La question revient constamment dans votre esprit et vous l’avez même abordée avec votre conjoint. Devrions-nous faire appel à une aide professionnelle pour déboucher ce cul-de-sac auquel notre famille se trouve confrontée? Pourtant, vous n’arrivez pas à plonger, en vous demandant s’il est vraiment nécessaire de consulter.
Nous avons demandé à deux psychologues de nous donner des conseils et de nous expliquer le déroulement et l’utilité de la thérapie familiale.
Quand consulter?
Comme il est généralement plus difficile de prendre cette décision lorsque les enfants sont en cause que lorsqu’il s’agit d’un problème de couple, la psychologue Stéphanie Léonard décortique les signes qui devraient inciter les parents à consulter lorsque leur enfant semble très malheureux ou préoccupé.
« Lorsque vous constatez des changements notables dans son comportement; par exemple s’il n’a plus envie de jouer avec ses amis, s’il se plaint souvent de maux de ventre, s’il ne veut plus aller à l’école, s’il s’endort plus difficilement le soir ».
Indices à surveiller
- Son comportement général n’est plus le même.
- Sa vie sociale change dramatiquement.
- Ses habitudes alimentaires changent (son appétit diminue)
- Son sommeil est perturbé.
- Il refuse d’accomplir ce qu’il faisait avant, sans raison apparente valable (école, activités parascolaires, passe-temps, etc.)
- Il est plus colérique, plus replié sur lui-même.
- Il semble gérer avec plus de difficulté les petites sources de stress de la vie.
Évidemment, il vaut mieux d’abord interroger l’enfant lorsque ces changements surviennent et Dre Léonard suggère aussi fortement de les valider avec l’enseignante ou l’éducatrice en garderie de votre enfant puisqu’elles passent beaucoup de temps avec lui et qu’elles peuvent apporter un éclairage différent à la situation.
Comment trouver un psychologue?
Vous êtes arrivée au constat que vos ressources personnelles pour aider votre enfant sont épuisées? Le meilleur moyen pour vous aiguiller vers le bon psychologue est de contacter l’Ordre des psychologues du Québec, par le biais de son site internet ou par téléphone. D’abord, vous serez ainsi assurée de trouver un psychologue dûment accrédité et ensuite le système de référence élaboré de l’ordre vous permettra de dénicher le professionnel approprié en fonction de certains critères tels que son lieu de pratique, son approche thérapeutique (psychanalytique, cognitive, comportementale par exemple) et sa spécialisation (troubles alimentaires, anxiété, deuil, dépression, etc.)
Les familles qui n’ont pas les ressources financières suffisantes pour s’offrir les services d’un psychologue du secteur privé peuvent se tourner vers les CLSC, les cliniques de médecine familiale ou même le centre hospitalier de leur région.
« On peut aussi avoir des services de consultation à des frais beaucoup moins élevés, par exemple avec les étudiants en psychologie de certaines universités. Ils sont toujours supervisés par un psychologue professionnel et les tarifs sont pratiquement deux fois moins élevés », indique Dre Léonard.
Combien ça coûte?
Le tarif horaire des psychologues se situe entre 85 et 125 $ et une séance dure entre une heure et une heure et demie. Certains régimes d’assurance assurent une partie ou le total de ces frais, ça vaut la peine de vous renseigner sur votre couverture et de profiter de ce qu’elle vous permet.
Combien de rencontres?
Selon la psychologue Dre Pierrette Déziel, un grand nombre de familles adoptent la fréquence des rencontres aux deux semaines. La durée moyenne des thérapies est de dix séances.
Comment se déroule une séance?
Les thérapies débutent toujours par une évaluation lors de la première rencontre qui déterminera la nature du problème et la méthode employée pour résoudre la difficulté. Elle amène parfois aussi le psychologue à conclure que la famille devrait consulter un autre type de spécialiste, en raison de la nature du problème : un psychorééducateur de l’école par exemple, ou un travailleur social.
Lorsque l’évaluation confirme la nécessité d’une thérapie familiale avec le psychologue, les séances se déroulent généralement avec et sans les enfants. « Quand une thérapie familiale est requise à partir du problème d'un enfant, je vois l'enfant seul à un certain moment, toujours. Ceci afin de voir sa perception des choses, en dehors de ses parents, mais aussi afin d'identifier ce qui lui appartient dans le problème. Mais plus l'enfant est jeune, plus je vois toute la famille ensemble, très peu l'enfant seul », explique Dre Déziel, spécialisée notamment en thérapie familiale.
Les rencontres réunissant toute la famille permettent notamment à chacun de ses membres d’exprimer ses perceptions et ses sentiments, d’identifier les forces et les faiblesses de la famille, mais également de révéler les non-dits et parfois, de dédramatiser la situation.
Évidemment, on ne sonde pas le cœur et les pensées des jeunes enfants uniquement dans un cadre de questions/réponses. Les psychologues utilisent des techniques d’interaction telles que le dessin – on demande par exemple à l’enfant de dessiner sa famille – les marionnettes, des jeux, la construction avec de la pâte à modeler de certains faits ou facettes de sa vie où on lui demande de commenter des images.
Les bénéfices et les clés du succès
Vous savez désormais que vous devez consulter, vous avez une idée de ce qu’il vous en coûtera et vous savez à quoi vous attendre en ce qui a trait à la façon dont le psychologue s’y prendra pour vous aider, vous et votre famille.
Mais au fait, quel bénéfice en retirerez-vous vraiment; comment le psychologue vous aidera-t-il? Au dire de Dre Léonard, les parents qui consultent avec leur enfant se sentiront accompagnés, guidés par une personne dont le regard face à leur situation est neutre. Le psychologue possède également les connaissances qui lui permettent d’outiller les parents pour qu’ils soient en mesure de mener leur enfant vers la guérison psychologique. « Le psychologue est la personne qui va modifier les mécanismes de la famille pour que le problème soit réglé depuis sa racine », ajoute-t-elle.
Il n’existe par ailleurs pas de statistiques révélant les taux de succès des différents types de thérapies, néanmoins celles-ci produisent des résultats plus rapides et plus significatifs lorsqu’elles se déroulent en famille, selon Dre Déziel. « Tout le monde peut changer en même temps, s'approprier la responsabilité du problème, car tout le monde est concerné, quand il y a un problème dans une famille ».
Il reste que l’ingrédient essentiel à la réussite de la thérapie est la relation qui se tisse entre le psychologue et la famille, souligne-t-elle.