Votre modèle
Lorsque papa n’aime pas le poisson et qu’il le dit à table devant ses enfants, il y a peu de chances pour que fiston et fillette se réjouissent devant un filet de saumon ou de turbot. Si au contraire, il manifeste son appréciation, ses enfants seront plus enclins à apprécier le repas. Un enfant se familiarise avec les aliments que son père et sa mère lui offrent au fil des jours, et il apprend à les aimer surtout quand c’est fait dans un contexte positif. Les parents influencent non seulement la « palette alimentaire » de leur progéniture, mais aussi leurs comportements alimentaires. Et ça va bien au-delà de la vitesse à laquelle ils mangent ou le fait de manger devant la télé…
À bat les régimes!
Lorsque les aliments sont une source de frustration pour une mère au régime et que le poids est pour elle une préoccupation constante, les enfants enregistrent ce message. Comment alors espérer qu’ils développent le plaisir de manger? Selon des recherches, il existe une relation entre le surpoids des enfants et la tendance des parents à se restreindre ou au contraire, à manger sans savoir s’arrêter. Les chercheurs y voient deux explications.
Un effet direct : les enfants observent ces comportements alimentaires non souhaitables et les acquièrent.
Un effet indirect : devant ces comportements, les enfants ont tendance à perdre leur aptitude innée à réguler leur apport alimentaire.
Laissez-les s’écouter
Nos petits naissent avec la capacité d’écouter leurs signaux de faim et de satiété : un bébé boit quand il a faim et cesse quand il est rassasié. S’alimenter est pour lui un instinct… jusqu’à ce qu’il subisse trop d’influence de l’extérieur. Les pressions à manger, tout comme le contrôle et les restrictions que subit un enfant, peuvent conduire au surpoids ou à des problèmes de comportements alimentaires en l’obligeant à ignorer les messages de son corps.
Liste noire
Les enfants sont comme des éponges; ils absorbent tout ce qu’on leur donne en termes d’informations, même ce qu’on ne souhaite pas leur transmettre! En tant que parents, nous sommes tentés d’utiliser toutes sortes d’arguments pour que nos enfants mangent bien. Ce faisant, nous n’avons que de bonnes intentions, mais nos gestes et nos paroles ont parfois des conséquences insoupçonnées. Ils peuvent même entraîner les résultats que l’on souhaitait justement éviter. Voici des phrases et des attitudes à proscrire.
Consoler, calmer
Apaiser la colère, mettre fin à une crise, sortir de l’ennui, faire oublier la tristesse ou la douleur en donnant à manger conditionne l’enfant à utiliser la nourriture comme solution à tous ses maux.
Jouer avec leurs cordes sensibles
« Bravo, tu as tout mangé », « fais-moi plaisir et mange ».
Votre enfant vous aime et veut vous plaire. Cela dit, il ne doit pas en venir à croire que votre amour est conditionnel à un comportement alimentaire de sa part, car cela agirait comme une énorme interférence au moment d’écouter ses signaux internes de faim et de satiété indispensables pour bien combler ses besoins.
Culpabiliser
« Il y a des petits enfants pauvres qui meurent de faim, et toi, tu ne finis même pas ton assiette! » Les enfants ne sont pas responsables de la faim dans le monde! Autre exemple de culpabilisation : « Il ne faut pas gaspiller d’aliments. » Pourtant, le gâchis est bien plus grand si l’enfant apprend à vider son assiette coûte que coûte… surtout à l’ère des portions gargantuesques.
Restreindre ou interdire
Les enfants qui se sentent privés deviennent préoccupés par les aliments. Ils mangent dès qu’ils en ont l’occasion – parfois en cachette –, et ce, souvent plus qu’ils en ont besoin. Les interdits alimentent le désir. Quand les croustilles, les friandises, la crème glacée et d’autres aliments gâteries ne sont jamais permis, les enfants sont portés à se gaver aussitôt qu’ils y ont accès. Si, au contraire, ces aliments sont disponibles de temps à autre, les enfants comprennent qu’ils n’ont pas à faire de réserve, car l’occasion d’en manger se représentera.
Insister
Les enfants que l’on force à manger y perdent goût et mangent moins, sans compter le climat désagréable qui s’installe à l’heure des repas. Forcer un enfant à manger peut avoir comme conséquence qu’il ne s’alimente plus pour combler ses besoins, mais pour être obéissant… ou bien qu’il refuse pour avoir le dernier mot ou pour vous défier.
Les enfants résistent naturellement à la nouveauté. Il faut jusqu’à vingt occasions avant qu’ils daignent goûter à ce « légume bizarre », et probablement encore plus pour l’apprécier. Continuez tout de même de leur présenter des aliments nouveaux, et leur registre alimentaire s’élargira progressivement. Soyez patiente.
Punir ou récompenser
« Finis ton assiette si tu veux du dessert. »
Le message ainsi véhiculé sous-entend que le repas principal est une obligation, un obstacle et que le dessert est un privilège, une récompense. Il enseigne à l’enfant à repousser les limites de sa faim et à ignorer ses signaux internes de satiété pour ne pas manquer le « meilleur ».
Accordez autant d’intérêt et de plaisir au repas principal qu’au dessert. De même, évitez de donner des friandises en guise de récompense pour un devoir bien fait, une nuit sans pipi au lit ou tout autre comportement digne de mention. Soulignez ses efforts et ses réussites par des moyens non alimentaires.
Remplacer
Donner à manger à son enfant plutôt que de jouer avec lui, lui laisser des croustilles, du chocolat ou des boissons gazeuses en guise de compensation quand on s’absente sont des comportements qui peuvent créer un réflexe de manger par ennui.
Faire la morale
Un enfant ne mange pas un aliment parce qu’il est bon pour lui, il le mange parce qu’il en apprécie le goût. Il apprend à aimer ce qui lui est offert régulièrement et ce qu’il vous voit manger avec appétit. Donc, plutôt que de dire « mange ton brocoli, c’est plein de vitamines » ou « mange ton tofu, c’est bon pour la santé », dites « goûte tes légumes comme ils sont bons », ou « miam! du bon tofu » (soyez convaincante!).
À retenir
Utilisez les aliments pour nourrir votre enfant, pas pour d’autres raisons.
Le plaisir
Prenez plaisir à bien manger, ce sera contagieux. Le fait d’être un modèle pour son enfant est plus efficace pour améliorer son alimentation que toute tentative de contrôler ce qu’il mange. Bien que la fonction principale des aliments soit de nous nourrir, la notion de plaisir est compatible, voire essentielle, à une saine alimentation et à une bonne santé.