D’abord, la fatigue semble avoir endormi toutes les pulsions. Puis, bien d’autres excuses défilent. Viennent les dents qui percent du benjamin, les premières crises de la pré-adolescente, les deux incessantes courses : d’abord le 9 à 5, puis le 5 à 9, l’auto qui agonise au garage, la vaisselle qui s’amoncelle, le portefeuille qui grince, les tracas qu’on traîne du bureau et la troublante impression de n’avoir jamais deux minutes à soi. Chéri, on remet ça à demain?
Un enfant ne sonne pas la fin de la vie à deux
Les spécialistes s’entendent pour dire que le sexe est indispensable à la vie de couple. Faut-il le rappeler, le plaisir sexuel n’épuise pas. Il a plutôt des vertus contraires. Il est revigorant et régénère l’énergie, en plus de rendre les parents plus détendus, plus patients et plus aimants. Mais lorsque ces derniers s’endorment aussitôt la tête posée sur l’oreiller, qui pourrait ne pas les comprendre? Après tout, on a tendance à croire que la vie sexuelle des voisins est bien plus époustouflante que la nôtre, alors qu’ils roupillent probablement aussi rapidement que nous.
Il est toutefois normal d’avoir des périodes creuses où les rapprochements se font plus épisodiques, mais tant que le lien sensuel est préservé, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. « Si vous êtes mère, vous avez sans doute connu des moments – parfois même de longs moments – où vous n’aviez tout simplement pas l’énergie nécessaire pour faire l’amour», écrit la psychiatre Varie Davis Raskin dans le livre Les mères aussi aiment ça...
Ce syndrome touche autant les papas qui, souvent, tremblent devant leur nouveau contrat - élever une famille – qui sous-entend qu’ils doivent devenir responsables. À l’opposé des mamans qui angoissent durant la grossesse, eux, c’est à l’arrivée du poupon que la réalité les frappe. Et puis, le nouvel homme est aussi touché par la fatigue, les nuits écourtées et les réveils brutaux. Son taux de testostérone joue aussi au yo-yo.
Le tourbillon de la réalité
Il n’en demeure pas moins que l’arrivée du premier bébé entraîne les parents dans un tourbillon étourdissant où chacun ne doit pas perdre de vue les autres pôles de sa vie. Nathalie Petrowski énonce joliment le propos dans le livre Maman Last Call, dont l’adaptation cinématographique a été portée à l’écran en 2005 : « (...) le pire, une fois que l'enfant est né et que le pli est pris, le pire, c’est le choc culturel. C’est être quelque part sans y être. C’est être souvent absent à soi-même. C’est laisser des morceaux de soi traîner partout sans parvenir à les ramasser. C’est être perpétuellement déchiré entre son enfant et le monde, entre son enfant et soi-même. » Souvent les mères s’investissent entièrement à leur poupon et les papas se sentent vite déclassés au palmarès de l’attention. Certains peuvent même avoir été marqués par l’accouchement et les douleurs vécues par leur conjointe. D’autres perçoivent leur compagne non plus comme une femme, mais bien comme une mère. Cette association les renvoie à leur propre mère, ce qui constitue – on s’en doute! – un blocage lors des élans amoureux.
Même si un sondage indique que 63 % des Québécoises disent que leur sexualité n’a pas changé ou s’est améliorée depuis la naissance de leur premier enfant, les parents, devant une panne momentanée du désir, espèrent que le courant se rétablisse... et vite!
Chéri, si on prenait rendez-vous?
Loin des clichés teintés de rouges, au goût trop sucré de chocolat ou trop prononcé de cannelle, la journée de la St-Valentin, l'anniversaire de rencontre ou de mariage, l'anniversaire d'un des conjoint et tout autre journée de congé peut devenir un prétexte tendre pour une escapade à deux afin de secouer la passion engourdie. Nul besoin d’accentuer les gestes ou forcer les attentions, juste ce qu'il faut pour casser la routine et poser une trêve dans la course quotidienne.
Pour rétablir le courant amoureux, pour rallumer le désir et entretenir les étincelles au fond des yeux, de simples gestes quotidiens feront la différence. Multipliez les courriels suggestifs, les sourires séducteurs, les fous rires complices, les mots doux, les élans passionnés, les appels coquins sur le cellulaire, etc.
Chéri, on recommence demain soir?