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petitnord

Inscrit le :
12 juin 2005

Posté le: 16 septembre 2008 19:18:59 EDT  
JulieBB ..je trouve aussi cette grossesse là très difficile...je crois que tant que je n'aurai pas atteind les 32 ou 34 semaines, je serai très craintive et l'image de mon ange restera trop présente. Mais, j'ai un copin des plus présent qui m'aide énormément à rester positive.

J'ai aussi 2 photos de ma fille...Je les ai montré à mon nouveau chéri...j'avais peur de le traumatiser...mais quand j'ai vu son sourire, j'ai senti toute la compassion qu'il avait pour moi. Il sait qu'elle a exister et que je ne pourrai jamais oublier son passage...elle fait partie de moi et il accepte bien ça. Je lui en ai beaucoup parlé et toujours, il m'a écouté. C'est bizarre, mais d'avoir pu tout lui raconter en détails, et de l'avoir senti complètement à mon écoute , ça m'a fait un bien fou. Je l'en remercie beaucoup.

Véroxxx
papillon de 15 semaines!!

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JulieBB

Inscrit le :
06 sept. 2007

Posté le: 16 septembre 2008 16:25:04 EDT  
Bonjour à richard_6669, Didi99 et Petitnord.

richard_6669, je ne crois pas que nous sommes des mamans "normales". Ce à travers quoi nous sommes passées font de nous des personnes changées... On reste marquées à jamais de ces petits anges.

Didi99, c'est vrai que c'est difficile de partager nos photos avec l'entourage. Je n'ai montré les miennes à personne, j'ai l'impression qu'elles m'appartiennent. Ta peine est encore toute récente... Reviens jaser si tu en sens le besoin.

Petitnord, je ne savais pas que tu étais de nouveau enceinte. Je connaissais un peu ton histoire pour avoir lu certains de tes posts sur le forum. J'ai trouvé ma grossesse "espoir" très difficile. Ce n'est pas parce qu'on porte de nouveau la vie que toutes nos peines et nos inquiétudes s'effacent. Prends soin de toi et de ton petit papillon.

Julie

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petitnord

Inscrit le :
12 juin 2005

Posté le: 15 septembre 2008 17:19:29 EDT  
J'ai pris du temps avant de venir ouvrir cette section...Marie50..j'étais avec toi cette année là. Le 13 février 2007, j'ai donné naissance à ma belle ange Érika, à 25 semaines de grossesse. Décider de la vie ou de la mort de son enfant... J'étais seule dans ma petite chambre à ste-Justine...y'avait bien ma voisine dont je n'oublierai pas le nom...Roana et son petit Fréderick...mais sans mon homme, j'étais vide d'espoir, sans plus aucune force pour tenir plus longtemps dans cette chambre. Le temps était interminable. Un soir, j'ai pensé...si tu as a me quitter ma chérie, va...je suis prête. Ce même soir, les contractions sont revenues.

Y'avait cette peur de l'inconnue...mettre au monde ma fille et lui donner la mort du même coup. J'ai eu la force de la prendre...jamais je ne regretterai de l'avoir fait. J'étais toute seule avec elle. Elle était si belle ma petite princesse...toute délicate, toute minuscule. Elle m'a serré le doigt et est partie tout doucement.

À partir de ce moment, ma vie n'a plus jamais été la même. J'ai laissé s'envoler une partie de moi, jamais je n'oublierai son passage.

Je n'ai pas réussi encore à dire très souvent que j'ai 4 enfants...comme si de le dire me ramenait trop fort la culpabilité que j'ai de ne pas avoir rendu à terme ma grossesse. Oui, dans mon coeur par contre, elle a sa place bien à elle...Elle fait partie de ma vie, même si tout le monde l'a oubliée.

Depuis son passage, je n'ai pas réussi à prendre aucun bb dans mes bras.

Aujourd'hui, j'ai la chance de porter un petit papillon chéri. Il ne remplacera pas ma belle, mais certe, il appaisera ma douleur et me fera à lui seul profiter doublement du bonheur de sa venue.

