Papa

Feindre le plaisir

Vous arrive-t-il de faire semblant d’aimer quelque chose ou d’avoir du plaisir? Est-ce que c’est une faculté qui se développe avec le rôle parental? Une réflexion de Jean-François Bourassa.

J’avoue. Honteusement d’ailleurs. J’ai déjà simulé le plaisir. Mon plaisir. Ma performance ne valait peut-être pas un prix d’interprétation, mais suffisamment pour y croire. Mon faux sourire, mes rires exagérés… Personne n’aurait pu se douter que je m’emmerdais royalement. J’ai combattu péniblement le sommeil et j’ai sursauté régulièrement lorsque je cédais à ce dernier. Mais l’hypocrisie en valait la chandelle.

Avant ma vie familiale actuelle, j’étais un amant inconditionnel… du septième art! Ma passion a toujours consisté à m’abandonner totalement aux rêvasseries proposées par le vaste écran lumineux. J’ai fréquenté Bunuel, Fassbinder, Scorcese, Kieslowski, etc. avec une telle assiduité que je considérais connaître personnellement ces réalisateurs émérites. Mais voilà, mon répertoire cinématographique a dû s’adapter en cours de route, tout comme ma gourmandise visuelle. Moi qui me gavais jadis d’un minimum d’un film par jour, je me suis imposé un régime sec lorsque les enfants ont abordé ma vie. Il faut avouer que mon emploi du temps – comme celui de tous les nouveaux parents – s’est vu conséquemment chamboulé, voire restreint.

Depuis, j’ai parfois l’impression de me prostituer. Le cinéma ne représente plus une passion personnelle, mais un simple passe-temps devant lequel toute la famille est heureuse de se retrouver. Abolie l’époque de la fine bouche puisque désormais, les blockbusters américains dont j’ai tant décrié les piètres qualités se retrouvent régulièrement à notre menu. Mais force est de constater que le cinéma populaire apporte malgré tout du temps de qualité rassembleur pour tous les membres de notre clan. Les rires, la rêverie, la fascination… Chacun y trouve son compte.

J’ai récemment convié ma bande au visionnement de la version cinématographique de « Yogi l’Ours ». D’un point de vue critique, je souligne que cette navrante soi-disant comédie repousse les limites de l’affront tellement le scénario anémique consiste à percevoir le public comme étant imbécile. D’un point de vue moral, je m’offusque qu’on héroïse un vulgaire ours voleur de pique-niques et outre mangeur à l’extrême.

Mais d’un point de vue parental, je ne conserve qu’une image : celle de mon fils qui rigole de bon cœur devant la 88e tentative de vol de panier de victuailles qui le fait esclaffer de rire. J’ai effectivement fait semblant d’avoir du plaisir et d’apprécier le film pour que mes enfants en conservent, grâce à leur si précieuse naïveté, un souvenir agréable.

Jean-François Bourassa

Père de trois jeunes enfants, Jean-François Bourassa a vu sa vie se métamorphoser au cours de la dernière décennie. Après des formations en créations littéraires et scénarisation cinématographique, il œuvre la nuit dans un domaine diamétralement opposé. Assistant également sa conjointe responsable de service de garde en milieu familial, sa personnalité est désormais marquée et influencée par la présence perpétuelle d’enfants dans son petit univers. Il nous livre sous forme de chronique ses états d’âme entre deux changements de couches.


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