Je suis directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité et, à ce titre, j’ai écrit des textes sur les pères monoparentaux, sur les pères en difficulté, sur les pères immigrants, sur les futurs pères, sur les services aux pères, sur ma propre paternité et au sujet de mes deux enfants. Mais… je n’ai jamais écrit au sujet de mon propre père. À l’occasion de la fête des Pères, j’ai décidé de combler cette lacune et de vous parler de mon papa…
Mon père aura 73 ans dans quelques semaines et quand je pense à lui, la première chose qui me monte au cœur, c’est son sens profond de l’engagement. Son engagement envers son travail, ses amis, sa parenté, mais surtout, envers son épouse, envers mes frères, ma sœur et envers moi. Mon père a toujours été là pour moi quand ça comptait et je n’ai jamais douté une seule seconde de son amour inconditionnel à mon égard. Mon père était là quand j’ai remporté des victoires, mais il était là aussi quand j’ai subi des défaites.
Soutien
Je me souviens du soutien que mon père m’a apporté lors de ma première production théâtrale qui avait remporté un grand succès… Il avait vendu plein de billets, m’avait soutenu moralement, était fier de moi et je me souviens même qu’on avait posé ensemble une bannière promotionnelle sur un hangar du Vieux Port de Montréal… Quel beau moment! … Mais je me souviens aussi que l’été suivant, alors que ma deuxième production théâtrale se faisait planter par les critiques… mes parents avaient pris l’avion depuis le sud de la France pour venir me soutenir dans cette épreuve…
Encouragements
Je me souviens aussi d’un matin… quand j’étudiais au Cégep en Sciences santé et que je m’apprêtais à aller couler un examen de chimie parce que j’étais nul en chimie et que j’avais juste le goût de tout lâcher… Je me souviens que j’avais appelé mon père au travail et qu’il m’avait dit quelque chose de tout simple, mais qui résonne encore en moi aujourd’hui : vas-y quand même et tu me rappelleras après… Je suis allé passer mon examen, j’ai eu trente-huit pour cent… J’ai coulé mon cours de chimie… Mais, grâce à mon père, j’ai affronté ma peur en sachant qu’il y avait quelqu’un qui serait là pour moi, de l’autre côté de cette épreuve… C’était un tout petit geste, mais, en même temps, une très, très grande leçon…
Prêt à tout
Je me souviens aussi de la fois où mon frère et moi, âgés d’à peu près 9 et 11 ans, nous nous étions retrouvés en face de deux grands d’à peu près 12 et 14 ans avec des pétards dans la forêt pas loin de chez nous… Nous nous étions sentis menacés, j’étais parti en courant chercher mon père qui, comme un cowboy, avait sauté dans sa familiale et, en furie, était venu à la rescousse de mon frère aîné… Quand on est arrivés, les méchants étaient partis et n’avaient absolument rien fait à mon frère… mais j’avais appris, cette journée-là, que mon père était prêt à tout pour nous défendre…
Dialogue
Quand je pense à mon père, il y a aussi un autre souvenir qui s’impose… C’est celui de mes débuts à l’école primaire… J’avais 5 ans et, un matin, je ne voulais pas aller à l’école… Mon père m’a demandé pourquoi? J’ai répondu Passe que. Nous avons répété ce dialogue passionnant pendant presque une demi-heure. Pourquoi? Passe que. Pourquoi? Passe que. Pourquoi? Passe que. Mon père m’a finalement emmené à l’école… je ne pouvais quand même pas décrocher à 5 ans… mais… il m’avait tout de même donné la chance de m’exprimer, même à 5 ans…
Respect et confiance
Il y a aussi d’innombrables souvenirs heureux en famille. Les voyages en Europe, les vacances aux États-Unis, tous les spectacles que j’ai produits et auxquels ils ont tous assisté, la naissance de mes enfants, le soutien que mon père et ma mère m’apportent maintenant en tant que grands-parents... mais, par-dessus tout, je suis profondément reconnaissant à mon père d’avoir toujours respecté mes choix de vie tant personnels que professionnels… J’ai commencé mon Cégep en Sciences santé pour finir en sciences humaines… J’ai fait un bac en Droit et j’ai étudié ensuite à l’École nationale de théâtre du Canada en écriture dramatique… J’ai fondé une compagnie de théâtre de création, travaillé à la pige pendant de nombreuses années pour finalement atterrir aujourd’hui dans le secteur communautaire… Et mon père a toujours respecté mes choix, et je n’ai jamais senti qu’il me jugeait… Seulement, il avait une belle et grande exigence : si tu fais quelque chose, fais-le jusqu’au bout! J’applique maintenant ce principe dans tout ce que je fais et c’est une des choses qui me rendent le plus heureux.
Je crois profondément que, si je peux m’impliquer aujourd’hui avec autant d’intensité auprès des pères et auprès de ma propre famille, c’est certainement parce que mon père m’a donné confiance en moi, m’a supporté tout au long de ma vie, m’a aimé sans condition et m’a donné un bel exemple de l’importance de l’engagement d’un père envers ses enfants.
Pour tout ce que tu m’as apporté, papa, je tiens à te remercier du fond du cœur. Merci! Je t’aime!
Ton fils Raymond