L’enfant allaité reçoit tout au plus 1 % de la dose absorbée par la mère lorsque celle-ci prend un médicament par voie orale. L’arrêt de l’allaitement ou la recommandation de ne pas allaiter sont donc rarement justifiés, affirment les pharmaciennes Caroline Morin et Ema Ferreira, chercheuses au Centre de recherche du CHU Ste-Justine qui ont contribué à la préparation du Petit guide grossesse et allaitement.
Néanmoins, certains médicaments suscitent des inquiétudes et c’est pourquoi pour chaque patiente, le médecin et le pharmacien doivent tenir compte de plusieurs éléments avant de prononcer leur verdict.
Contre-indication : les facteurs en cause
- La dose ingérée par le bébé
Le médicament ne devrait pas produire d’effets indésirables si la quantité à laquelle est exposé l’enfant est inférieure à 10 % par rapport à la dose pédiatrique. Les pharmaciens déterminent cette quantité en tenant compte de différents facteurs, dont le poids de l’enfant. La dose pédiatrique correspond à la dose qu’on prescrirait à l’enfant si on devait lui administrer ce médicament.
- La capacité de l’organisme du bébé à maintenir certaines caractéristiques internes de son corps (comme la température)
- Le potentiel de toxicité du médicament
- L’âge du bébé
La grande partie des anticorps diffusés dans le lait maternel sont transmis au bébé au cours de la première phase de l’allaitement : comme le « flot de circulation » des différentes substances et nutriments provenant de l’organisme de la mère est alors plus dense, c’est aussi le moment où le bébé sera le plus exposé aux protéines provenant des médicaments consommés par la mère.
- Le nombre de boires et la quantité moyenne de lait que l’enfant boit
- La prématurité du bébé
- L’état de santé de la mère
- La fréquence de la prise du médicament chez la mère
Effets négatifs probables de l’alliage médicament-allaitement
La science a peu de données sur les effets secondaires à long terme de la médication chez la mère pour l’enfant allaité, car il est difficile de les recueillir, mentionne la pharmacienne Ema Ferreira, qui est également professeure de clinique à l’Université de Montréal.
On sait toutefois que certains médicaments interfèrent avec la sécrétion de lait, soit en réduisant la production ou l’éjection, ou au contraire en en augmentant la production.
Les autres réactions indésirables les plus courantes sont des troubles du comportement (léthargie, somnolence, irritabilité, pleurs incessants) et la perturbation de l’alimentation (succion insuffisante, troubles digestifs) avec ralentissement de la prise de poids, l’apparition d’éruptions cutanées et l’augmentation du risque d’infections.
La prise de médicaments chez la mère ne peut pas entraîner une dépendance chez l’enfant, sauf si la mère a consommé de la méthadone (un substitut d’héroïne pour les consommateurs qui sont en sevrage) pendant la grossesse : le bébé pourrait alors devoir être soumis à une période de sevrage de cette substance.
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- L’aspirine : elle doit toutefois être prise avec modération.
- L’ibuprofène (Advil par exemple) et les autres médicaments anti-inflammatoires
- Les analgésiques (Tylenol par exemple).
- Les antihistaminiques (contre les allergies) : la marque Claritin n’est pas contre-indiquée, mais il vaut mieux consulter son pharmacien avant de choisir une marque.
- Les antitussifs (sirops contre la toux et les maux de gorge).
- Les médicaments qui soulagent la congestion nasale : certains d’entre eux peuvent toutefois diminuer la quantité de lait.
- Les contraceptifs oraux : pris trop précocement après l’accouchement, ils peuvent diminuer la quantité de lait.
Les médicaments souvent ou parfois contre-indiqués
Antibiotiques : peu d’entre eux sont contre-indiqués et d’autres doivent être administrés avec précautions et un suivi du médecin.
Antidépresseurs : quelques-uns d’entre eux n’ont pratiquement aucun effet alors que certains autres nécessitent un suivi médical soutenu du bébé.
Lithium (pour les troubles bipolaires) : il ne devrait être considéré que chez les femmes fiables et stables et il faut être à l’affut des moindres signes de léthargie, de succion diminuée et d’hypotonie (diminution de la tonicité musculaire) chez le bébé.
Anticonvulsivants (anti-épileptiques) : certains d’entre eux entraînent une exposition faible pour le nourrisson, alors que d’autres peuvent entraîner une exposition modérée à élevée.
Antihistaminiques : seulement certaines marques.
Sédatifs et somnifères : pris en dose suffisamment forte, certains d’entre eux peuvent causer de la somnolence chez le bébé.
Bêtabloquants (pour les problèmes cardiaques) : certains sont jugés compatibles avec l’allaitement alors que d’autres suscitent des inquiétudes.
Anticancéreux : ils sont généralement contre-indiqués.
Narcotiques : ils sont généralement contre-indiqués.
Mal de gorge et allaitement - Allaiter sous médication : les mises en garde
Ne faites pas de l’automédication; consultez votre médecin ou votre pharmacien et évitez les associations médicamenteuses.
Votre médecin ne devrait vous traiter que lorsque c’est absolument nécessaire et éviter en particulier de vous prescrire des médicaments « de confort ».
Prenez le médicament juste après une tétée ou aménagez l’horaire des tétées de façon à ce que l’enfant ne tète pas alors que le médicament se trouve dans les « pics » de son effet.
Les mères de bébés prématurés devraient redoubler de vigilance.