Comme pour une activité de lecture partagée, on crée un moment d’échange avec son enfant. Ceci lui permet de développer des habiletés d’éveil à la lecture et à l’écriture, assurant ainsi de plus grandes chances de succès lorsqu’il sera à l’école.
Comment faire la lecture interactive enrichie?
Pour débuter, vous aurez besoin de 2 ingrédients essentiels : du plaisir et un environnement favorable.
L’activité de lecture doit être associée à un moment privilégié avec votre enfant. Le plaisir doit être présent pour qu’il y développe de l’intérêt, c’est le point de départ et le moteur de l’activité. Pour stimuler l’intérêt, on peut faciliter l’accès aux livres, on donne des modèles, on joue de façon théâtrale un personnage du livre, on porte une attention particulière à ce qui intéresse l’enfant pendant l’histoire, etc.
Pour instaurer un environnement favorable, tentez de limiter les distractions visuelles, auditives (bruits) et tactiles (pas de jouets). Installez-vous confortablement et tentez d’avoir une position permettant le contact visuel avec votre enfant (ex. : couché l’un à côté de l’autre, assis face à face).
Des préalables
Ensuite, on peut enrichir l’expérience de lecture en stimulant l’apprentissage de préalables à la lecture et à l’écriture. Voici quelques exemples.
1. Montrer à l’enfant les conventions par rapport à l’écriture (conscience de l’écrit)
En plus du nom des lettres de l’alphabet, plusieurs conventions reliées au langage écrit peuvent être enseignées en bas âge, pendant l’histoire et dans le plaisir.
Concrètement :
- On lit un livre à l’endroit et non pas à l’envers (ex. : tourner le livre quelques fois en demandant à l’enfant s’il est du bon côté, montrer le haut et le bas de la page).
- On lit de gauche à droite (ex. : montrer avec son doigt et suivre le texte en racontant l’histoire).
- On utilise des lettres pour raconter l’histoire (ex. : montrer le titre dans le livre, montrer la première lettre de la phrase).
- On peut aussi faire référence aux unités sonores (ex. : s’arrêter sur des mots dans l’histoire et dire par exemple : « Écoute, « pont » et « ballon », ça rime, il y a deux sons qui sonnent pareil. »)
2. Expliquer le vocabulaire littéraire
Le langage littéraire est représenté par des mots ou expressions que l’on n’utilise pas à l’oral mais souvent à l’écrit (ex. : « costaud » au lieu de « fort », « jubiler » au lieu d’« être très joyeux »). Lorsqu’on stimule le vocabulaire littéraire en l’expliquant à l’enfant, on l’aide à construire un vocabulaire qui facilitera son apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Concrètement, prenons le terme COSTAUD :
- On donne la définition : « Costaud, ça veut dire être très fort, avec de gros muscles. ».
- On le montre sur l’image ou en réalité « Regarde sur l’image comme il est costaud, il a des gros muscles ». On touche le bras de son enfant : « Wow, tu es vraiment costaud! » « Moi aussi regarde, je suis costaude! ».
- On situe le mot dans d’autres contextes en l’utilisant plusieurs fois: « On est costaud quand on transporte une grosse roche. Les superhéros sont costauds. Qui est le plus costaud, Batman ou Spiderman? » « et Papa, il est costaud ou pas costaud? ».
- On invite l’enfant à répéter le mot en lui demandant de le dire avec nous, mais sans l’obliger.
3. Développer l’habileté à faire des inférences
Faire des inférences signifie comprendre ce qui n’est pas explicite dans le texte. Pour aider l’enfant à faire des inférences, il faut en faire devant lui et de façon explicite. Pour expliquer une inférence, on commencera souvent notre phrases en disant « moi je pense que…. » et on pourra expliquer « pourquoi je pense ça ».
Concrètement :
- On fait une prédiction (ex. : « Moi je pense que le cochon va s’enfuir parce qu’il a très peur ».).
- On trouve une solution à un problème (ex. : « Moi je pense qu’il pourrait appeler un ami pour venir l’aider… »).
- On explique les émotions des personnages (ex. : « Moi je pense que le loup se sent fatigué parce qu’il a beaucoup couru »).
- On explique la cause en lien avec la conséquence (ex. : « Moi je pense que le cochon est allé chez son ami parce qu’il avait peur du loup...»).
Association positive
La lecture interactive enrichie permet de créer une association positive chez l’enfant envers la lecture, et donc une tendance naturelle à vouloir lire. Elle pose les bases nécessaires à l’acquisition de compétences plus élaborées pour la lecture et l’écriture. Le fait de partager un moment agréable avec son enfant tout en étant explicite sur les conventions à l’écrit, le vocabulaire littéraire et les inférences contribuent à augmenter ses chances de succès scolaire.
Bonne lecture interactive !
Référence : Pascal Lefebvre, Ph.D., orthophoniste et professeur agrégé au Programme d’orthophonie de l’Université Laurentienne. Formation «La lecture interactive enrichie : Lire des histoires au préscolaire pour préparer efficacement les enfants à lire et à écrire à l’école »