dorsale
L pour Lombaire