La réponse à cette question dépend certes d’une multitude de facteurs. Néanmoins, beaucoup de parents se demandent quel est l’écart d’âge idéal entre les enfants.
Il n’y a bien sûr pas de réponse universelle à cette question. Toutefois, il peut être intéressant d’envisager la question sur différents angles.
D’abord une question de santé
Tout d’abord, il y a des considérations de santé. Chaque maternité (grossesse, accouchement et allaitement) a un impact physiologique sur la mère. Des études ont conclu que l’écart d’âge idéal entre deux grossesses était de 18 mois à 5 ans. On a remarqué que le risque d'avoir un bébé prématuré augmente de 1,9 % pour chaque mois de moins que les 18 mois requis entre deux grossesses. Au-delà d'une période de 59 mois, les chances de mort prématurée progressent de 0,6 % par mois supplémentaire.
Pourquoi? La grossesse et l'allaitement puisent des nutriments provenant de la mère; être enceinte une nouvelle fois avant que les réserves ne soient renouvelées signifie plus de risques pour son bébé. Quant à un intervalle trop long entre deux grossesses, l’hypothèse est que le temps peut diminuer l'aptitude d'une femme à procréer et que certains facteurs diminuant la fertilité peuvent aussi entraîner un mauvais développement du fœtus.
Césarienne et grossesse difficile
Chez les femmes qui ont eu une césarienne, la cicatrice utérine sera plus fragile s’il n’y a pas un intervalle minimal d’environ 18 mois entre les grossesses. Autrement, on s’expose à un risque accru d’avoir une autre césarienne ou une rupture utérine. De plus, certaines grossesses peuvent être difficiles et peuvent même exiger le repos complet de la mère. Dans de telles circonstances, il est préférable de ne pas avoir à s’occuper d’un bébé qui nécessite encore beaucoup de soins, comme être porté ou allaité.
Et l’ainé?
Dans un autre ordre d’idées, il y a tout l’aspect psychologique de l’aîné(e) à prendre en compte. Les trois premières années sont extrêmement importantes pour le développement affectif de l’enfant. Donc, le fait d’attendre au moins trois ans permet à l’aîné(e) d’avoir déjà une place définie dans la famille et être rassuré sur l’amour de ses parents. Ceci rend plus facile l’acceptation de l’arrivée d’un autre enfant et minimise la rivalité fraternelle. À partir de 4 ans, il est fréquent que l’enfant exprime le désir d’avoir une petite sœur ou un petit frère. L’arrivée d’un nouveau-né est alors source d’implication et de valorisation pour l’enfant.
Lorsque, au contraire, deux enfants sont d’âge rapproché, l’arrivée d’un nouveau membre de la famille peut sembler menaçante et être à l’origine de jalousie et de comportements réactionnaires : régressions, crises, violence envers le cadet. Bien que ces manifestations soient passagères, elles n’en demeurent pas moins difficiles à vivre pour toute la famille. À la lumière de ces considérations, plusieurs psychologues affirment que l’écart idéal se situerait donc quelque part entre 3 et 7 ans, intervalle nécessaire pour que l’arrivée d’un nouvel enfant soit un événement perçu positivement.
Et les parents dans tout ça?
Il faut également songer aux exigences d’être parent, telles que la charge de travail et l’implication dans l’éducation des enfants. Un enfant de moins de trois ans exige beaucoup de temps, de disponibilité et de patience. Le parent doit l’accompagner activement dans ses apprentissages tels que le langage et la propreté. Il est possible aussi qu’il y ait encore longtemps des nuits difficiles à cause d’une poussée dentaire, de cauchemars, de pipi au lit ou de petites maladies provenant de la garderie.
Lorsqu’il y a deux enfants rapprochés, les parents peuvent se sentir très fatigués et, par le fait même, irritables et impatients. Tandis que lorsqu’il y a un écart d’âge plus important, les parents ont le temps de refaire le plein d’énergie et de pleinement en profiter, sans compter que l’aîné(e) peut donner un coup de main.
De plus, comme couple, il est important de se préserver des moments de qualité et d’intimité. L’arrivée d’un nouvel enfant amène de gros changements dans la vie de couple et une période d’adaptation est nécessaire. Parfois, le fait d’avoir des enfants trop rapprochés peut venir gruger dans le temps et l’énergie qu’un couple est capable de se consacrer, amenant ainsi les amants à se perdre de vue. Remarquez que ceci est vrai aussi dans les cas où on consacre notre énergie ailleurs comme une carrière très exigeante.
Faites le point dans votre propre réalité
Toutes ces considérations doivent évidemment être relativisées avec la réalité de chaque famille. Il n’y a pas de recette magique et chaque enfant, comme chaque parent, réagit à sa manière et s’adapte à sa façon. Certains parents seront submergés avec un enfant tandis que d’autres seront encore pleins d’énergie avec quatre enfants rapprochés. De plus, l’âge des parents, les exigences économiques et professionnelles, le soutien social, le sens de l’organisation, le nombre d’enfants souhaités… plein d’autres arguments viennent influencer la décision des parents. Sans oublier que la réalité fait en sorte que bien des grossesses surviennent plus tôt ou plus tard que prévu! L’écart idéal finalement, c’est celui qui répond le mieux au vécu de chacun.
Par Nicole Pino
