Selon diverses études, la probabilité qu’une personne soit infidèle au moins une fois au cours d’une relation de couple varie de 40 à 76 % selon les circonstances. « C’est très élevé, reconnait Geneviève Beaulieu-Pelletier, doctorante au Département de psychologie. Ces taux montrent que, même si l’on croit se marier pour le meilleur et pour le pire, les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait. Ce qui m’intéresse dans l’infidélité, c’est de savoir pourquoi les conjoints en arrivent là bien que ce comportement soit extrêmement dommageable pour eux-mêmes et pour le couple. »
L’étudiante a voulu savoir si le type d’attachement d’une personne avec ses proches peut être lié à ce désir d’aventures extraconjugales. « L’attachement affectif que nous témoignons aux autres est marqué par les soins parentaux reçus durant l’enfance et à partir desquels se construit le modèle de nos relations », explique-t-elle.
Des carences dans les soins parentaux peuvent mener à un attachement de type anxieux caractérisé par un désir de protection si les parents sont trop contrôlants ou angoissés dans leurs relations. À l’inverse, des rapports trop froids ou distants émotionnellement pourront induire un attachement évitant marqué par un inconfort dans les relations de proximité.
Selon les psychologues, un individu dont l’attachement est évitant est plus susceptible de multiplier les expériences sexuelles et d’être infidèle. Mais cela n’avait jamais été démontré empiriquement, indépendamment du degré de satisfaction sexuelle des personnes concernées. C’est ce qu’a voulu faire Geneviève Beaulieu-Pelletier dans une série de quatre études.
La première étude démontre que 68 % des étudiants ont déjà pensé tromper leur partenaire et que 41 % l’ont fait. Une deuxième étude a donné des résultats comparables à la première bien que les taux d’infidélité soient plus bas : 54 % des adultes ont pensé tromper leur partenaire et 39 % sont passés à l’acte. Mais la corrélation est la même : plus on est évitant, plus on est porté à « aller voir ailleurs ». « L’infidélité pourrait être une stratégie de régulation émotionnelle chez les personnes dont l’attachement est évitant, estime l’étudiante. Ce comportement permet d’éviter la peur de l’engagement, de s’éloigner de l’autre, de préserver son espace de liberté et de quitter l’autre avant d’être laissé. »
Cette observation est étayée par deux autres études où la chercheuse a demandé aux répondants quels étaient les motifs de leur infidélité. La volonté de se distancier du désir d’engagement manifesté par le ou la partenaire est apparue comme la principale raison.
Vous pouvez consulter le texte complet sur le site de l’Université de Montréal.