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Marie-Lili

Inscrit le :
11 mai 2004

Posté le: 16 janvier 2009 13:30:22 EST  
Il fait froid, les petits sont couchés, et je n'ai pas le goût de faire du ménage. Alors je me fais plaisir, je vous transcris ici un court texte que j'ai écrit dans le cadre d'un exercice d'atelier à l'école. Lors de ces exercices, nous devions écrire à partir de thèmes prédéterminés. Alors je vous propose l'un d'eux, le thème "chaud" (pour faire oublier la température). Si ça vous tente, écrivez, sous la forme que vous voulez (nouvelle, poème, etc.) un texte en pensant à un moment où vous vous souvenez avoir eu particulièrement chaud.

Si ça vous tente aussi de proposer d'autres thèmes sur de nouveaux posts, gênez-vous pas, ça peut être amusant!  

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Marie-Lili

Inscrit le :
11 mai 2004

Posté le: 16 janvier 2009 13:32:39 EST  
La montée de lait

Une sirène d'alarme, en l'occurrence les pleurs affamés de mon fils, retentit au milieu du silence nocturne. Tirée brusquement d'un sommeil déjà précaire, mon premier constat est que je baigne dans ma sueur, trempée par mes hormones qui dégagent de mon corps une incroyable bouffée de chaleur. Rapidement, je me débarrasse des couvertures de mon lit, de mes chaussons et de ma robe de chambre qui m'empêchent de bien respirer et qui, de toute façon, sont légèrement trempés eux aussi. J'ai faim et je ressens une dérangeante sensation en provenance de ma vessie, mais la recrudescence du signal d'alarme m'indique que ces désagréments devront attendre leur tour.

J'entre dans la chambre d'où vibre, strident, l'appel du ventre vide. Prenant mon petit trésor dans la chaleur de mes bras, je me dirige vers le salon où, bien enfoncée dans le fauteuil en cuir, je pourrai éteindre l'incendie qui fait rage dans ce tout petit corps. Mais avant de m'installer, j'ouvre la fenêtre pour laisser sortir la vapeur qui irradie de mon corps en ébullition.

Dès le début de la tétée, le petit être que je serre amoureusement contre mon abdomen se détend, le lait éteignant peu à peu le brasier de son estomac. Je détache quelques boutons de son pyjama afin que, sentant ma peau contre la sienne, il sache qu'il est en sécurité.

Les minutes passent, le silence est revenu, entrecoupé des grincements du vieux fauteuil berçant. Ma boule d'amour s'est endormie et sa bouche fait des mouvements de succion dans le vide. La fenêtre qui a terminé l'évacuation de ma chaleur laisse maintenant entre la fraîcheur de la nuit qui me fait soudain frissonner. D'une main un peu maladroite, l'autre tenant encore mon bébé, je tente de saisir la couverture qui repose sur le dossier du fauteuil, pour m'en envelopper et empêcher ce froid de souffler sur nous. Peine perdue : la couverture glisse et s'écrase par terre.

Délicatement et en grelottant, je me lève de mon fauteuil avec mon paisible chargement. Je vais reposer dans son lit le trésor endormi et, à pas feutrés, me dirige vers la salle de bain. Tout en me soulageant, je ressens bientôt une sensation de brûlure occasionnée par mon point de suture, souvenir de mon accouchement encore récent. Je prends une collation au passage dans la cuisine et, silencieusement, afin de ne pas éveiller le gros ours ronflant avec qui je partage mon lit, je revêts robe de chambre, chaussons et couvertures pour tenter d'apaiser les frissons de mon corps.

Après un trop court moment, la sirène d'alarme retentit. Encore.
  

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