À la suite de la lecture d'un l’article paru dans La Presse, Pourquoi, déjà, a-t-on des enfants? , une phrase a retenu notre attention : « Vouloir un enfant, c’est vouloir être ». Nous nous sommes ensuite questionnées si, au contraire, le fait de ne pas avoir d’enfant nous empêche d’être? Si nous ne voulons pas d’enfant, sommes-nous moins épanouis? Il arrive qu’un des partenaires du couple ait un désir plus fort que l’autre d’avoir un enfant. Cette situation peut créer un climat de tension dans le couple, affectant ainsi celui-ci.
Plus courant qu’on pense
Cette situation est présente chez plusieurs couples. Il arrive que les envies soient semblables tout en étant différentes. Par exemple, il se peut que les deux partenaires désirent mettre au monde un enfant, mais chez une personne, le désir peut être plus pressant. Souvent la volonté d’avoir un enfant provient du désir de donner la vie, d’avoir un prolongement de soi ou encore le souhait de fonder une famille ensemble. Les conflits qu’engendre un désir d’enfant peuvent survenir sur plusieurs formes. Par exemple, un partenaire pourrait insister pour avoir des relations sexuelles sans protection, l’autre, n’étant pas d’accord, pourrait perdre patience. Cette situation est d’ailleurs présentée dans le film Horloge biologique de Ricardo Trogi sorti en 2005. Une femme tente d’imposer son désir d’enfant à son conjoint qui, quant à lui, n’est pas tout à fait prêt. À plusieurs occasions, on les voit se disputer concernant l’arrêt ou non de la pilule contraceptive.
Source de conflits
Étant donné l’absence d’un but commun, les partenaires peuvent en venir à s’éloigner. À ce moment, plusieurs sphères sont touchées, la sexualité étant la première, car elle est directement liée à la reproduction. Une autre sphère concernée est l’aspect psychologique. À long terme, il peut alors s’installer des pressions entre les partenaires, de la frustration, de l’anxiété et du stress. Chez le partenaire ne désirant pas d’enfant, ces pressions peuvent aller jusqu’à une diminution du désir sexuel, des troubles érectiles chez l’homme ou un manque de lubrification chez la femme. Le couple n’allant plus dans la même direction, les conjoints finissent par s’éloigner mutuellement.
Et si on en discutait franchement?
Comme le dit si bien l’expression, « mieux vaut prévenir que guérir ». Avant que le couple s’égare, il est primordial de se questionner individuellement sur ses besoins et ses projets. Il faut aussi verbaliser clairement ses aspirations à son partenaire, afin d’éviter les malentendus. Malgré un point de vue différent, il est nécessaire d’écouter l’autre, d’essayer de comprendre son point de vue et de le respecter. Au besoin, le couple peut toujours compter sur un soutien extérieur, par exemple un sexologue clinicien.
Bien que le désir d’enfant soit parfois inégal et que cette situation puisse créer des conflits au sein du couple, il est important de se souvenir qu’avoir un enfant n’est pas une décision à être prise à la légère. De plus, celle-ci nécessite une certaine planification. En obligeant un partenaire à avoir un enfant, il faut comprendre qu’il ne s’agit peut-être pas d’une bonne planification pour accueillir l’enfant dans un milieu sain. Les conflits, l’anxiété et le stress, qui se retrouvent dans le couple au moment de la venue de l’enfant, peuvent certainement l’affecter et l’influencer négativement. Il est aussi possible de remarquer que les motivations pour avoir des enfants ont définitivement changé.
Si l’on se rapporte à il y a 100 ans, on faisait des enfants parce qu’il s’agissait d’une nécessité chez les couples mariés. Aujourd’hui, on se questionne avant d’avoir des enfants et on planifie la période propice pour en avoir. Malgré ce changement de valeurs, il reste que le projet d’avoir des enfants est de plus en plus préparé et est généralement perçu comme une étape importante. Chez certaines personnes, il s’agit là d’un accomplissement personnel. Quoi qu’il en soit, même si le désir d’enfant est élevé, il est important de ne pas négliger le couple, car n’oublions pas que l’arrivée d’un enfant est un moment magique si bon à partager.
Écrit par Catherine Girouard et Jessica Brown, stagiaires en sexologie chez Seréna Québec.