Ils s’impliquent auprès de leurs enfants de manière très active. Les pères absents n’existent plus.... ou presque.
Les pères sont plus présents, mais certains sentent que la société ne les laisse pas prendre cette place qui leur appartient. Au parc, à la piscine, chez le médecin... Un père impliqué auprès de ses enfants peut se sentir observé comme un intrus dans un monde de femmes.
À l’émission Médium Large de Radio-Canada Première, la professeure Diane-Gabrielle Tremblay fait remarquer cette distinction. Elle est l'auteure du livre Les pères et la prise du congé parental ou de paternité : une nouvelle réalité. « Si un père participe à une activité, on le traite comme un animal rare, dit-elle. Dans plusieurs lieux, ils ne sont pas tout à fait au naturel. On s’attend à ce que ça soit les femmes dans l’organisation des ressources humaines. »
Une question d’habitudes
La société est en partie responsable de cette séparation entre les parents. Raymond Villeneuve, directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité, a observé une autre injustice vis-à-vis des pères. En effet, dans le programme national de santé publique du Québec, on retrouve 25 fois le mot mère et aucune fois le mot père. « Dans les lois, il n’y a aucune discrimination. Cependant, beaucoup de pères racontent des expériences négatives », dénonce-t-il sur les ondes de Radio-Canada Première. Raymond Villeneuve est aussi préoccupé par l’absence quasi totale des pères dans les politiques familiales.
Francine de Montigny est directrice générale de l’initiative Amis des pères au sein des familles. Elle rappelle à l'émission Médium Large l’importance de laisser les pères s’exprimer et s’impliquer auprès de leurs enfants. « Les pères ont besoin d’être reconnus. Ce n’est souvent pas fait parce que le réflexe est de parler directement à la femme. Les mères aussi doivent apprendre à réfléchir cet espace-là différemment », souligne-t-elle.
Papa à la maison
De son côté, l’animateur de Ici Musique, Alexandre Courteau, ne se sent pas mis à l’écart de l’éducation de ses enfants. Père de trois enfants, il ne se sent pas étranger lorsqu’il accompagne ses enfants à la piscine ou au parc. Au contraire, il remarque que de plus en plus de pères sont impliqués auprès de leurs enfants. Ceci s’explique notamment par le congé parental. De plus en plus de pères le prennent à la naissance de leur enfant.
Le Fatherhood Project a été développé aux États-Unis, afin d’élargir la participation des pères dans la vie de leurs enfants. Il a été prouvé que le chômage affecte directement la capacité des pères à faire partie de la vie de leurs enfants. Pourtant, des sociologues ont découvert que, contrairement au stéréotype, les nouveaux pères des quartiers modestes sont très enthousiastes à l’idée de devenir parents.
Selon le sociologue Timothy J. Nelson, lorsque le père est sans emploi, il y a plus de risque que survienne une séparation. «La vision traditionnelle veut que si le père vit encore avec ses enfants et leur mère, il doit faire partie de la solution financière», souligne-t-il. D’ailleurs, le programme américain a pour objectif d’engager les pères comme soutien à la famille, mais aussi à bâtir des relations solides avec les enfants qui dureront même si la relation avec la mère ne survit pas.
Un congé qui fait toute la différence
Au Québec, les pères peuvent avoir jusqu'à cinq semaines de congé après la naissance de leur enfant. Cela dépend du type d'emploi qu'ils occupent. Ces congés font en sorte qu'il est de plus en plus fréquent de voir des hommes et leurs enfants dans des lieux familiaux, comme le parc. Ces congés font également qu'il est de plus en plus «normal» de voir des pères s'absenter du bureau pour leur famille. Et ces congés permettent non seulement de passer du temps avec la nouvelle maman, mais également de tisser des liens solides avec l'enfant. D'ailleurs, il a été prouvé que lorsque le père est présent durant les premiers moments de la vie de son enfant, il le restera pour longtemps.
Écrit par Marilou Muloin-Robitaille
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