Mon témoignage de grossesse suite à un viol

Je voulais vous faire part de mon témoignage de vie...

À 18 ans, j'étais étudiante à l'université quand j'ai été victime d'un viol. Ce fut absolument l'expérience la plus terrible de ma vie. J'ai été battue et violée par deux hommes dans une ruelle de Montréal alors que je revenais à mon appartement après un cours du soir. J'ai bien sûr été voir la police et j'ai aussi vu une psychologue à plusieurs reprises. La semaine qui a suivi a été un vrai cauchemar, je n'arrêtais pas de repenser à l'acte...

Je n'avais pas de copain à ce moment là et ne prenais pas de contraception. J'ai su trois semaines plus tard que j'étais enceinte. Ce fut une nouvelle immense pour moi. Je savais depuis que j'étais toute petite que je voulais un jour être maman, mais pas dans ce contexte... Ça n'a pris que quelques jours pour que je commence à ressentir des symptômes de grossesse. Je savais très bien que j'étais enceinte et que je portais la vie d'un tout petit bébé. Pour moi il était clair que j'allais porter l'enfant à terme. Je me disais que je déciderais pendant la grossesse si je voudrais le donner en adoption.

À partir du moment où j'ai pris cette décision, la planète entière s'est mise contre moi. Mes parents, mes amis, voulaient que j'avorte. Ils pensaient tous que j'étais folle de vouloir garder l'enfant, que je le regretterais. Lorsque j'ai vu le médecin pour la première fois, il a tenté pendant une heure de me convaincre d'avorter, puis ainsi à chaque rendez-vous jusqu'à ce que je change de médecin. On m'a forcé à aller rencontrer un psychologue et deux travailleurs sociaux : tous n'avaient qu'un seul but : me convaincre de me faire avorter. Une des travailleuses sociales a même pris un rendez-vous pour moi dans une clinique d'avortement et m'a juste annoncé : nous allons te faire avorter jeudi à telle heure, je vais t'accompagner, etc! Les gens me regardaient avec dégoût parce que je voulais garder l'enfant. On m'a dit que je lui donnerais une mauvaise vie, qu'il serait mieux de ne pas exister, que moi-même je me condamnais à vivre sur le bien-être social le restant de mes jours, que mon enfant et moi serions des fardeaux pour la société, que je faisais reculer la cause des femmes, et j'en passe... Ça a été tellement difficile... parfois j'ai failli céder à toutes leurs pressions!

À bout de souffle, je suit allée cogner à la porte d'un presbytère. Je n'étais pas catholique, encore moins pratiquante, mais je me disais que peut-être que ces gens-là voudraient m'aider. Et c'est ce qui est arrivé. Un prêtre m'a aidé financièrement au début, et m'a surtout porté une oreille attentive alors que personne ne m'écoutait et tout le monde me disait le même discours : ''fais-toi avorter, c'est la seule solution''. Ensuite une famille de sa paroisse m'a ouvert leurs portes. J'ai habité chez eux à partir du sixième mois de ma grossesse et pendant un an. Il m'ont aidé à passer à travers toutes mes épreuves et ont été l'équivalent d'une deuxième famille pour moi alors que la mienne me reniait pour le choix que j'avais fait de garder mon bébé. Oui, j'ai gardé mon bébé. Thomas. Il est ma plus grande fierté et ma plus grande joie. Il a maintenant 4 ans. Le temps passe si vite. Après sa naissance, je n'ai jamais regretté la plus grande et la plus belle décision que j'ai prise de ma vie, mettre au monde mon enfant. Je l'aime tellement.

Mon histoire se continue bien. J'ai rencontré un homme extraordinaire qui m'a marié et a adopté légalement Thomas. Thomas a bien une mère et un père qui l'aime. J'oublie presque parfois qu'il n'est pas ''biologiquement'' notre enfant à nous deux tellement pour moi, nous sommes une vrai famille. Depuis, nous avons eu un autre enfant, Étienne, et nous attendons notre troisième avec impatience. 

réponse à caro-maman du 19 mai 2010
C'est par hasard que j'ai lu votre témoignage sur le viol donc vous étiez victime.J'admet que je vous répond avec 7 ans de rétard.Normalement quand des médecins des psychologues des thérapeutes sont tous d'accord sur un point il faut bien reflechir.Quand quelqu'un te force d'avoir des rélations sexuelles non cosentantes cette personne a des problèmes psychiques dans sa tete.Quand on conçoit un enfant on lui transmet ses genes et un heritage psychique.Je comprend votre naiveté à cet age de 18 ans.Tot ou tard l'enfant saura ses origines.Et pour lui ça  

merci davoir partager cette touchante histoire! jen ai eu les larmes aux yeux surtout que mon petit bb sappelle thomas et je nimagine pas ma vie sans lui...un bb c pur et pleins d'amour meme si le geste qu on tas pose etait degoutant et violent.felicitation a la belle famille que vous etes devenue et j'espere que tout va bien pour toi psychologiquement suite a ce viol... 