Merci Marie50...tout ton texte me touche tellement, je ressens chaque mot, chaque phrase... Je me souviendrai toujours de ta voix au téléphone...merci d'avoir été là. Bisoux


Véroxxx

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Didi99

Inscrit le :
31 janv. 2008

Posté le: 14 septembre 2008 18:26:47 EDT  
Bonjour,

Enfin, je suis bien heureuse de voir une section comme celle-ci. Tout d'abord, je suis maman d'une fille de 3ans et d'une ange décédé en juillet dernier. Ma grossesse s'est terminée du a une trisomie 21 et autres malformations. J'essayais de trouver des réponses, mais je naviguais toujours entre la section avortement ou fausse couche, mais je ne trouvais rien qui était pres de ma situation.

Ma peine est encore récente, et c'est tres rassurant de voir d'autres mamans avoir eu d'autres enfants a la suite de cet dur épreuve. Ma plus grand peine maintenant est de revoir des femmes enceintes, ou des gens qui se demandent pourquoi je ne suis plus enceinte (pas encore perdu tout mon poids de grossesse, j'avais 23 semaines). Et je me sens tellement seule, car personne ne semble comprendre (sauf mon conjoint), jusqu'a quel point c'est difficle. Je suis tanné des remarques du genre:ca aurait pu etre pire, tu aurais pu la perdre plus tard, ou l,accoucher pour qu'elle decede plus tard, ou genre ha ben tu vas pourvoir en avoir une autre en santé. D'autant plus que dans notre cas, on a choisi de terminer la grossesse, donc on se sent coupable d'avoir cette peine vu que c'est notre choix. Et les gens pensent qu'on va tomber enciente le plus vite posssible et qu'on va guérir notre peine....

Ma fille je l'ai tenue morte dans mes bras pendant une journée complete, et c,est probablement un des plus beaux souvenirs que j'ai, mais qui est difficle a partager. Meme si j'ai des photos et quelques souvenris, ils sont dans une boite, et a qui les montrer et les partager?

Merci les filles pour tous ces messages, car je vois que meme si la douleur est toujours présente, il y a de l'espoir pour le futur.

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richard_6669

Inscrit le :
14 mai 2005

Posté le: 14 septembre 2008 17:34:33 EDT  
Bonjour!
tout d'abord je me présente,mon nom est Julie-tania, je suis maman de 3 enfants.Samuel 9 ans,ange Lukas né le 16 mars 2007 et décédé le 18 avril 2007 ainsi que le petit dernier Noah né le 16 février 2008.Il m'a pris beaucoup de temps avant de revenir sur ce site car je ne me sentais pas vraiment comme une maman normale.J'ai été étonnée de voir qu'on consacrait une section aux mamans qui avaient perdue un ou des enfants.Je ne sais pas quoi dire à part que je suis contente d'avoir trouvé une place.

merci!

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JulieBB

Inscrit le :
06 sept. 2007

Posté le: 11 septembre 2008 23:27:09 EDT  
Bonjour MlleCath

C'est tellement vrai ce que tu écrit.

MlleCath a écrit
vivre tous les jours l'évolution de mon fils et comprendre tout ce que j'ai raté avec notre fille, ça me ramene un peu ma peine à chaque fois.


J'utiliserai cette façon d'expliquer pour faire comprendre aux gens qu'un autre enfant n'efface pas l'existence de celui qui n'est plus là...

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MlleCath

Inscrit le :
06 août 2008

Posté le: 11 septembre 2008 19:53:35 EDT  
Bonsoir,

Je suis contente que la demande que j'ai fait il y a quelques semaines ait été entendue. Je crois que c'est important d'avoir un espace pour les parents en deuil et aussi que les gens sachent que ça peut malheureusement arriver et pas juste au voisin!

Nous avons perdu notre fille, Marie, le 10 mars 2007. Je dis "perdu" parce que j'ai encore de la misère à dire "décédée" ou encore "morte-née". Nous nous étions rendus à l'accueil de la maternité parce que j'étais en contractions depuis quelques heures mais pas régulières... Et c'est là qu'après plusieurs essais pour trouver le coeur ils ont du nous annoncer que notre fille était décédée. J'ai jamais penser que ça pouvait arriver alors que ça nous arrive, c'était impensable. Je vous l'écris et encore là je me demande comment nous avons réussi à passer à travers.

