Si le père Noël n’existe pas dans la vraie vie, il est pourtant très réel dans la tête de beaucoup d’enfants. Merci à nous, parents, qui mettons tous nos efforts pour entretenir le fantasme. Objet de chantage, figure de Rédempteur et porteur de joujoux, le père Noël a plusieurs visages.
LA question
On aime l’imaginer, toute l’année, dans son atelier à façonner des jouets et surveiller les enfants sages. On lui laisse des biscuits en attendant son passage et on lui écrit de jolies lettres pleines d’espoir. Puis un jour, vers 6-7 ans, les enfants doutent. Ils posent beaucoup de questions ou, alors, un ami de l’école a vendu la mèche. Devant nous, les yeux humides, ils poseront la question: «Maman, le père Noël existe-t-il vraiment?»
Lorsque la question est posée franchement, lorsque les doutes sont nombreux et/ou lorsque l’on sent l’enfant suffisamment mature, il faut lâcher le morceau, et avouer: le père Noël, c’est du chiqué. Chercher à maintenir le mythe pourrait mettre l’enfant dans une position émotivement délicate face à ses copains d’école qui, eux, clament son inexistence. Il pourrait défendre l’existence du gros bonhomme rouge, incapable d’admettre que ses parents sont des menteurs et, ainsi, se faire ridiculiser.
Trahison
Les réactions sont différentes et nombreuses, d’un enfant à l’autre. Certains trouveront très rigolo d’avoir cru si longtemps à cette bonne blague, alors que d’autres se sentiront trahis. C’est pourquoi la manière d’en faire l’annonce revêt une importance capitale, tout autant que la façon dont le père Noël aura interagi (de manière interposée avec les parents) les années précédentes.
Une prise de conscience
L’effondrement du mythe s’accompagne d’une prise de conscience: «Tous mes désirs ne deviennent pas réalité.» C’est ainsi que l’enfant fait l’apprentissage de la désillusion, un passage obligé à la fin de la petite enfance. Tôt ou tard, avec ou sans papa Noël, l’enfant aura à la confronter. Il découvrira que les dragons, les gnomes, Batman et les autres n’existent pas.
Si la vérité peut s’avérer si souffrante, alors pourquoi en perpétuer le mythe? Les avis divergent. Certains refusent de monter un si gros bateau à leurs enfants alors que, pour d’autres, croire au père Noël, c’est apprendre à rêver et à se laisser emporter par la magie. Pour eux, il ne faut pas négliger l’importance du rêve qui sert à se concentrer sur le positif, à regarder la vie différemment, et qui favorise la persévérance.
La manière de faire
La manière d’annoncer la vérité à votre enfant n’a pas besoin d’être brutale. Elle peut se faire dans un contexte propice et de manière plutôt décontractée. Pour éviter le drame, voici une approche possible.
Choisissez LE moment propice à la discussion. Rien ne sert de la précipiter. Une fois tout le monde disposé et calme, vous pouvez commencer à rappeler la différence entre un mensonge et une histoire. Une fois qu’ils auront bien compris, vous pourrez expliquer que les parents, parfois, racontent des histoires pour faire pousser la magie dans le cœur des enfants. Appuyez sur l’importance du rêve pour les petits et les grands. Ensuite, lâchez le morceau. Observez les réactions, et attendez les réponses. Répondez avec franchise, mais n’allez pas au-devant.
Si l’enfant a de jeunes frères et sœurs, expliquez-lui que, maintenant qu’il est grand, il peut vous aider à faire vivre la magie de Noël au sein de la fratrie. Imaginez, avec lui, diverses stratégies pour émerveiller les plus jeunes. Il y a fort à parier qu’il sera emballé par l’idée.
Source: Le réel et le surnaturel chez l’enfant à propos de la croyance au père Noël, Mina Verba, Psychologies.
Cet article a été écrit par Annie Harvey