Wow, je n'en reviens pas. C'est dégoûtant, déja que tu avait eu le choix de tomber enceinte enlevé de tes mains, en plus on voulait t'enlever l'enfant contre ton gré! C'est abherrant. Tu as été très courageuse de tenir ton bout! Tu es définitivement quelqu'un d'exceptionnel  

C'est un témoignage très touchant. Je te trouve très courageuse et je te souhaite d'être heureuse avec tes 3 enfants d'amour!

Ce que je déplore dans l'histoire c'est le manque d'écoute des gens, les jugements et les pressions...le libre choix ça existe et encore plus dans le milieu médical messemble...

Encore bravo pour ton courage de partager ça avec nous! 

Bonjour,

Tout d'abord, un immense bravo. Juste le viol en soi portait suffisamment de choses à cicatriser pour que tu aies un support chaleureux pour retrouver ton équilibre et te reconstruire. Combiner à cela une grossesse et avoir à choisir entre garder l'enfant ou avorter, ça prend une résilience à l'épreuve incroyable. Je salue ta force et ton courage. Tu as réfléchi, pris contact avec tes émotions et suivie la voie qui te semblait salutaire.

En lisant ton message, j'ai tenté de me positionner par rapport au choix que tu devais prendre. Il y a pas de solution miracle parfaite et toutes les avenues comportent des avantages et des inconvénients. D'un côté, j'aurais craint d'avoir, par l'enfant, l'image du viol en permanence dans ma vie alors que l'on veut passer à autre chose. D'un autre côté, bien, ça reste un enfant. Avorter, ce n'est pas une décision facile à prendre. L'adoption? Je ne sais pas. On porte l'enfant 9 mois. Le donner par la suite, ça doit être vraiment déchirant. Ça dépend donc de l'analyse, des valeurs, du contexte et de la petite voix intérieure de chaque personne.

Vraiment, malgré l'adversité, que tu aies mené ta grossesse à terme et que tu poursuives l'éducation de ton fils, avec ton nouveau conjoint, en l'aimant inconditionnellement en acceptant la douleur liée à la conception, sincèrement, je te félicite. Je souhaite que tu sois comblée de bonheur et que tu reçoives beaucoup d'appui. 

caro-mamande3 : Merci de partager ce témoignage de vie avec nous. Tu aideras certainement d'autres mamans comme toi à faire un choix! 

Tu es d'une force incroyable.

Merci d'avoir si généreusement partagé ton histoire.

 

ouff, ça donne des frissons comme histoire. Je te souhaite tout le bonheur du monde.

Je trouve que souvent les gens jugent bien trop vite. Quand on est pas dans les souliers de la personne on peut pas savoir ce qu'elle vit et encore moins décider à sa place et lui dire quoi faire. Tu as écouté ton coeur et il t'a dit de garder ton enfant. Bravo.

 

C'est très touchant de te lire...Merci d'avoir partager ton histoire avec nous...

Il faut savoir écouté son coeur dans ce genre de situation. Personne ne ser ajamais mieux placé que nous pour prendre la décision de garder ou non un bébé.

Sois heureuse !

Gala  

C'est touchant de te lire et ça me fait tout drôle... c'est la première fois que je rencontre une autre femme ayant fait le choix, comme moi, de poursuivre la grossesse suite à un viol.

Mon histoire est un peu différente; n'ayant pas divulgé l'histoire du viol ni à mes parents, ni à l'équipe médicale, je me suis épargnée les pressions que tu as dû subir. C'est sûr que l'avortement a été fortement proposé à cause de mon statut d'étudiante et célibataire mais, à leurs yeux ce n'était qu'un accident de parcours et pas un acte odieux qui était à l'origine de ma grossesse. J'étais très consciente de devoir garder le silence, que ma décision ne serait pas acceptée autrement.

C'était il y a 20 ans...

Je te souhaite une belle continuation dans ta vie de famille! Et chapeau ma belle! C'est toute une épreuve que tu as traversée là!