La pandémie a entraîné beaucoup d’inquiétude chez les parents, mais elle a aussi aidé à les sensibiliser face à l’importance d’une bonne prévention en matière de virus et de bactéries.
Une B*actérie à ne pas sous-estimer
Entre 2013 et 2017, la bactérie de type B* était à l’origine de la plupart des cas de méningococcie invasive1. Cette bactérie invasive affecte en particulier les nourrissons de moins d'un an, les enfants de un à quatre ans et les adolescents de quinze à dix-neuf ans. Sachant qu'un survivant sur cinq peut présenter des complications à vie suite à cette maladie, nous avons cru important de nous pencher sur la question.
Pour mettre en lumière les réalités dévastatrices que la maladie méningococcique invasive pourrait causer aux enfants, le Dr John Yaremko a bien voulu répondre à nos questions.
MPLV - Pouvez-vous nous en dire plus sur les maladies à méningocoque ?
« La méningite est une inflammation de la membrane enveloppant le cerveau et la moelle épinière. Au Canada, on retrouve deux types de méningite. Il y a la méningite virale qui est plus fréquente et qui a moins de conséquences à long terme; et la méningite bactérienne qui elle est plus sévère.
La bactérie impliquée dans l’infection de type bactérienne est le méningocoque. Il y a cinq types de méningocoque qui causent la majorité des cas de méningococcie au Canada, mais c’est le type B* qui est à l’origine du plus grand nombre d’infections graves. La méningococcie invasive peut avoir des conséquences graves allant de la perte d’audition, à des déficiences intellectuelles et même, à l’amputation. »
MPLV - Qui est le plus exposé au risque de méningite B et comment peut-on être infecté ?
« Les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans, suivis des adolescents, sont les groupes d’âge les plus à risque de contracter une maladie à méningocoque. Comme la maladie se transmet par la salive, elle peut être partagée par des gestes quotidiens anodins comme s’embrasser, tousser ou partager une cuillère ou un verre. »
MPLV - Quels sont les symptômes les plus courants ?
« Ce qui est le plus inquiétant au sujet de la méningococcie invasive, c’est que les patients qui en sont atteints et qui viennent consulter présentent des symptômes similaires à ceux d’un rhume ou d’une grippe, et la maladie peut facilement être mal diagnostiquée. Et malheureusement, cette maladie est très sournoise car la vitesse de progression des symptômes est fulgurante. En moins de vingt-quatre heures, la personne atteinte peut se retrouver aux soins intensifs et lutter pour sa vie.
C’est certain que chez les nourrissons, l’infection est plus difficile à détecter, mais on remarquera tout de même une fièvre, une irritabilité, une perte d’appétit et des vomissements. Quant aux plus grands, ceux-ci vont identifier par eux-mêmes un mal de tête et une rigidité dans la nuque ; et on remarquera souvent des ecchymoses sur le corps. »
MPLV - La méningite B est-elle fréquente ? Les parents doivent-ils vraiment s'en préoccuper ?
« De 2013 à 2017, le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) a recensé environ cinq cent cinquante cas par an, soit cent vingt-cinq à cent cinquante cas par année au Canada. De plus, bien que la méningite à méningocoque soit peu commune, environ cinquante-cinq pour cent des cas de méningite déclarés sont de type B* et jusqu’à un enfant sur dix qui l’attrapera peut en mourir; et parmi ceux qui survivront, jusqu’à un sur cinq peut avoir des complications à vie pouvant aller jusqu’à l’amputation. C’est tellement envahissant comme infection, que malgré les avancées médicales des trente dernières années, les taux de mortalité et de morbidité n’ont pas diminué. »
MPLV - Que peuvent faire les parents pour aider à protéger leurs enfants contre la méningite B ?
« La vaccination est la meilleure défense contre la maladie à méningocoque.
Il existe des vaccins préventifs pour les maladies à méningocoque, mais la vaccination contre la méningite B* n’est pas incluse au calendrier de vaccination du Programme québécois d’immunisation. Ce qui veut dire que même si votre enfant reçoit un vaccin contre la méningococcie invasive, il ne sera pas immunisé contre certains types, y compris la bactérie de type B*. »
Le Dr Yaremko invite les parents à discuter avec leur professionnel de la santé, qui pourra les aider par des renseignements et des options de vaccination afin d’être mieux éclairés et guidés dans leurs choix en matière de protection contre les infections à méningocoque. Consultez le site Bmanquant.ca pour obtenir plus de détails.
