On sent la chaleur monter à nos joues et les larmes à nos yeux.
On s’éloigne ou on explose?
Il y a ces jours où, quand on se compare, on se console. On se dit que nos problèmes sont assez mineurs, qu’ils vont se dissiper sans faire trop de dégâts puis qu’on a qu’a prendre une grande respiration et se rappeler toutes les bonnes et belles choses dans notre vie. Puis il y a ces jours où rien ne nous console. Ces jours où nos problèmes, petits ou grands, sont à nos yeux gigantesques et dramatiques. Peu importe le nombre de respirations, on sait ce qui s’en vient: l’explosion.
Depuis ma séparation, j’observe beaucoup les autres parents. J’ai développer une certaine fascination pour ce duo de parents que je n’ai vécu que 6 mois avec le père de mon enfant. Je suis fascinée par la facilité de certains couples à se comprendre et à s’entraider. Je suis tout autant fascinée par ces parents qui semblent vivent sur deux planètes différentes. Après mes années d’observation, il y a des points que j’envie à ces duos et d’autres points qui ne me manquent pas du tout, mais un aspect, jour après jour me manque: je nomme la “tag”.
La “tag”
La “tag” se fait de plusieurs façons: un regard, des doigts pointés vers une situation exaspérante, un grincement des dents et ultiment, l’éloignement physique de la situation. Chaque duo de parents, à sa façon, laisse savoir à son partenaire qu’il est temps pour une pause. La “tag” se fait et la relève est prise.
Dans ma situation, en tant que maman monoparentale à temps plein, (oui, j’ai mon enfant à tous les jours, tous les mois et toute l’année) durant ces moments je ne peux pas jouer a la “tag”. Personne ne voit les signes, n’entend le désespoir ou même la panique qui s’empare. Personne n’entend crépiter le bâton de dynamite. J’ai donc deux choix: j’explose ou j’implose.
Exploser ou ne pas exploser
Certaines explosions sont inévitables, le temps de vous en rendre compte, il est déjà trop tard. Vous avez perdu votre calme, criez un peu trop fort, tirez un peu trop brusquement ou accusez votre enfant d’un acte qui n’était pas le sien. Ces moments, aussi difficiles soient-il à nous pardonner nous-même, sont vites oublier par nos enfants. Ils réagissent, pleurent et crient. On s’excuse, s’explique et les cajole. Puis il y a ces explosions qu’on voit venir, celles qui ruminent doucement. On les sent venir et ainsi on peut contrôler comment on va les gérer.
Je me souviendrai toujours, quand mon fils est venu au monde, on me disait toujours: assure-toi qu’il est en sécurité puis quand tu sens que tu va exploser, éloigne-toi. Cette phrase, je me la répète presqu’à tous les jours depuis maintenant 3 ans. C’est cette phrase qui me permet d’exploser en cachette. Que ce soit pendant que mon fils fait le bacon au beau milieu de la pharmacie, qu’il refuse de s’habiller un matin pressé ou bien pendant que la réceptionniste au cabinet du médecin me critique car j’ai oublié sa carte d’assurance maladie, je m’assure qu’il est en sécurité, que j’ai un oeil sur lui, puis je m’éloigne. Je m’éloigne pour crier dans un oreiller, frapper un toutou ou laisser couler une larme. J’implose pour ne pas exploser.
Ces trois années de monoparentalité m’ont apprise à imploser les drames, petits et grands. Imploser signifie pour moi exploser en cachette. Car que ce soit en cachette ou non, l’émotion doit sortir. Cette méthode s’est depuis appliquée à toutes les sphères de ma vie autant personnelle, professionnelle que familiale. La maternité m’a apprise à lâcher prise sur les choses que je ne contrôle mais surtout, de prendre en main les choses que je contrôle et que je vois venir. Avez-vous des trucs infaillibles quand vous sentez monter une tornade? Pratiquez-vous la “tag”?
Publicaiton initiale novembre 2019