Les papas ne sont pas les mêmes qu’il y a 50 ans et leur rôle est différent de celui des mamans.
Être papa, c’est…
… un désir venu de loin
« Quand on devient Papa, on ne le sait pas tout de suite... la prise de conscience se fait petit à petit, puis, un jour, un étranger arrive et interagit avec notre enfant, le souci et la fierté de Papa s'éveille et après coup, on se sent un peu plus Papa. », Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther
Le désir d’être père naît chez les petits garçons vers deux ou trois ans alors qu’ils jouent à « faire semblant ». Ensuite, ce désir se module selon les événements de sa vie. « En effet, le désir d’enfant au masculin est le résultat d’une maturation psychique, souvent de plusieurs années. Il témoigne d’une bonne estime de soi et d’une vision optimiste du monde futur. Il amène à un nouvel engagement dans la vie, à assumer une nouvelle responsabilité. Plus jamais les choses ne seront comme avant, car, au-delà du fait de transmettre la vie, souhaiter être père signifie se sentir capable d’accompagner un petit être dans toutes les étapes de son développement, de l’aider à se construire et à s’épanouir. » * (p. 33)
… être bouleversé par la naissance
« La première rencontre avec chacune de mes filles s'est fait dans les larmes... bonheur, soulagement, parcelles d'éternité en suspens, bref, l'émotion est manifeste. », Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther
Quelle arrivée fracassante et bouleversante! La naissance de leurs enfants constitue souvent le déclencheur d’une prise de conscience subite chez les hommes. Ils comprennent qu’ils sont maintenant de « vrais » papas. En effet, durant la grossesse, les hommes ne se sentent pas « pères ». « La paternité est une démarche avant tout intellectuelle puisque l’homme, à l’inverse de la femme, n’éprouve aucun bouleversement dans son corps : il s’imagine, il se rêve père avant de le devenir socialement » * (p.51). Lors de la naissance, son rôle et ses responsabilités deviennent limpides et clairs.
Parfois les processus d’attachement se font rapidement, mais pour d’autres pères, ils éprouvent un malaise ou une période d’adaptation plus grande. « Durant la première enfance, le sentiment paternel se traduit par une sorte de neutralité bienveillante, sous-tendue par un intérêt pour les différents besoins de l’enfant. Ce sentiment paternel va se détacher progressivement de son caractère narcissique initial pour devenir plus altruiste; le père se sent prêt à satisfaire les besoins de son enfant au détriment des siens propres. » * (p.187)
Les premiers jours après la naissance sont importants. C’est là que les premiers fils de l’attachement se tissent et que votre bébé connaît les premiers élans de votre amour. Les papas contemplent souvent leurs enfants en les imaginant dans les années à venir et en fabulant sur leurs possibles relations. Ils ne sont pas rares ceux qui rêvent de voir leur fils fouler les arénas et devenir un joueur de hockey étoile ou qui caressent les plus doux rêves de princesse pour leur fillette. Papa, profitez de votre congé de paternité pour passer beaucoup de temps avec vos enfants. En petit séducteur, les enfants savent vite accrocher les regards de leurs parents et susciter les plus vifs élans d’amour. Un bébé se nourrit littéralement de l’amour de ses parents.
… être soi-même
« Quand on devient Papa, il n'y a pas qu'un enfant qui arrive sur terre, il y a aussi un Papa. Notre vie change, bascule. Un lien s'établit, on retombe en amour. On devient un héros, un protecteur féroce, un professeur, un consolateur, un clown et j'en passe... » Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther
Les pères d’hier ne ressemblent plus aux pères d’aujourd’hui. Les images de « Papa a raison » et « Papa, le seul soutien de famille » ne tiennent plus la route. Les nouveaux papas prennent davantage leur place et cherchent des modèles autour d’eux pour bien vivre leur paternité. Les papas comme les mamans n’ont pas à changer en devenant parents. Les affinités et les passions se transmettent. Si Adèle aime jouer au hockey et son amie Julia préfère dessiner, c’est peut-être parce que la première a un papa sportif et la deuxième un papa plutôt artiste.
… être différent de maman
« Les activités sont nombreuses et variées avec trois filles tout aussi différentes que merveilleuses, mais je pense que celles que je préfère sont les discussions toutes simples que nous avons en tête-à-tête lors de nos sorties Père-Fille. Une marche au dépanneur, un cornet chez Ikea, le cours d'une lecture compliquée interrompue par une foule de questions, à vélo, etc. » Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther.
