La peur de l'inconnu
Ce que l’on oublie le plus souvent de l’enfance, c’est l’incertitude et la peur de l’inconnu qui nous habitent quand on ne sait pas quel travail on aura, qui on deviendra, si on trouvera un amoureux, si on restera loin de chez papa et maman et si on s’endormira souvent en pleurant. Chacune de nous a eu une enfance différente et même si certaines ont trouvé la leur extrêmement difficile et aimeraient retourner se dire à elles-mêmes que tout finirait par s’arranger, de mon côté, je me dirais d’en profiter et de ne pas trop m’inquiéter.
Les amis
Je me souviens, vers 9 ans, mon frère m’avait demandé quels chanteurs allaient être encore populaires dans 15 ans et qui serait ma meilleure amie. J’ai répondu Bon Jovi et une fille dont le nom m’échappe aujourd’hui! Il m’a dit que c’était certain que non, que ce serait plutôt Madonna ou Michael Jackson et que je ne parlerais plus à cette fille. Pour Bon Jovi, il avait un peu tort; pour l’amie, il avait raison. Si je pouvais revenir dans le temps, je me dirais certainement de ne pas m’en faire avec les chicanes de cour d’école, les « je ne veux plus être ton amie » et les périodes où personne ne veut jouer avec nous. Quelques décennies plus tard, ces histoires sont oubliées et on en a tiré des leçons d’estime de soi et de laisser-faire.
Mes parents
Je suis de celles qui ont été chanceuses dans leur malchance… et inversement. Je suis née dans une famille extraordinaire, avec des grands-parents tout aussi merveilleux et des cousins, des cousines, des oncles et des tantes qui font que la vie vaut la peine d’être vécue. Si j’avais su qu’en grandissant, je n’habiterais pas réellement dans la maison d’à côté avec un tunnel qui relie nos maisons les unes aux autres, que mon père serait malade et que ma mère décèderait pendant mon adolescence, j’en aurais profité encore plus. Si j’avais su qu’en vieillissant, on se verrait moins souvent et qu’on déménagerait dans d’autres villes (et même d’autres pays!), j’aurais passé plus de temps avec ma parenté qu’avec les autres. Il faut en profiter quand on a une bonne famille. Le temps passe et si c’est une bonne nouvelle pour ceux qui ont une enfance malheureuse, ce n’en était pas une pour moi.
L’école
Je l’avais compris et j’étais une bonne élève, mais je me permettrais quand même de me dire qu’un jour mes efforts soutenus finiraient par porter leurs fruits, et ce, malgré que les clowns de la classe riaient de moi en ne s’inquiétant pas trop de leurs échecs. Je me dirais : « Parce que tu étudies maintenant, beaucoup de choses seront plus faciles plus tard. Tu penseras aux garçons plus tard. » D’ailleurs, si je le pouvais, je me dirais aussi que je changerais mille et une fois et que le plus tard je rencontrerais un garçon, le plus j’aurais de chances d’en rencontrer un qui serait heureux avec la version de moi et qui ferait le plus long bout de chemin à mes côtés.
La peine passe
Je me souviens aussi de m’être endormie en pleurant et d’avoir trouvé que la vie était beaucoup plus difficile que prévue. Je ne sais plus pourquoi j’avais de telles périodes de tristesse (c’est bien pour dire!), mais je prendrais le temps de me dire que la peine passe, que plus tard, avec les responsabilités, vient aussi la liberté de faire son propre bonheur et qu’être capable de voir les choses sous plusieurs angles vaut plus dans la vie que de gagner n’importe quelle loterie.
Voilà donc ce que je dirais à l’enfant que j’étais. Curieusement, je peux facilement imaginer l’enfant que j’étais me faire un sourire poli, penser « de quoi est-ce qu’elle parle, elle? » et attendre patiemment que je finisse de parler pour retourner jouer dans la boue, aux Maitres de l’univers ou manger pour un dollar de jujubes. Et vous? Que vous diriez-vous?