En effet, dans l’imaginaire collectif, on associe spontanément la monoparentalité avec la situation d’une mère vivant seule avec ses enfants. Mais qu’en est-il exactement? Afin d’en savoir davantage, j’ai fait une petite recherche dont je vous livre aujourd’hui les résultats.
Données statistiques
Selon Statistiques Canada, au Québec en 2006 (plus récent recensement), 22 % des familles monoparentales (77 240) étaient dirigées par des hommes, soit plus d’une famille monoparentale sur cinq. Ce pourcentage varie selon les régions de la province. Comme les familles monoparentales (352 825) représentent 16 % des familles québécoises (2 121 610), les familles monoparentales dirigées par des hommes constituaient donc, au Québec en 2006, 3,6 % de l’ensemble des familles québécoises.
Toujours selon les données de Statistique Canada recueillies cette fois en 2001, les familles monoparentales dirigées par des hommes sont plus petites que celles dirigées par des femmes. En effet, les pères monoparentaux ont la charge d’un seul enfant dans 69,4 % des cas alors que les mères dans la même situation ont la charge d’un seul enfant dans 38,3 % des cas. Le pourcentage le plus élevé de pères monoparentaux se situe entre 40 et 49 ans.
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 22 % des familles monoparentales dirigées par des hommes vivent actuellement sous le seuil de faible revenu comparativement à 46 % des familles monoparentales dirigées par femmes.
Recherches
Selon le chercheur Germain Dulac, les pères monoparentaux sont généralement plus scolarisés que les mères monoparentales et se retrouvent davantage sur le marché du travail. Cette situation socio-économique plus favorable leur facilite l’accès à certaines solutions pour les activités domestiques. Leurs enfants sont plus âgés que ceux des mères monoparentales. Les pères monoparentaux se disent aussi généralement satisfaits de leurs relations avec leurs enfants, mais moins satisfaits que les mères monoparentales de leur vie sociale.
Les recherches tendent à confirmer un degré de détresse psychologique plus élevé chez les hommes que chez les femmes en situation de monoparentalité. Les pères monoparentaux ne perçoivent pas la légitimité sociale de leur situation et souhaitent recevoir le soutien de la communauté. Ils sont sensibles à l’accueil des institutions et ont souvent l’impression d’un stigmate social à leur égard.
Le défi des pères monoparentaux, comme des mères monoparentales, consiste à concilier et harmoniser leurs différents rôles. Cela n’est pas toujours facile, car ils ne peuvent compter sur l’aide de l’autre conjoint pour les soutenir.
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Ils doivent aussi, plus que les mères monoparentales, justifier auprès de leur employeur une absence causée par la maladie d’un enfant ou par une autre contrainte familiale. Le milieu du travail considère malheureusement encore souvent que ce type de responsabilité relève davantage des mères.
Les recherches nous informent aussi que les pères monoparentaux sont souvent aux prises avec des séparations difficiles et des conflits de garde d’enfant. Il y a plus d’adolescents que de jeunes enfants dans les familles monoparentales dirigées par des pères. Pour toutes ces raisons, il semble que la situation des familles monoparentales dirigées par des hommes soit souvent très sensible.
Les services
De manière générale, on peut constater que les services aux familles monoparentales sont davantage orientés vers les mères que vers les pères. Une étude publiée en 2005 (Les services destinés aux pères, une description et un regard sur l’évolution des pratiques canadiennes) observe cependant une lente, mais constante évolution des services destinés aux pères et il semble que la réalité de ceux-ci soit davantage prise en compte dans l’offre de services à la famille. Les études semblent aussi démontrer la nécessité de développer des pratiques d’intervention incluant spécifiquement les pères. Il reste cependant beaucoup de travail à faire en ce domaine tant au niveau des organismes qui offrent des services qu’auprès des pères qui hésitent souvent à demander de l’aide. Le financement de ces services est aussi souvent très difficile.
Conclusion
Les familles monoparentales sont actuellement dirigées par des femmes dans une proportion de près de 80 %. Près de 20 % de ces familles sont cependant dirigées par des hommes. Ces dernières familles sont davantage favorisées au niveau socio-économique, mais semblent subir une plus grande détresse psychologique.
Comme le nombre de familles monoparentales dirigées par des pères augmente de manière constante, notre société devra intégrer cette nouvelle réalité et prendre des mesures afin que tous les membres des familles monoparentales, parents et enfants, reçoivent le soutien et l’attention dont ils ont besoin.
Références
- Comité de la Conférence régionale des élus de Montréal: pour des statistiques sur les familles
- Ministère de la Santé et des Services sociaux
- Conseil canadien de développement social: pour des statistiques sur les familles