Les pères et les mères n’ont pas la même relation avec leur enfant… et c’est tant mieux! En effet, chacun a des moments privilégiés et uniques avec leurs enfants. « Le père est là pour s’interposer. Il transforme la relation duale mère-enfant, parfois trop fusionnelle, en une relation triangulaire. » * (p.233) Le père sera celui qui offrira un « maternage viril » à l’enfant. Si les mamans câlinent habituellement plus, les papas poussent plus leurs enfants vers l’action et les autres. Même la façon de bercer les enfants diffère : les pères les tiennent à la verticale et les mères à l’horizontale. « Dans le portage, les deux attitudes sont donc originales : la mère par son maintien de l’enfant garde la relation fusionnelle, alors que le père installe son bébé à hauteur d’épaule, sa tête dans son cou. Il est bien connu que ce sont les pères qui tiennent leur bébé à bout de bras, en l’air, ou qui jouent avec lui à faire des galipettes sur le tapis. Ils sont toujours les premiers à asseoir leur enfant sur leurs épaules et à l’inciter précocement à se mettre debout, tandis que les mères privilégient le dialogue et les caresses » * (p.235)
… prendre sa place
Dès les premiers instants de vie de l’enfant, les papas doivent prendre leur place auprès de ce petit être qui a autant besoin de son père que de sa mère. Il n’y a pas de raison pour qu’un père se sente mis de côté. S’ils croient ne pas avoir autant la main pour les soins quotidiens ou si la maman chapeaute trop leurs moindres gestes et interventions, les papas hésitent à faire les choses à leur manière. Leur confiance est bafouée. Pourtant, être papa – comme être maman – est une expérience qui s’apprend par tâtonnements, essais, erreurs… et amour.
Chacun doit laisser la place à l’autre d’établir une relation unique et privilégiée avec le bébé. Toutefois, il faut savoir aussi parler d’une même voix quand il s’agit de discipline et de respects des règles. « Le père comme la mère doivent s’efforcer de transmettre les mêmes limites faute de quoi l’enfant ne comprendra pas ce que l’on attend de lui et n’éprouvera pas un réel sentiment de sécurité » * (p.252). Stabilité et cohérence doivent donc s’arrimer à nos interventions avec les enfants. Si chacun peut faire les choses à sa manière, il faut tout de même des rituels semblables qui encadrent les enfants.
… être unique pour son enfant
« Il est certain qu'on voudrait tout leur apprendre à ces petites éponges, le temps nous manque parfois, mais chose certaine, on leur en apprend beaucoup plus qu'on pense par notre simple présence dans leur vie. » Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther
« Dès sa naissance, le bébé sait faire la différence entre son père et sa mère. Il les reconnaît par l’odeur, par le physique, par le son de la voix » * (p.188) La réaction des bébés n’est pas la même, si c’est son père ou sa mère qui se penche sur son berceau. « À l’écoute de la voix paternelle, l’enfant voûte ses épaules, hausse ses sourcils, entrouvre sa bouche et ses yeux s’illuminent : il est prêt à jouer. » * (p.188)
… partager le quotidien de la famille
« J'ai plusieurs amis qui n'ont pas encore d'enfants à mon âge (34 ans) ou qui ne prévoient pas en avoir. J'essaie parfois de m'imaginer à leur place, puis ça devient tout de suite très clair, je ne pourrais plus m'en passer, d'elles et de leur tendre Maman. » Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther
Devenir papa, c’est aussi être capable de faire passer les besoins d’un autre en avant des siens. Encore une fois, c’est le même processus chez les mamans. Trouver le temps d’être un bon papa, partager ses moments de loisir avec ses enfants, couper les heures de sorties personnelles, aller travailler quand on n’a vu ses enfants que quelques heures, ce lot de questionnements et de prises de conscience est celui de bons nombres de papas qui désirent s’impliquer au quotidien avec leur marmaille. À chacun de réinventer son rôle et de transformer ses horaires pour vivre la paternité au maximum. D’autant plus que la présence du papa au quotidien renforce l’estime de soi des enfants. L’attachement père-enfant n’est pas instantané ni acquis. Il s’acquiert et se construit sur une base quotidienne et une présence aimante et bienfaitrice.
… grandir avec son enfant
« Quand on est Papa, l'heure des bêtises est passée. La barre est haute, les enjeux encore plus, c'est plusieurs générations qui nous sont confiées. Il faut laisser une trace qui embellira l'humanité. Il faut montrer à ces petits trésors que la vie est belle et pleine d'opportunités pour ceux qui savent les saisir. » Joe, papa de trois princesses, Naomie, Amélianne et Marie-Esther
En devenant parent, chaque individu grandit, les enfants nous poussant à nous surpasser, parfois à changer, à choisir un nouveau mode de vie ou encore à oser de nouvelles avenues. Les enfants grandissent et nous font grandir… papa et maman!
* Tous les extraits proviennent du livre Devenir père par René Frydman et Christine Schilte, Hachette Pratique, 2007. ISBN : 9782012373471.