C'est encore difficile par bout mais disons que l'arrivée de son petit frère, Félix, le 12 mars 2008 (1 an et 2 jours après sa soeur), a beaucoup aidé à nous réconcillier avec la vie.

Et comme plusieurs on dit, l'entourage ne se rend plus vraiment compte de notre peine... et encore moins après l'arrivée de notre fils. On devrait aller mieux, on a un "autre" enfant pour nous consoler. Si vous saviez, vivre tous les jours l'évolution de mon fils et comprendre tout ce que j'ai raté avec notre fille, ça me ramene un peu ma peine à chaque fois.

Merci encore à ce forum d'avoir permi une petite place pour nos anges,

MlleCath, maman de Marie son ange et de Félix alias Tite-dent! Smile

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misslady

Inscrit le :
12 sept. 2007

Posté le: 10 septembre 2008 23:27:23 EDT  
J'ai pleuré en lisant vos histoires.

C'est si beau et si triste à la fois. J'arrive mal à comprendre comment il peut être possible de passer à travers de tels épreuves..je sais qu'on en trouve la force en temps et lieu mais c'est inconcevable pour moi de croire qu'on peut vivre autant de souffrance. Vous êtes fortes les filles, vous avez toute mon admiration. Tenir son enfant mort doit être tellement mais tellement dur...je travaille dans un hôpital et je donne les soins aux morts et je les amène à la morgue. Il y a une petite place toute spécial pour les bébés et chaque fois que j'y allais, j'avais tellement peur de voir une petite boîte sur la tablette...

Ca parait que vous avez l'emprunte de vos bébés en vous, c'est beau.

Grosse accolade d'amour à vous 2 !!

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Skye

Inscrit le :
13 sept. 2007

Posté le: 10 septembre 2008 22:39:03 EDT  
Elles sont belles vos histoires les filles, meme si elles sont tristes.

Marie50: ton histoire me touche beaucoup car j'ai vecue la meme chose que toi a par le fait que la vie ma donne la chance de connaitre mon enfant, mon petit miracle. A 9 sa, j'avais un decollement avec hematome quasi circonferentiel.

Vous etes des super maman les filles!!


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marie50

Inscrit le :
13 sept. 2007

Posté le: 9 septembre 2008 17:48:15 EDT  
Julie: C'est si beau que tu dises tatouée de ta Gabrielle... Moi aussi le temps passé peau contre peau avec mes garçons sont les seuls souvenirs d'eux qui me restent puisque leurs vie se sont arrêtées là...

Peut être que les gens qui ne sont pas passés par là comprendront mieux cette période de notre vie... Comme l'a dit Louloutte . Merci Louloutte pour ces quelques mots! Je me souviens tres bien de toi, qui étais suivie au chul!

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JulieBB

Inscrit le :
06 sept. 2007

Posté le: 9 septembre 2008 16:55:01 EDT  
Bonjour.

Je suis bien contente que Maman pour la vie ait crée cette section. Nous avons enfin un endroit où on peut partager et discuter. Cela aidera aussi les mamans qui auront à passer par là. J'aurais bien aimé, l'an dernier, pouvoir jaser avec des mamans qui ont vécu un deuil.



Je suis Julie, maman de Chloé (10 avril2008) et de l'ange Gabrielle qui nous a quitté le 18 mai 2007.

Je suis tombée enceinte le mois suivant l'arrêt de la pilule anti-conceptionnelle. Une superbe surprise, je croyais que ça prendrait quelques mois avant de mettre un petit bébé en route. Mais la vie nous a gâté, j'ai eu un beau plus dès le premier mois. Je savais donc exactement la date de conception. Au premier rendez-vous, à 10 semaines, le docteur me fait toute une frousse en me prédisant une fausse-couche car j'avais eu de léger saignement. Il me fait un écho vaginale, on voit bien le bébé et son petit coeur battre, il y a donc de l'espoir. Il recule cependant la date prévue d'accouchement de 10 jours. Comme c'est une première grossesse, je ne me pose pas plus de questions que ça, croyant que je me suis peut-être trompée dans mes dates et calculs. Ça aurait cependant dû me mettre la puce à l'oreille que quelque chose ne tournait pas rond. Le médecin aurait dû aussi poser des questions. Il ne l'a pas fait...

