Orientation sexuelle
On entend par orientation sexuelle l’attirance sexuelle ou affective d’une personne, qui peut être envers des personnes du même sexe ou envers celles du sexe opposé. Contrairement à ce que l’on croit, il n’est pas nécessaire d’être actif sexuellement pour avoir une orientation sexuelle et, très tôt, un jeune peut ressentir du désir. Si cette attirance est dirigée vers les personnes du sexe opposé, on parle alors d’hétérosexualité : des filles attirées par des garçons, des garçons, par des filles.
Les personnes qui sont surtout attirées par les personnes du même sexe sont homosexuelles (gaies ou lesbiennes), alors que celles qui sont attirées par des personnes des deux sexes sont bisexuelles.
Si ces dénominations apparaissent claires, pour plusieurs raisons, il n’est pas toujours aussi aisé pour un enfant de s’y retrouver et de s’affirmer.
Le fameux placard
On fait souvent allusion au processus d’affirmation d’une identité homosexuelle par l’expression populaire « sortir du placard ». Cet éveil peut subvenir très tôt, ou plus tard, et s’amorce de différentes façons. Certains adolescents commenceront ainsi à avoir des fantasmes ou des rêves homosexuels. D’autres réaliseront qu’ils sont attirés par une personne de même sexe. Souvent, l’adolescent sera aux prises avec un sentiment d’exclusion : il se sentira alors différent des autres. Il arrive aussi que ce soit une expérience sexuelle qui confirme ses doutes.
À la suite de cette réalisation, certains adolescents ressentiront une confusion identitaire et un sentiment d’incertitude qui s’alimentent par la honte de son homosexualité. Le manque de connaissance, l’absence de modèles gais dans son quotidien et, par le fait même, le manque de communication avec des gens qui ressentent - ou auraient déjà ressenti - des émotions similaires aux siennes peuvent aussi participer à abattre l’adolescent. L’adolescence est déjà une période trouble, et les jeunes homosexuels ont, de plus, le défi de se forger une identité saine et solide, malgré les stéréotypes et les préjugés prévalant parfois dans notre société. On ne s’étonnera donc pas que plusieurs adolescents prennent un certain temps avant d’accepter leur orientation et, dans un deuxième temps, avant de l’admettre à leurs proches.
Y a-t-il des risques?
Le fait d’être gai ne s’associe à aucun enjeu médical particulier. Cependant, les jeunes homosexuels sont plus à risque de faire une dépression et, de ce fait, sont assujettis à la consommation d’alcool ou de drogue. De plus, on remarque un taux de suicide un peu plus élevé chez les jeunes gais.
Une fois adultes, plusieurs gais et lesbiennes décrivent leur adolescence comme une période au cours de laquelle ils se sont sentis isolés, honteux et effrayés qu’on découvre qu’ils étaient différents. Ces sentiments ont bien entendu des répercussions sur l’estime de soi et la formation identitaire.
Heureusement, les temps changent et, de façon générale, nous sommes plus ouverts à la différence. N’empêche, la discrimination envers les gais et lesbiennes, voire la violence verbale ou physique, est toujours présente et peut se manifester sous la forme de harcèlement ou d’intimidation, notamment à l’école. Il est important de se souvenir que presque tous ces enjeux négatifs découlent de la réprobation qu’affrontent ces jeunes et non pas de leur orientation même.
Est-il gai?
On vient de le voir : il peut être très difficile pour un adolescent d’annoncer son homosexualité à ses parents. Même s’il ne désire pas mentir à ceux-ci, il s’inquiète de leur réaction. Bien entendu, la peur de décevoir est omniprésente, tout comme la crainte d’être rejeté.
Même si vous soupçonnez que votre enfant est gai, il est préférable d’attendre que celui-ci soit prêt à s’ouvrir à vous. En effet, rien ne sert de le brusquer : les émotions qu’il ressent lui occasionnent déjà de la confusion. Bien sûr, vous pouvez l’encourager à se confier à travers, par exemple, la fiction (un film, une émission, une bande dessinée). L’important, c’est de lui faire comprendre que, peu importe son orientation sexuelle, vous l’aimez et l’acceptez.
Rien ne sert de forcer les choses. Si votre adolescent désire parler d’orientation sexuelle, soyez disponible et ouvert, mais ne lui imposez pas le sujet. Et, qu’il soit gai ou hétérosexuel, encouragez-le à bien s’informer au sujet de la santé sexuelle, que ce soit en parlant à un pédiatre ou un autre dispensateur de soins.
Comment réagir?
Nous sommes tous différents et chaque parent a sa propre manière de réagir. Après avoir appris l’homosexualité de leur enfant, certains parents traverseront les mêmes étapes que celles associées à un deuil conventionnel. Cette réaction n’est pas « anormale » : tout parent qui voit son enfant prendre un chemin différent de ce qu’il aurait souhaité pour lui doit passer par là. Après le choc initial s’ensuit, souvent, une foule d’émotions contradictoires qui mèneront, peu à peu, à l’ouverture. C’est au court de cette forme d’adaptation que le parent cherchera à comprendre la réalité de son enfant pour, finalement, en arriver à la tolérance et l’acceptation. Ce processus peut s’échelonner sur plusieurs années.
Pour d’autres, cette « sortie du placard » est plutôt synonyme de libération, comme en témoignait cette mère à Gai Écoute : « À partir du moment où mon fils a fait son coming-out, je l’ai vu se transformer sous mes yeux. Lui qui était plutôt solitaire et taciturne s’est mis à nous parler plus ouvertement à son père et à moi, à avoir des activités sociales. Le coming-out de mon fils a marqué le moment où il s’est tellement épanoui que nous avons eu l’impression non pas de perdre notre fils, mais plutôt de le découvrir ».