Je suis snob à un point tel que – même en mettant au monde 3 garçons – jamais, au grand jamais, la perspective de passer mon samedi dans un aréna congelé n’avait effleuré mon esprit. Non. Mes garçons feraient de la peinture, de la musique et que sais-je d’autre, mais pas de hockey.
La vie étant la vie, je passe donc mes mardis et mes mercredis soir au hockey, en plus de mes samedis et mes dimanches matin. J’ai dû apprendre les règles – nombreuses et complexes, ma foi – comprendre comment m’habiller afin d’éviter l’hypothermie et, surtout, accepter qu’il me soit désormais interdit d’embrasser fiston devant les autres gars de l’équipe. Tout ça, malgré mon côté snobinard, j’ai pu m’y faire. J’avoue également sans rougir que, parfois, j’ai le cœur qui palpite lorsque la rondelle passe proche du filet adverse.
Le parent intense
La seule chose à laquelle je suis incapable de m’habituer, c’est à ce parent vraiment intense qui hurle des consignes à son enfant sur la glace et qui critique toutes, mais systématiquement, toutes les décisions de l’entraîneur.
Je ne sais pas, c’est peut-être parce que je suis snob. Cela dit, je trouve que de crier des mots durs et des consignes à s’en péter les cordes vocales, d’un bord à l’autre de la glace, ça manque de… civisme.
Garde tes gros yeux derrière tes lunettes
Debout derrière son banc, le parent intempestif fait, aussi et souvent, des gros yeux à son enfant. Enfant qui, bien entendu, jette des regards furtifs dans le coin de sa parenté et qui ne manque aucun des regards durs. Obligatoirement, l’enfant du parent émotivement trop impliqué se met à faire des bourdes.
Après la partie, les enfants vidés, détrempés et heureux rejoignent leurs fiers supporteurs. Sauf l’enfant du parent intense. Non, lui, il préfère lambiner et, lorsqu’il sort enfin de la chambre des joueurs, il se fait accueillir par un sec: «Ouain, c’était pas ta meilleure game!» Et il se fait illico pointer ses mauvais coups. Charmant.
Puis, d’une partie à l’autre, cet enfant s’éteint. La petite flamme, l’amour du jeu, s’éteint. Il joue pour faire plaisir et non pour le plaisir. C’est triste.
Un but, 4 piastres
Il y a aussi ce parent qui paie son enfant pour marquer des buts. Si l’un des coéquipiers de fiston ne m’en avait pas fait la confidence, je ne l’aurais jamais cru. Voilà peut-être ce qui explique pourquoi ce joueur ne fait JAMAIS de passes. Il joue pour sa poche. Et vlan! Un peu de plomb dans l’aile de l’esprit d’équipe.
Après les matchs, le parent ultra-intense se permet même de crier des bêtises à l’entraîneur et de lui manquer de respect… devant tout le monde. Remarquez, même en privé, ce serait inacceptable, mais en plus, devant les enfants? Come on!
Une chance, je suis snob
Comme je disais, c’est peut-être parce que je suis snob. Peut-être que les racines de mon éducation très stricte me prennent la tête mais, en tant que parent, ne devons-nous pas montrer l’exemple? Il me semble que c’est bien d’avoir le hockey à cœur mais que, avant toute autre chose, il faut avoir du cœur pour son enfant. Le hockey, ce n’est qu’un jeu et, c’est valide pour tous les autres sports. Les enfants ont le droit de franchir les marches du succès, une à la fois, dans la bonne humeur.
Heureusement, je suis une snob. Sinon, dans les estrades, tu m’entendrais crier au parent intense: calme-toi, c’est juste du hockey!