Ma grossesse se continue normalement. J'ai encore de légères pertes sanguines, mais elles sont pâles, indiquant que c'est probablement du vieux sang. On entend le petit coeur à chaque rendez-vous, c'est un tel bonheur!

Je devais avoir mon écho de mi-grossesse le 22 mai 2007. J'ai senti les premiers coups francs de mon bébé d'amour le 14 mai. Wow, quelle sensation!! Le 16 mai, j'ai une perte de sang rouge, grosse comme un deux dollars. J'appelle à info-santé qui me dirigent vers l'hôpital. Selon ma DPA reculée, j'en suis à 19 6/7. Je me présente quand même à la maternité. On écoute le coeur, qui bat très bien. Mais les infirmières décident de me garder pour la nuit et je passerai une écho à la première heure le lendemain. Mon conjoint retourne à la maison, on pense tout les deux qu'il s'agit sûrement d'un décollement, que j'aurai l'ordre de rester allitée pour un temps. La nuit se passe bien, puisqu'on a entendu le coeur, je ne suis pas trop inquiète.

Le lendemain, 17 mai, je passe très tôt une écho. Et là, le malheur nous frappe. La technicienne qui nous fait l'écho est étrangement silencieuse. Elle fait venir la radiologue qui nous annonce la nouvelle, ces quelques petites phrases qui nous frappent en pleine face, auxquelles on ne veut pas croire. Le bébé a un retard important de croissance, les mesures indiquent une grossesse de 15 semaines. Il a de multiples malformations, qui nous laissent croire que le bébé ne sera pas viable. J'avais de la misère à respirer, je ne pouvais pas croire que ça nous arrivait. L'obstétricienne de garde vient nous rencontrer, et nous suggère d'interrompre la grossesse. Moi, j'avais l'impression d'avancer dans le brouillard, tout est flou.

Nous décidons donc d'interrompre la grossesse, de ne pas faire subir plus de souffrance à notre petit bébé. Nous ne savons pas encore si c'est un garçon ou une fille, nous décidons donc de l'appeler Gabriel (le). On commence à me mettre du cytotec sur le col, pour le faire dilater et provoquer l'accouchement. La gynéco m'assure qu'à mon stade de grossesse, 3-4 doses, aux 4 heures, sont suffisantes. J'aurai eu finalement 7 doses, pour un total de 28 heures. Les 28 heures les plus longues de ma vie. D'un côté, j'aurais voulu en finir avec cette peine immense, mais avec le recul, je me rend compte que ce temps d'attente avant l'accouchement nous ont permis, à mon conjoint et à moi, de réaliser ce qui nous arrivait.

Gabrielle a vu le jour le 18 mai à 11h37am. Elle était déjà avec les anges, l'accouchement avait eu raison de sont petit coeur. Malgré la peur que nous avions pendant les heures précédent l'accouchement, nous avons pris notre ange dans nos bras. On tombe imédiatement en amour avec notre enfant, qu'il soit bien vivant ou décédé. Nous avons pris tout notre temps pour la prendre et la regarder. Ces quelques moments avec elle seront nos seuls souvenirs communs. On réalise qu'il n'y aura pas de premier sourire, de premier babillage, de premiers pas. On ne l'entendra jamais dire maman et papa. On fait le deuil de cet enfant, de tous les moments qu'on avait imaginé vivre avec lui.

Le pire, c'est que l'entourage réalise à peine la perte qu'on vit. Bien sûr, ils ont du chagrin, mais ils sont tellement loin d'imaginer ce qu'on vit réellement. J'aime beaucoup ce que Marie50 a écrit, je me sens aussi comme si une part de moi était morte avec Gabrielle, mais elle m'a laissé une partie d'elle qui fait de moi une personne différente. Une personne quelques fois meilleure, quelques fois non, mais certainement différente. Et je resterai tatouée de ma Gabrielle, tous ce qui m'arrivera dans ma vie sera teintée de sa perte.

