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Laisser les parents apprendre

Martine raconte que toute la parenté venait de passer au salon. Max, son bébé de quatre semaines, trônait dans les bras de grand-maman.

Au bout d’un petit moment, le petit se met à gigoter de plus en plus en chignant. Martine se lève pour le prendre des bras de sa belle-mère, en disant à voix haute qu’il est fatigué et qu’elle va l’endormir. Mais la grand-mère se détourne d’elle et déclare que ce bébé n’a pas l’air fatigué du tout. C’est le premier enfant de Martine et Fred, et la jeune mère n’est pas sûre d’elle. Elle hésite puis retourne s’assoir. Et personne ne se rend compte qu’on vient de la blesser profondément et de rendre encore plus difficile sa quête pour être la mère qu’elle peut être. La grand-mère ne se rend pas compte que Martine n’ira plus jamais vers elle pour obtenir de l’aide. Parce que personne n’aime se sentir incompétent.

Ce récit m’a replongé dans cette époque à la fois exaltante et si fragile de la première année avec mon premier bébé. Chaque geste ouvrait un sentier en friche pour l’instant : celui de mon mode de maternage. Ce chemin est unique à chaque femme. Et on y avance lentement, certaines avec beaucoup d’assurance, d’autres avec plus d’inquiétudes et beaucoup d’autres entre les deux.

À ce moment-là, notre concentration est totalement sur cet enfant. Comment il pleure, comment il bouge, la couleur et la texture de sa peau, les plis de ses cuisses; sa façon de téter et celle qu’il a d’attendre un peu avant de recommencer. Saviez-vous qu’on a démontré que les regards échangés entre un nouveau-né et sa mère créent une activité cognitive qui permet la transmission mutuelle de milliers d’informations? Ce sont ces informations qui leur permettent à tous deux de se connaître. N’est-ce pas tout simplement extraordinaire!

On le voit s’agiter de plus en plus et on sait qu’il est fatigué. Ou alors qu’il a faim. Ou alors qu’il a chaud. On se trompe rarement. Quand on atteint ce niveau de connaissance de notre bébé, on sent se déployer en nous un délicieux sentiment de compétence. L’anxiété diminue et le plaisir grandit… presque sans fin!

Mais les deux ou trois premiers mois qui précèdent sont si fragiles! Il ressemble au jardin d’avril dont la terre est si meuble et gorgée d’eau qu’il nous faut éviter de marcher dessus. Juste sous la surface, la tête des premières tiges est en train de se faire un chemin vers la lumière.

Nous sommes si nombreux à piétiner ce jardin naissant avec les meilleures intentions du monde.

Je me demande comment expliquer que toutes les personnes présentes ce soir-là ont laissé se produire cette catastrophe sans rien dire.

Être la mère ou le père d’un enfant ne ressemble à rien d’autre. C’est une œuvre délicate et si tous les parents du monde ont beaucoup de choses en commun, le chemin de parentage qui se creuse à l’intérieur de chacun et chacune de nous est unique. Il est fait de tout ce que nous sommes, le meilleur de nous et aussi le pire. Ce chemin finalement ne peut se tracer qu’à force d’essais et d’erreurs.

Ne sommes-nous pas tous responsables de protéger ce qui germe dans ces semaines si précieuses où les parents font la connaissance de leur enfant et vice versa? Pour protéger cet attachement et ce sentiment de compétence, naissants eux aussi.

En entendant Martine, j’ai d’abord songé que je n’aurais pas laissé faire la grand-mère. Et puis je me suis demandé combien de fois j’avais moi-même étalé mes connaissances et mes bonnes intentions, au lieu de garder le silence et reconnaître le courage d’une mère en train de se construire, et offrir la confiance dont elle a tant besoin.

France Paradis

Orthopédagogue, conférencière et formatrice en intervention psychosociale, France Paradis est une mère de famille profondément engagée dans sa communauté, et se définit comme une anthropologue du sens de la vie. Ce texte a d’abord été publié sur son blogue personnel. Vous pouvez suivre France Paradis sur Twitter et sur sa page Facebook.


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