Vie scolaire

Notre première rentrée scolaire... à la maison!

J’étais couchée dans mon lit, les yeux rivés au plafond. Mais qu’est-ce que je venais de faire là? Le cœur me débattait dans la poitrine. La séance d’information pour l’école alternative était passée. Étais-je si certaine de vouloir éduquer mes enfants à la maison?

Je venais de rater ma chance d’envoyer mes enfants à l’école alternative. Avant même d’avoir des enfants, j’avais décidé de les envoyer là. Mon conjoint est encore plus sceptique que moi pour l’école à la maison. Je dois le rassurer tous les jours, plusieurs fois par jour.

Depuis 2 ans, je fréquentais des forums de parents qui enseignaient à leurs enfants, je lisais des récits, des blogues et des livres sur l’enseignement à domicile. J’étais convaincue de vouloir vivre cette aventure-là. Mais se décider d’être en marge du système d’éducation, le faire pour de vrai, quelle étape!

Se renseigner d'abord

Quelques semaines après est venu le symposium de l’Association Québécoise pour l’Éducation à Domicile. Il s’agit d’un très bon point de départ. Une conférence sur l’aspect légal de la chose a tôt fait de rassurer mon conjoint. Puis, des conférences sur la pédagogie, des rencontres avec d’autres parents, des kiosques remplis de matériels... Nous sommes sortis de là gonflé à bloc : on va faire l’école à la maison et ça va être fantastique!

Une copine orthopédagogue m’a transmis le programme du ministère de l’Éducation, je le feuillette et regarde les objectifs de la maternelle. Peu de gens le savent, mais la maternelle n’est pas obligatoire, elle existe à priori pour aider les enfants à s’intégrer à l’école, sert aux professeurs pour connaître le niveau des enfants et palier d’éventuels manques de stimulation le plus vite possible. Or, les objectifs sont atteints dans le cas de ma fille.

Alors, je me dis que nous allons fouiller du côté de la première année et nous orienter avec les intérêts de ma fille aînée. On va prendre un peu d’avance. Je suis un peu dans le brouillard, septembre sera notre première rentrée et je ne sais pas exactement comment ça va se passer. Je m’oriente pour faire une première année « très large » sur deux ans, question de me rassurer et de me donner du temps pour m’ajuster. Je lis des livres destinés aux professeurs et je me sens un peu dépassée. J’ai une formation en éducation à l’enfance et en administration, pas en enseignement! Mais ce n’est pas si mal. Nous avons beaucoup de temps et je connais très bien mes enfants, j’ai été là pour leurs premiers mots et leurs premiers pas, je devrais être capable de continuer!

Quels sont les choix?

Devant moi, j’ai plusieurs choix. Certains parents adoptent un style très scolaire, avec des heures de « classe », des manuels du ministère et suivent le curriculum des écoles. D’autres utilisent des cours français ou belges, ou magasinent les cours selon les besoins de leurs enfants. Certains optent pour la pédagogie par projet, comme dans les écoles alternatives.

Finalement, certains parents suivent la voie du unschooling, c’est à dire laisser l’enfant être complètement maître de ses apprentissages et lui fournir les ressources nécessaires lorsqu’il en a besoin.

Puis viennent une quantité phénoménale de pédagogie : Montessori, Waldorf, Charlotte Mason...

La grande majorité des familles sont tout à la fois. Empruntant à un ou à l’autre le meilleur pour leur famille.

Et ma famille, moi?

D’abord, je sais que je suis allergique aux horaires, aux curriculums rigides et aux cahiers d’exercices. Il doit y avoir un gène pour ça, car il semblerait bien que ma fille aînée en ait hérité!

Je commence donc à la fin du printemps à rencontrer les autres familles du coin qui font l’école à la maison. Il s’agit d’un groupe de soutien, comme il en existe plusieurs à travers le Québec. Les gentilles familles me présentent leur matériel et je me fais une idée plus précise de ce que je vais utiliser.

Je peux voir mes filles s’amuser follement avec les autres enfants. Les liens se tissent très vite, je me sens bien parmi ces familles.

Maintenant, nous regardons les amis de ma fille acheter leur matériel scolaire. Les pharmacies et les magasins à grande surface sont remplis de fournitures d’école. Comme rien ne presse, l’achat de matériel se fera au retour de nos vacances d’été, à la fin septembre, lorsque tout sera en solde. Mais ça nous travaille! Nous sommes toutes heureuses et excitées à l’idée de faire notre première liste d’achat, je me couche aux petites heures après avoir créé des activités scolaires. J’ai un réel plaisir à entrer dans cette belle aventure maintenant.

Il existe par contre des familles qui choisissent l’école à la maison, par nécessité, lorsque plus rien ne fonctionne et ont beaucoup moins de temps de préparation. Aussi, il est beaucoup plus aisé de commencer avec la maternelle, qu’au milieu d’une année scolaire du primaire.

Témoignage d’Hélène Larocque, mère de deux enfants

Après un déménagement de province, mes enfants ne faisaient que bûcher pour l’école. Trop en retard sur le programme (chaque province a le sien), mes enfants avaient 2-3 heures de devoirs le soir, en plus de manquer les arts et les récréations durant le jour. Pour l’école-maison, la décision s’est prise en 2 ou 3 semaines, pour sauver mes enfants de la dépression!

En 2 semaines, j’ai passé plusieurs heures devant l'ordinateur à faire des recherches, me renseigner, lire les lois sur l'éducation. Mon mari s'occupe des enfants, m'apporte à manger (car j'oublie de me nourrir quand je suis à 100 % impliquée dans un projet) et je me force à aller me coucher à des heures raisonnables.

Pour les livres et les cahiers, au début, on a pris ce qu'on pouvait trouver le plus vite possible, étant donné que ceux de l'école, rapportés à la maison par nos enfants, étaient ennuyants ou sans corrigés ou manuel du professeur. Je ne pouvais pas m'asseoir tranquillement avec mes enfants, car je me savais surveillée par la directrice, je savais que j'aurais des comptes à rendre à la fin de l'année.

À la fin de l'année, elle nous a demandé un porte-folio que nous avons fait : j'en ai mis assez pour l'épater en lui présentant un cartable d’un pouce d'épais.

Depuis j'ai fait des recherches plus approfondies, j'ai trouvé un curriculum de mathématiques, d'anglais et un autre de science qui fonctionne très bien. Je suis toujours à la recherche du programme de français qui va nous faire triper, autant moi que les enfants.

Je suis en constante évolution, je m'éduque moi aussi... à la maison.