On doit aussi réapprendre à vivre normalement. Lorsque les gens me demandent si Chloé est mon premier enfant, je leur répond que non, il y a l'ange Gabrielle. Ça les rend énormément mal à l'aise, mais je ne peux pas passer sous silence le court passage de Gabrielle dans ma vie. La grossesse de Chloé a été très longue, j'ai eu l'impression que ça avait duré des années. Je me suis aussi sentie coupable de ne pas profiter de cette grossesse, mais j'avais tellement peur qu'il arrive quelque chose, je ne pouvais pas simplement en profiter. Je me sentais tiraillée entre la joie d'attendre Chloé et la peine de l'absence de Gabrielle.

Aujourd'hui, plus d'an plus tard, j'y pense encore tous les jours. Nous avons fait baptisé Chloé le week-end dernier et je n'ai pu m'empêcher de pleurer à l'église en pensant à mon ange. Je me réconforte en me disant que Chloé a son ange gardien bien à elle.....

Julie, tatouée Gabrielle

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louloutte29

Inscrit le :
13 sept. 2007

Posté le: 9 septembre 2008 15:37:17 EDT  
Bonjour Marie50! J'étais avec toi dans les mamans de février 2008, je savais que tu avais perdu des jumeaux mais je n'imaginais pas ton récit comme ça. Ça me bouleverse de te lire, car comme tu l'as dit, personne ne peut imaginer la douleur de cette perte sans l'avoir vécu.

Je ne sais pas trop quoi te dire à part que je te lève mon chapeau d'être aussi sereine aujourd'hui et d'avoir eu le courage de vivre une autre grossesse après ce triste drame que tu as vécu

Avec tout mon respect et mon admiration pour toi,

Amicalement Louloutte et Thomas, 8 février 2008

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marie50

Inscrit le :
13 sept. 2007

Posté le: 9 septembre 2008 09:07:06 EDT  
Je suis maman de 4 enfants dont deux jumeaux sont nés à 21 semaines de grossesse suite à une ruptue prématurée des membranes.

Louis-Félix et Gabriel m'ont quittée le 14 janvier 2007.
Au début de ma grossesse, je commence à perdre du sang. Après une échographie, on voit un petit décollement d'un des placenta. Puis les saignements se résorbent en moins d'une semaine. À 12 semaines de grossesse, les saignements recommencent mais en grande quantité. Ca y est, je croyais que je les perdais, mais ils sont restés accrochés. Deux mois complètement alitée s'en suivent donc, je me lève seulement pour aller à la toilette. J'avais un hématome rétroplacentaire qui créait un vrai déluge lorsqu'il crevait.

Puis, mes saignements ont diminué puis ont cessé. Ma grossesse prenait enfin du mieux, mais je restais tout de même prudente en demeurant au lit. Le soir du 10 janvier 2007, je sens un peu de liquide s'écouler. En allant à la salle de bain pour vérifier, je me rends compte que ce liquide est clair. À 20 semaines, je sens que tout est perdu, que ma vie bascule.

On me passe en échographie le lendemain après m'avoir placée dans une salle d'accouchement de grossesse à risque, sous observation. Je m'attendais alors à avoir des contractions mais rien ne se produisit. L'échographie a révélé un bébé dans très peu de liquide amniotique mais bien vivant. Le deuxième bébé avait tout son liquide dans sa poche, il se portait très bien.

Durant les trois jours suivants, on était à la recherche de réponses à nos nombreuses questions. Les médecins m'ont dit qu'à ce stade de la grossesse, un bébé avec la quantité de liquide qu'avait mon pauvre Louis-Félix était condamné. Il ne pouvait développer les muscles de son corps à cause de possibilité trop restreinte de mouvements. Le pire, il mourrait à la naissance à cause d'une incapacité respiratoire. Les bébés ont besoin de respirer du liquide amniotique afin de développer leurs poumons et les muscles nécessaires à la respiration. Cette révélation me renversa, je devais accoucher d'un enfant qui décédera à sa sortie.

