Elle qui ne laisse jamais pleurer son petit de 2 ans venait de lire qu'il fallait rompre avec le cercle vicieux des essais d'endormissement et rester de marbre face aux pleurs de l'enfant pendant au moins 5 minutes, puis y aller et se retenir encore 10 minutes, y retourner et refaire la même chose pour les 15 minutes suivantes. Lola était catastrophée. Est-ce que je suis dans le champ cou'donc?
Comment s'y retrouver quand les avis se contredisent? Dans la somme d'informations sous laquelle nous sommes ensevelis chaque jour, faut-il prendre celles qui nous plaisent et laisser faire le reste? Bref, est-ce que tous les points de vue se valent ?
Lola, comme beaucoup de nouveaux parents, a l'estime parental fragile. Quand elle entend ou lit un avis contraire à sa manière de materner, elle a peur d'avoir tort. Ou de s'être trompée. Peut-être même d'être une mauvaise mère. On a toutes connu ces sentiments, plus d'une fois et à des intensités variables, qui peuvent atteindre un niveau angoissant!
C'est vrai que notre époque a dénaturé le concept de « vérité » en réduisant presque tout à des opinions. Puisque tout va très vite aujourd'hui, les idées et les résultats de recherche sont transmis sans les nuances qui leur donnent toute leur valeur! Comment rendre compte avec justesse des résultats complexes d'une recherche quand on a seulement 500 mots pour le faire? Et comment distinguer la valeur d'un avis compétent émis par une personne d'expérience et crédible, de l'opinion ignorante d'une autre? On nous propose tout sur le même pied et alors, ça devient vraiment difficile de les distinguer l'un de l'autre. Pourtant, toutes les opinions ne se valent pas, bien évidemment.
Notre culture mélange les affirmations et les informations, l'avis compétent et l'opinion.
Avant de m'emballer, quand un sujet me fait sourciller, avant de tout changer dans ma maison après avoir entendu quelque chose à la radio ou sur le web, je me demande d'où ça vient. Est-ce une source ou un média sérieux? Qu'est-ce qui me permet de croire que je peux leur faire confiance? Ensuite je me demande de qui ça vient. S'agit-il d'une remarque lancée par la grande gueule de service qui semble avoir une opinion sur tout; ou bien s'agit-il de quelqu'un qui a de l'expérience et une compétence avec un historique solide derrière elle?
Je sais bien qu'on a l'impression de respecter tout le monde quand on dit « Chacun a droit à son opinion ». Mais n'est-ce pas aussi dans l'espoir que personne n'invalidera notre opinion à nous, même si elle n'est pas tellement valable? Parfois c'est nous qui disons n'importe quoi avec les meilleurs intentions du monde! Toutes les opinions ne se valent pas, même si elles peuvent toutes être défendues.
L'avis de ma voisine sans enfant sur l'endormissement des petits a moins de valeur que celui d'une mère expérimentée. Ça ne veut pas dire que je doive adhérer d’emblée à l'avis de la mère expérimentée et changer toute mon organisation pour cela. Ça veut juste dire que je prendrai le temps de réfléchir à ce qu'elle dit parce qu'elle est crédible. Ensuite je me servirai de mon bon sens, de mes propres expériences et mes propres connaissances pour décider de ce que je fais avec ce qu'elle vient de dire.
Et je ne perdrai pas une seconde de mon précieux temps sur l'avis de ma voisine!