À mesure que les enfants grandissent, la cour se fait de plus en plus petite. Ils ont envie de voir par-delà les frontières de leur maison et d’explorer le quartier avec leurs amis, ou en solo, mais assurément sans leurs parents! Ils parlent de faire le tour du bloc en vélo, d’aller chez un ami, de jouer dans la cour d’école après la classe… Même pour les mamans les moins anxieuses, cette période est plutôt stressante quand elle commence chez un enfant encore jeune. Dans notre tête de mère, le monde hors de notre champ de surveillance est immense… et dangereux!
On s’imagine tous les risques d’accident, les voitures qui vont vite, les étrangers mal intentionnés et on repousse ce moment où les enfants s’aventureront hors du nid le plus possible. Tout de même, éventuellement, il faudra bien se faire à l’idée et couper le cordon, mais quand et comment? Où est la ligne entre notre instinct maternel, leur besoin d’autonomie et la sécurité dont ils ont besoin?
À quel âge laisse-t-on sortir les enfants?
Nous avons déjà abordé la question des enfants qui jouent seuls dehors en expliquant que la sécurité des enfants qui marchent dans le quartier dépend de plusieurs facteurs. D’abord, la présence de grands boulevards, l’ambiance du quartier et les distances à parcourir avant d’atteindre des endroits habités sont autant de facteurs qui devront être pris en compte quand votre enfant demandera d’aller seul chez ses amis ou au parc.
Sa maturité est un autre élément qui change beaucoup la donne en matière de sécurité. Si votre enfant est turbulent, qu’il aime les émotions fortes et que vous vivez à proximité d’un cours d’eau, les risques ne sont pas les mêmes que si vous avez un enfant réservé et que vous habitez dans un quartier tranquille en banlieue à quelques minutes de marche du parc où votre enfant veut rejoindre ses amis.
On dit que l’âge de raison, qui se situe quelque part entre le sixième anniversaire de votre enfant et sa puberté, est le moment qui détermine quand les conversations au sujet de la sécurité auront un impact réel sur votre enfant. C’est donc à vous, les parents, de jauger l’autonomie de votre enfant en quête de liberté et de déterminer ce que votre enfant peut commencer par faire.
Des outils pour la sécurité des enfants
Beaucoup de parents le soulignent, quand nous étions jeunes, nos parents nous laissaient sortir à peu près sans surveillance et nous ne nous en sommes pas trop mal sortis. Par contre, à l’époque, presque tous les parents le faisaient. Ce qui veut dire qu’il y avait beaucoup d’enfants à l’extérieur à veiller les un sur les autres et beaucoup de parents qui surveillaient tous les enfants sans en avoir l’air. Maintenant, avec nos petites familles, les enfants sont plus souvent avec leurs parents et cette dynamique d’autorégulation s’est peu à peu perdue, sauf peut-être dans quelques ruelles des quartiers plus familiaux de Montréal.
Ça ne veut pas dire que les enfants sont laissés à eux-mêmes, mais il faut maintenant prévoir un système et des modes de communication au cas où il arriverait quelque chose. Oui, il peut arriver un certain nombre de choses quand un enfant sort seul la première fois. Il peut se perdre en allant chez son ami et il peut se blesser au parc et avoir de la difficulté à revenir à la maison. Ce serait pure malchance, je vous l’accorde, mais c’est une possibilité.
Pour éviter que les problèmes s’aggravent, plusieurs solutions existent. Vous pouvez lui prêter l’un des téléphones cellulaires de la maison et espérer qu’il ne le perde pas dans le sable du parc. Vous pouvez organiser des chaînes téléphoniques avec les parents des amis avec qui ils iront au parc pour vous assurer que vos enfants sont arrivés à bon port ou utiliser un walkie-talkie.
Cette dernière option peut être d’une simplicité merveilleuse si votre enfant participe bien. Premièrement, certains walkies-talkies ont une bonne portée qui pourra déterminer la distance que votre enfant a le droit de parcourir. Les walkies-talkies ont aussi l’air de jouets, bien plus que d’un outil de surveillance. Votre enfant sera donc plus enclin à s’en servir jusqu’à ce qu’il soit plus à l’aise dans le voisinage et qu’il n’ait plus besoin de votre surveillance du tout. Pensez à bien établir les règles d’utilisation : par exemple, il vous avise dès qu’il est rendu à destination et quand il reprend le chemin de la maison, s’il rencontre quelqu’un, s’il rentre dans la maison d’un ami, etc.
La liberté se gagne… et se perd
À mesure que votre enfant négocie de nouveaux trajets, de nouvelles distances et de nouvelles heures de retour, n’hésitez pas à lui rappeler que la liberté se mérite. S’il écoute de moins en moins vos instructions ou qu’il se met en danger d’une manière ou d’une autre, il perdra ses privilèges. Comme vous avez besoin de son aide et de son autonomie pour déterminer la liberté qu’il est en mesure de gérer, il doit aussi comprendre que vous ne pourrez plus lui en donner autant s’il ne travaille pas main dans la main avec vous.
Soyez une équipe : développez son autonomie, un pas à la fois, et vous verrez que très bientôt, vous n’aurez plus aussi peur et vous gagnerez un peu en liberté, vous aussi.