On a tenté de trouver des solutions pour sauver le deuxième bébé. J'ai demandé une césarienne pour un bébé mais c'était impossible. Une chirurgie de l'utérus provoquerait des contractions et la naissance de 2e suivrait. Un bébé de 20 semaines ne peut survivre hors de l'utérus. On m'a aussi parlé de l'infections qui apparait à la suite de la rupture des membranes. Dans mon cas, on estimait que les bactéries contenues dans le sang de mon décollement placentaire ont effrité la membrane et causé la perte des eaux. L'infection serait imminente, provoquant ainsi l'accouchement. De plus, je ne perdais plus de liquide amniotique, un sac vide en serait la cause. Ceci est aussi une porte d'entrée plus grande à l'infection. Et les deux bébés en serait touchés, l'infection gagnerait l'utérus, bébé 2 et moi. Nous en étions tous touchés.

Si j'avais laissé la nature faire les choses par elle même, j'aurais accouché à cause de l'infection qui aurait provoqué des contractions.Et les chances de sauver un bébé infecté sont très minces dans les cas de grande prématurité. Si chance il y a, la liste des séquelles permanantes risquait d'être encore plus longue que la liste des bébés prématurés.

Il ne me restait qu'à espérer un miracle, celui que le sac de Louis-Félix se recolle, tout rentrerait dans l'ordre. Nous avons laissé quelques jours s'écouler avant de passer une autre échographie. Lors de ma dernière échographie, j'ai vu un pauvre petit bébé, tout coincé, sans la moindre goutte de liquide amniotique. Je me suis alors effondrée, j'ai pleuré toutes les larmes que mon corps pouvait contenir. Et j'ai compris que je n'avais plus le choix. En retournant à ma chambre, j'ai demandé qu'on mette un terme à ma grossesse qui était si difficile depuis le début. Je ne voulais pas attendre que mes bébés souffrent, je n'étais plus capable de continuer ainsi, je devais me libérer de toute cette insupportable pression. Je n'aurais jamais pensé que quelque chose d'aussi difficile puisse m'arriver. C'est à mon avis, la décision la plus difficile qu'on doive prendre dans notre vie.

J'ai fait énormément de sacrifices pendant cette grossesse. J'ai passé deux mois chez mes parents, alitée, sans pouvoir prendre ma fille de 11 mois dans mes bras, sans voir le père de mes enfants (seulement les fins de semaines à cause de la non-proximité), sans sortir, sauf pour aller à l'hôpital passer des examens. Je l'ai fait pour amour de mes jumeaux adorés, parce que j'aurais tout donné pour leur donner ne serait ce qu'une chance de voir le jour et de vivre en santé.

J'ai accouché de Louis-Félix, qui est mort pendant l'accouchement le soir du 14 janvier. Son frère, Gabriel, est mort trois heures après sa sortie de l'utérus, collé peau contre peau sur ma poitrine et celle de son frère jumeau. Ce fut pour moi le moment le plus difficile de ma vie. Je peux dire que j'ai mis toute mon énergie à les accompagner du mieux que je le pouvais, tellement que j'ai eu l'impression de mourir avec eux. Oui, une part de moi s'est envolée avec mes jumeaux, tout comme une part d'eux est restée avec moi, dans mon coeur. Nous sommes ensemble, du mieux que nous le pouvons, à tout jamais.

Louis-Félix et Gabriel m'ont permis d'en apprendre énormément sur moi et sur ma façon de voir la vie. J'ai dépassé les limites du raisonnable, de l'humainement supportable. J'ai vécu, en quelque sorte, ma propre mort. Sereinement, silencieusement, doucement. J'ai touché à des dimensions que peut être seuls les gens qui en accompagnent d'autres vers la mort ont senti avant le jour de leur propre mort. J'ai grandit dans cette expérience si bouleversante.

Marie-Julie, maman de Livia, d'ange Gabriel et d'ange Louis-Félix

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