La Dre Liane Fransblow est traumatologue et coordonnatrice du programme de prévention des blessures à l’Hôpital de Montréal pour enfants. « Depuis cinq ans, environ 100 enfants se présentent à l’urgence annuellement pour des blessures causées par des jouets, souligne-t-elle. On peut penser que la situation est similaire à l’hôpital Sainte-Justine, même si nous n’avons pas leurs statistiques. On peut donc facilement doubler ce chiffre. » À noter que cela n’inclut pas les urgences de tous les autres hôpitaux du Québec…
En ce jour de Black Friday (ou Vendredi Fou au Québec), alors que les ventes de jouets explosent, l’experte a voulu rappeler qu’il est primordial d’acheter les jouets adaptés à l’âge des enfants. Ce serait là l’un des principaux problèmes, selon la Dre Fransblow. « Généralement, les âges indiqués sur la boîte du fabricant sont les bons âges à respecter, dit-elle. En cas de doute, je recommande aux parents d’essayer de glisser les pièces du jouet dans un rouleau de papier de toilette. Si elles y entrent, c’est qu’elles sont trop petites pour les enfants en bas âge ».
Il ne faut pas oublier que les enfants entre 6-9 mois et 2 ans (parfois même jusqu’à 3 ans) ont tendance à tout porter à leur bouche.
Des chiffres inquiétants
Nombre d’enfants qui se présentent chaque année à l’urgence pour des blessures causés par des jouets
- 0-2 ans : une centaine d’enfants
- 3-4 ans : environ 50 enfants
- 5-6 ans : environ 25 enfants
- 7-9 ans : environ 15 enfants
Source : Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes
Peluches et petites voitures
Les peluches sont particulièrement à vérifier. Pourquoi? Parce que les parents n’ont pas tendance à se méfier des toutous, et pourtant… « Parfois, les yeux, le nez ou d’autres petites parties de la peluche sont mal fixés », explique Dre Liane Fransblow.
Même chose pour les petites voitures dont les roues peuvent être facilement détachables… surtout s’il s’agit de « vieilles » petites autos! Donc oui aux échanges et aux réutilisations de jouets – mais des vérifications s’imposent afin d’éviter les étouffements chez les tout-petits.
Batteries et aimants
Tous les jouets qui contiennent des batteries « boutons » (c’est-à-dire les petites batteries de 20 mm de diamètre, utilisées entre autres dans certaines cartes de souhait, livres d’éveil, jouets, montres, etc.) doivent être minutieusement inspectées. « Le jouet doit être fabriqué de façon à ce qu’elles ne soient pas être facilement accessibles, souligne la médecin. Par exemple, il est préférable de n’y avoir accès qu’avec un tournevis et non par une petite porte amovible ».
Une batterie de type bouton avalée peut causer des brûlures internes sérieuses. « Au moindre doute, on doit absolument se présenter à l’urgence dans les deux heures suivant l’ingestion », insiste Dre Liane Fransblow.
Un autre danger insoupçonné : les aimants, plus particulièrement ceux qui sont très petits et très puissants. « On ne parle pas de simples aimants de frigo, précise la médecin. Ce sont des aimants très particuliers, dont la vente est interdite au Canada mais permise aux États-Unis ». Ces aimants, qui peuvent ressembler à des bijoux et être très attirants pour les petits, peuvent eux aussi représenter un danger : s’ils sont avalés, ils peuvent causer des dommages aux intestins et à la circulation sanguine, entre autres.
Symptômes et gestes à poser
Voici les symptômes à surveiller, selon Dre Fransblow.
- Vomissements
- Diarrhée
- Maux de ventre/d’estomac
- Maux de gorge, sensation de suffocation, étouffements
En cas d’ingestion, on peut tenter de retirer l’objet, avec un doigt, mais il faut éviter d’insister : « Le risque est de pousser l’objet encore plus loin dans la gorge », dit l’experte. On appelle le 911 rapidement.
La traumatologue insiste à nouveau sur le fait qu’en cas de doute sur l’ingestion d’une batterie, d’un aimant ou d’un petit morceau de jouet, il faut se rendre rapidement à l’urgence.