Quand il est revenu à la maison ce jour-là, sa mère lui a dit de continuer de pratiquer sur le terrain, derrière l’école, s’il voulait devenir meilleur. Le petit Jordan, comme beaucoup d’Afro-Américains, ne respirait que pour le basketball et puisqu’il voulait ab-so-lu-ment jouer au basket dans une équipe, il est retourné tous les jours sur le terrain de basket de l’école. Tout seul, tous les jours, jusqu’à l’heure du souper, puis encore deux heures après le souper.
Arrivé au college, à 16 ans, il a finalement été recruté pour le camp d’entraînement de la présaison. Quelle joie! Mais après la période d’essai, on l’a remercié gentiment et retourné chez lui.
Vous avez déjà vécu ça. Votre jeune de 8 ans n’a pas été repêché dans l’équipe du A qu’il convoitait tant. Ou son projet de science n’a pas été choisi pour l’Expo science régionale. Ou bien notre puce de quatre ans s’est plantée à vélo sans les petites roues. Comme nous sommes misérables devant la souffrance de nos enfants! Tous les parents du monde voudraient éviter la souffrance à leurs enfants. Mais il n’y a qu’en Amérique du Nord qu’ils croient que c’est leur devoir. Partout ailleurs, on sait que la peine, la déception et la douleur sont des maîtres formidables et que toutes ces difficultés alimentent le feu dans lequel se forge un être humain debout et fort.
Une chance que la mère de Michael Jordan n’était pas une Québécoise blanche! Quand l’ado de seize ans est revenu à la maison avec le sentiment que son rêve était brisé, sa mère ne lui a pas dit que ce n’était pas grave et qu’on trouverait autre chose qu’il aime. Sa mère ne lui a pas dit qu’elle irait parler à ce coach! Elle n’a pas été scandalisée que tant de travail ne soit pas récompensé.
Elle l’a regardé dans les yeux et lui a dit : alors, il faut que tu t’entraînes davantage, plus fort, pour devenir meilleur. C’est tout. Et c’est exactement ce qu’il a fait : travailler plus fort, pratiquer chaque jour pour progresser, repérer ses points faibles et les améliorer.
Le reste c’est de l’histoire, comme on dit. Il est devenu l’un des meilleurs joueurs de basketball de l’histoire!
Durant toute sa carrière, Jordan était le premier arrivé aux entraînements et le dernier à quitter le terrain. Et quand on lui demandait ce que ça faisait d’être un Dieu vivant pour tant de fans, il répondait invariablement qu’il travaillait fort pour s’améliorer.
La force de persévérer, de continuer d’apprendre et de progresser. C’est notre réponse aux écueils qu’ils rencontrent, qui transmet (ou non) cette force à nos enfants.
En entrevue, la veille d’un retour au jeu après cinq années de retraite, on lui a demandé s’il avait peur. Le travail fait disparaître la peur, a-t-il répondu.
Je ne sais pas combien de petits Québécois savent que le travail fait disparaître la peur?
Publication initiale août 2016