Il est évident que les temps ont changé et les pères aussi! Ils prennent désormais leur rôle bien plus au sérieux que les générations précédentes. Le Conseil du statut de la femme en est conscient et heureux. Toutefois, en menant une étude approfondie sur le rôle du père et les responsabilités qui viennent avec la famille, Olivier Lamalice a constaté qu’il restait encore un bon bout de chemin à faire vers l’équilibre tant recherché. En effet, même si les pères passent désormais beaucoup de temps avec leurs enfants, ils n’en passent pas plus à s’occuper des tâches domestiques qui incombent trop souvent à la mère.
Une prise de conscience
C’est surtout pour assurer cette prise de conscience que le Conseil du statut de la femme avait recommandé que des 32 semaines de congé parental prévues par le RQAP, trois semaines soient prises par le père.
Selon Olivier Lamalice, « en 20 ans, les hommes ont beaucoup augmenté le temps passé avec les enfants, mais moins pour les tâches domestiques ». Il explique ce fait par plusieurs facteurs combinés qui font en sorte que les hommes ne sont pas conscients de tout le travail que la vie de famille implique.

Une impression de vacances
D’abord, les papas prennent souvent leur congé parental à des moments qui coïncident avec les vacances, selon Olivier Lamalice. « Les pères prennent souvent leurs congés parentaux proche des vacances, pour les prolonger. Ce faisant, ils n’ont pas une vision réaliste de la vie de famille ». Il est certain que les périodes de vacances et l’euphorie qui les entoure ne donnent pas un portrait juste du côté plus routinier de la vie de famille.
Il ajoute que « le reste du temps, ils n’ont pas le cycle complet. Ils reviennent du travail le soir, repartent le lendemain matin et le couple partage les tâches la fin de semaine ». Selon lui, cette vision abrégée ne montre que le plus beau volet de la parentalité. Pour y remédier, il croit qu’une période de plusieurs semaines, seul à la maison avec bébé, donnerait au père l’occasion de comprendre tout ce que l’entretien ménager et les soins ajoutent au temps passé à la maison.
La raison pour laquelle il recommande que le père soit seul avec bébé plutôt qu’avec la maman, c’est qu’il a remarqué que les pères ont souvent l’impression de « prendre un congé » de cinq semaines pour soutenir la mère, et non pour assumer pleinement un rôle indépendant. La mère étant le parent numéro un et le père le parent d’appoint fait en sorte que les rôles traditionnels persistent et que l’égalité n’est pas au rendez-vous.

Une mère mieux préparée
Il faut ajouter que les mères se préparent longtemps d’avance à la vie de famille. Tout au long de la grossesse, elles lisent des livres spécialisés et consultent des sites web comme Mamanpourlavie.com et les nombreux blogues qui pullulent sur Internet. À force de s’informer, elles arrivent généralement à l’accouchement avec une longueur d’avance sur le père. Selon M. Lamalice, ces mères deviennent en quelque sorte des spécialistes de la parentalité, ce qui renforce cette hiérarchie de premier parent et de parent d’appoint.
Pour cette raison et pour que les pères puissent rattraper le temps perdu, le Conseil du statut de la femme recommande d’avoir une approche moins médicale et plus sociale dans l’information qui est donnée aux familles. Par le biais du guide Mieux vivre avec son enfant et dans les cours prénataux, le CSF suggère de privilégier les informations parentales, de donner une information plus pratique, pour atteindre une égalité plus concrète au quotidien.
Les entrevues réalisées auprès des familles par le CSF ont confirmé que les pères vivent un aspect « performance » de la parentalité. Ils veulent non seulement être impliqués, mais ils veulent aussi être vus au parc, en promenade et à l’épicerie et reconnus dans leur implication paternelle. Ils ont donc moins envie de participer aux tâches routinières, moins valorisées… et plus cachées! Plutôt que prendre contact avec l’enfant au quotidien, certains ont tendance à se dire des choses comme « je ne donnerai pas le bain, ma femme allaite déjà et elle a déjà ce genre de contact ». Selon Olivier Lamalice, ça vaut la peine de mettre en place des pratiques éducatives qui leur feront comprendre que les enfants représentent plus que ça, que c’est aussi leur responsabilité d’en prendre soin et qu’un partage plus équitable aura du bon pour tout le monde.
Et dans les familles homoparentales, ça se passe comment?
La raison pour laquelle les familles homoparentales n’ont pas été abordées ici est simplement que l’étude concernait les disparités hommes/femmes. Dans les couples non mixtes, cette comparaison ne s’applique pas. Cependant, M. Lamalice a rencontré une famille homoparentale pendant ses entretiens et nous a dit qu’il aimerait éventuellement ajouter ce volet à son étude.
Vous pourrez trouver la recherche, ainsi qu’un document très convivial résumant les principales conclusions de la recherche sur le site Place à l’égalité entre les femmes et les hommes.