Maman et amour, voici les deux seuls mots que Benjamin, 22 ans, arrive à prononcer…
Voici le témoignage percutant de Marie-Ève Gagnon, maman de Benjamin, survivant de la méningite B*.
MPLV - Marie-Ève, pouvez-vous nous parler un peu de l'histoire de votre fils, Benjamin ?
« En 1999, je me suis présentée chez le pédiatre avec mon bébé de quatre mois et demi parce qu’il était fiévreux et plutôt amorphe. On a diagnostiqué une gastro-entérite et recommandé d’aller à la maison, de lui donner de l’acétaminophène et des bains tièdes pour faire baisser la fièvre.
De retour à la maison, son état s’est détérioré rapidement. Durant la nuit, la fièvre a augmenté et il était couvert de plaques mauves en plus de respirer de manière saccadée. J’étais alors complètement prise de panique. J’ai appelé le 911 et, en quelques heures, ma vie a basculé à jamais. Quatre heures plus tard, après une ponction lombaire, on a diagnostiqué à Benjamin une méningite de type B*. Ses reins ont cessé de fonctionner et ils ont dû le mettre sous coma artificiel. Cinq jours plus tard, ils ont dû lui amputer les jambes en bas des genoux, la main droite, deux doigts de la main gauche et sous la phalange des trois doigts restants. »
MPLV - Quelle a été votre première réaction lorsqu'on vous a confirmé le diagnostic ?
Suite au diagnostic, j’ai ressenti que la terre avait cessé de tourner. Cependant, j’ai ressenti le vrai choc après l’opération en soulevant la couverture de mon bébé et en apercevant ses petites jambes amputées. Un grand sentiment d’impuissance m’a envahie et j’ai réalisé à ce moment-là la lourdeur des conséquences que mon enfant vivrait toute sa vie.
MPLV - Que saviez-vous au sujet de la maladie méningococcique avant que Benjamin ne soit diagnostiqué ?
« Je suis infirmière clinicienne, mais ne connaissais pas très bien cette maladie. Je ne connaissais pas l’ampleur des dégâts qu’elle pouvait causer. Encore aujourd’hui, je me demande ce qu’aurait été la vie de Benjamin si nous nous étions rendus à l’hôpital plus rapidement… »
MPLV - Pouvez-vous nous dire à quoi ressemble votre vie et celle de Benjamin aujourd'hui ?
« Aujourd’hui je suis maman de huit enfants ! Benjamin c’est le soleil de notre vie, c’est l’exemple de la résilience ; et celui vers qui tous les membres de la famille vont lorsqu’ils se sentent tristes. Il est toujours là pour nous faire sourire. Benjamin a besoin de nous pour subvenir à ses besoins de base comme manger, boire, se laver. Il ne parle pas, mais est tout de même capable de communiquer par différents gestes. À ce jour, Benjamin a subi cinquante-sept opérations causées par les effets de la méningite B. Nous avons constamment une épée de Damoclès qui pend au-dessus de nos têtes. Par contre, grâce à différents spécialistes, il fait des progrès au niveau moteur, et est aujourd’hui capable de manger avec une fourchette et de boire avec une paille. Chaque petite réussite est un exploit et nous sommes tellement fiers de lui ! »
MPLV - Si vous aviez un conseil à donner aux parents, quel serait-il ?
« Mon slogan bien à moi est : Pensez vite et protégez vos méninges ! Informez-vous sur la vaccination, posez des questions et faites confiance à nos professionnels. Faites vacciner vos enfants. Les vaccins contre la bactérie de type B* n’étaient pas disponibles il y a vingt-deux ans, mais ils le sont maintenant et si Benjamin y avait eu accès, notre histoire serait complètement différente.
Pour conclure, Benjamin aujourd’hui c’est toute ma vie ; et je ne cesse de dire qu’avec de l’amour, on peut tout surmonter. Si je pouvais aider n’importe quel autre parent… J’espère que partager notre histoire le fera. »
Suivez Benjamin Gagnon sur sa page Facebook.
1 - Méningococcie causée par les souches de Neisseria Meningitidis du groupe B.
**** Commandité par l’un des chefs de file parmi les sociétés de soins de la santé au Canada. La vaccination peut ne pas protéger complètement les personnes qui sont vaccinées. Des effets secondaires et réactions allergiques peuvent survenir. Demandez à votre professionnel de la santé si la vaccination convient à votre enfant.
Écrit par Michèle Laplante