Un hôpital de New York se dit en mesure de pratiquer des transplantations d'utérus, une première médicale qui permettrait à des femmes ayant subi une hystérectomie de pouvoir à nouveau porter un enfant. Les utérus proviendraient de donneuses décédées, comme dans la plupart des transplantations. Toutefois, la receveuse, après avoir mené à bien une grossesse, subirait ultérieurement l'ablation de l'utérus transplanté afin de ne pas avoir à suivre de traitement antirejet toute sa vie.
Le conseil d'éthique du New York Downtown Hospital a donné son feu vert à ce projet, sous certaines conditions. Mais le président de l'hôpital a prévenu les patientes intéressées qu'elles devaient s'armer de patience, car aucune transplantation de ce type n'est attendue dans « un avenir proche ». En outre, plusieurs experts ont estimé que de nouvelles recherches - notamment sur des animaux - devaient être menées avant que l'opération ne soit tentée sur une femme.
L'équipe new-yorkaise a simplement effectué une période d'essai de six mois qui a permis de montrer que des femmes étaient d'accord sur le principe de donner leur utérus en cas de décès. Elle examine à présent les demandes de possibles receveuses. « Je crois que c'est techniquement faisable », a estimé le coresponsable de l'équipe médicale en charge de ce projet, le cancérologue Giuseppe Del Priore. « Si une femme qui a subi une ablation chirurgicale de l'utérus le désire passionnément, je crois que c'est quelque chose qu'elle voudra vraiment tenter », même si les risques devront être soigneusement pesés, a estimé pour sa part Julia Rowland, directrice du département chargé des anciens malades du cancer à l'Institut national du cancer.
Une seule fois par le passé, une transplantation d'utérus a été tentée : c'était en l'an 2000 en Arabie saoudite. L'utérus provenait d'une donneuse vivante, mais la receveuse avait dû subir une hystérectomie trois mois plus tard en raison de la formation d'un caillot de sang. Le Dr Jeanetta Stega, une gynécologue obstétricienne, coresponsable du projet à l'hôpital de New York, estime que le risque de caillot pourrait être réduit en transplantant davantage de vaisseaux sanguins et en ayant recours à de meilleurs médicaments antirejet.
Les candidates potentielles à cette transplantation seraient par exemple des femmes nées sans utérus, des femmes atteintes d'endométriose (prolifération de tissus dans l'utérus ou les ovaires) ou encore des femmes ayant perdu leur utérus à la suite d'une tumeur non cancéreuse. Mais il faudrait que ces candidates disposent au préalable d'embryons congelés afin que des questions de stérilité ne viennent pas compliquer les chances de succès, a expliqué le Dr Del Priore. Ce dernier a dressé les grandes lignes du processus de transplantation tel qu'il l'imagine. L'utérus à transplanter étant utilisable pendant environ douze heures après le décès de la donneuse, il faudrait que la receveuse soit prête pour la transplantation dès le début de l'ablation pratiquée sur la défunte.
L'opération de la receveuse nécessiterait une incision verticale de quinze centimètres de long, du bas du ventre jusqu'à l'os pubien. Avant d'entamer une grossesse, la femme transplantée devra avoir bien supporté les médicaments antirejet pendant au moins trois mois. Puis, les embryons précédemment congelés seraient implantés dans le nouvel utérus de la manière habituelle (via le vagin). Les médecins ne souhaitent pas que la femme transplantée ait des rapports sexuels dans les semaines qui suivent l'opération en raison du risque accru d'infection. La patiente transplantée accoucherait par césarienne pour éviter tout risque lié à l'utérus. Après la naissance - ou après deux ans sans grossesse après la transplantation -, la patiente subirait l'ablation de l'utérus transplanté afin de minimiser les risques liés au traitement antirejet.
Le coût total d'une telle transplantation n'a pas été évalué avec précision, mais il pourrait dépasser les 500 000 dollars, frais d'hospitalisation compris, selon le Dr Del Priore.
Source : AP, 16 janvier 2007