Maladie ou astuce?
Il est malade. Encore. Mal au ventre, aux oreilles, au cœur… Devriez-vous vous en faire, ou joue-t-il la comédie?
Les enfants peuvent être particulièrement doués pour feindre des petits maux et, naturellement, comme maman, vous avez souvent tendance à vous inquiéter.
Il est important de se souvenir que, lorsqu’un enfant est malade (véritablement malade), les symptômes ne se présentent pas seuls. S’il s’agit d’un mal réel, nécessitant une consultation ou des soins, il sera probablement accompagné, par exemple, de fièvre, de nausées, de faiblesse, de perte de l’appétit, de somnolence… Si ce n’est pas le cas, par exemple, le mal de ventre ou de tête, ou encore le bobo invisible fait irruption de manière soudaine; ou si cette affliction a tendance à revenir de manière récurrente avant de manger, d’aller au lit ou de partir pour la garderie ou l’école, il y a de fortes chances que votre enfant utilise ses fameux « maux » pour communiquer avec vous.
Petit malade imaginaire
Plus les enfants sont jeunes, plus ils se servent de leur corps pour s’exprimer. C’est normal : ils ne savent souvent pas comment mettre en paroles ce qu’ils ressentent. Il est donc important de les aider à trouver le vocabulaire pour s’exprimer plus clairement. Est-il anxieux, a-t-il peur, a-t-il de la peine?
Depuis quelque temps, Billie a toujours mal aux jambes avant d’aller à la garderie. Ce que Billie veut dire, c’est qu’elle souhaite rester à la maison. Est-ce que quelque chose a changé au service de garde : est-elle dans un nouveau groupe, avec une nouvelle éducatrice? Ou peut-être que maman reste à la maison avec le petit frère ou la petite sœur? Ce que Billie désire donc, c’est tout simplement un peu plus de temps avec sa mère. Ses jambes n’ont rien.
Dans le même ordre d’idée, il arrive qu’un enfant exagère certaines situations. Comme Maxime, qui se met à pleurer dès que sa sœur le touche sous prétexte qu’elle lui aurait fait mal. Maxime cherche à faire réagir ses parents. Peut-être a-t-il remarqué que, lorsqu’il a mal, il a soudainement plus d’attention. Ses parents pourraient alors lui expliquer qu’il n’a pas besoin de faire semblant d’avoir mal, pour avoir des câlins : il n’a qu’à le demander. Ultimement, un enfant doit apprendre à recevoir de l’attention plutôt que de chercher à l’attirer. Vous pouvez donc l’aider à se défaire de cette mauvaise habitude en lui prodiguant des marques d’attention positive et d’affection tout au long de la journée.
Imitation
Votre enfant a toujours un bobo quelque part, il se plaint sans cesse? Avez-vous déjà pensé qu’il vous imitait peut-être? En effet, s’il vous entend souvent vous plaindre d’un mal de tête, il est fort possible qu’il se plaigne à son tour de souffrir de maux de tête. Lorsqu’elle était enceinte, Rachel avait beaucoup de nausées. Naturellement, elle verbalisait son mal, mais il lui est aussi arrivé d’être malade devant son fils de trois ans. Étrangement, lui aussi s’est alors mis à avoir des maux de cœur. Il allait jusqu’à faire semblant de vomir, au-dessus de la toilette! C’était sa façon de dire à sa mère qu’il voulait être avec elle : il voulait l’accompagner, être malade avec elle. Pour l’intégrer, Rachel aurait pu jouer avec lui au docteur, lui demander de lui préparer un remède miracle qui l’aurait aidé à se sentir mieux.
Somatisation
Un malaise peut être le reflet de l’insécurité de votre enfant. Ce n’est pas parce que le médecin ne trouve pas de cause physique au mal que celui-ci est absolument faux. Il se peut en effet que votre enfant souffre de ce qu’on appelle la somatisation. Par exemple, un enfant peut angoisser à l’idée de parler devant la classe (comme un adulte, d’ailleurs). Ce qu’il ressent est nouveau pour lui et il est possible qu’il ne fasse pas le lien entre l’exposé oral et ses crampes abdominales. Posez-lui des questions. À force d’en parler, vous arriverez, ensemble, à mettre le doigt sur le véritable bobo.
Il arrive qu’une nouvelle situation provoque de l’anxiété chez un enfant. Un déménagement, une séparation, un début d’année scolaire… Il ne faut pas négliger la plainte sous prétexte que c’est « toujours du cinéma ». Si les maux de votre enfant sont créés par de l’anxiété, il aura besoin d’être rassuré par vous. Il est important d’en parler : un simple mal de ventre peut cacher quelque chose de plus gros, comme de l’intimidation à l’école.
Grand prix d’interprétation
Bien sûr, d’autres enfants développent des symptômes imaginaires simplement pour obtenir de l’attention ou pour échapper à une tâche désagréable : par exemple, au moment d’aller ranger sa chambre, Zachary ne se sent plus très bien. Pas besoin d’en parler de midi à quatorze heures : Zachary tente clairement d’échapper à la corvée.
Jolène, deux ans et demi, a toujours mal au cœur à l’heure du repas. Non seulement elle pleurniche, mais, une fois la nourriture dans sa bouche, elle est prise de nausées et elle n’arrive pas à avaler. Étrangement, elle n’a aucun problème à manger le dessert!
Bien sûr, ces situations peuvent être dérangeantes, voire enrageantes, surtout lorsqu’elles commencent à faire partie du quotidien. Si l’enfant agit de la sorte, c’est probablement parce que cette stratégie a déjà payé dans le passé. Le mieux, donc, est de ne pas céder. Par exemple, si Zachary prétend se sentir mal, il devrait aller se coucher : c’est ce que l’on fait, lorsqu’on est malade, non? Lorsqu’il sera mieux, il pourra finir le ménage. Quant à la maman de Jolène, elle peut se consoler : une foule d’autres mamans ont vécu des situations semblables (et ont développé quelques astuces pour faire manger leur enfant!)
L’important, c’est de tracer une ligne claire. Lorsqu’elle a un cauchemar, Élodie vient rejoindre papa et maman dans leur lit. Ça ne serait pas un problème, si Élodie ne faisait pas de cauchemars chaque nuit. Élodie a fait 1+1 : un mauvais rêve signifie dormir dans le lit de ses parents. Mais ce qui, à priori, s’avérait mignon se révèle, au final, cauchemardesque! Élodie doit apprendre à dormir seule : ses parents sont tout près (et eux aussi ont besoin de sommeil!) Ils doivent apprendre à dire non.
Il était une fois…
Vous connaissez l’histoire du petit garçon qui hurlait au loup? Cette fable d’Ésope date peut-être de l’antiquité, pourtant, elle est toujours d’actualité. À force de se plaindre pour des maux qui n’existent pas, les gens qui nous entourent cessent de nous prendre au sérieux. Expliquez à votre enfant les conséquences de ses gestes : vous n’arrivez plus à savoir lorsqu’il dit la vérité, si bien que, le jour où il sera vraiment malade, vous ne le croirez peut-être pas. Et comme les morales se transmettent tellement bien par le biais de la fiction, n’hésitez pas à revisiter ce classique.
Le Garçon qui criait : « Au loup! », Jeanne Willis et Tony Ross, Gallimard, ISBN 9782070627516, 8,95 $