L'instinct

(Il semblerait que je sois dans les questionnements existentiels ce soir...)

J'entends souvent les gens dire, en parlant les relations interpersonnelles : "Tu devrais te fier à ton instinct", "Moi, mon instinct me trompe rarement"...

Il est vrai que parfois, je gagnerais à écouter davantage certains petits signaux d'alarmes. Ça m'aurait sans doute évité, en outre, de me faire arnaquer au point de devoir poursuivre aux petites créances.

Par contre, je suis assez perplexe quant à l'instinct... encore faudrait-il définir le terme. Quand "instinct" devient-il synonyme de "préjugé" ?

À mon avis, quand on se fait une idée sur quelqu'un, on fait tout en notre pouvoir pour confirmer ladite idée sans tenir compte des éléments qui la contredisent. Je lisais tout à l'heure la chroniqueuse Josée Blanchette qui faisait référence à une de ses tantes qu'elle disait ne pas aimer, instinctivement. Or, il se trouve que la tante en question a trompé son mari (supposément un bon gars) avec un huissier et l'a laissé tomber après une vingtaine d'années de vie commune. Pratique pour madame Blanchette : ça lui confirme que son instinct est bon, et ça la rassure dans ses certitudes.

Sauf que... il nous manque toujours une version. Le bon gars, était-il si bon que ça ? Pour avoir connu des hommes violents et même, un pédophile, je peux dire que les apparences sont SOUVENT trompeuses. TRÈS trompeuses : ces genres de personnes sont passées maîtres dans les arts de la dissimulation et de la manipulation.

Bon, le gars était peut-être réellement un ange. Qu'à cela ne tienne ! Aurait-il été plus honnête, de la part de la "méchante tante pas fine", de rester avec le bon gars qu'elle n'aimait plus plutôt que de succomber à une passion dévorante (je vous le concède, il est ardu d'imaginer un huissier en amant passionné, mais ça pourrait faire un personnage de roman vachement intéressant ).

Et puis, dans le pire des pires des cas, si la tante était réellement une vraie "traînée", ne serait-il pas plus noble d'essayer de comprendre pourquoi elle est une "traînée" ? Suite à un traumatisme sexuel, les victimes sombrent souvent dans l'un ou l'autre de ces extrêmes : la frigidité ou la banalisation du sexe. Si derrière la "traînée" en question se trouvait une petite fille incestuée ? Sans l'excuser, ne pourrait-on pas tenter de la comprendre, à tout le moins un tantinet ?

L'instinct nous empêche-t-il de garder l'esprit ouvert ?

Merci à l'avance pour vos commentaires.

Mautadit! Je n'arrive pas a séparer les citations, j'espère que tu comprend tout de même mon message..

Hélo

Euphroisine a écrit
Je pense que notre problème majeur à nous, les êtres humains, c'est que nous ne pouvons pas accepter que nous ne connaissons pas ce qui nous entoure. Ça nous insécurise de nous admettre que nous ne comprennons pas tout. Alors nous apprenons à juger, et dans l'exercice de ce jugement , nous développons des comportements fautifs ou des raisonnements fallacieux : nous médisons, nous préjugeons, nous pensons posséder la vérité.

Moi-même, je ne fais pas exception. Mais des fois, je me parle. Je me dis "Coudonc, Euphroiphroi, tu ne la connais pas, cette fille-là" ou encore "tu ne la connais pas, cette situation-là ". Alors j'accepte de rester dans l'incertitude et le doute.

Bizarrement, paradoxalement, je me rends compte que je me sens plus sereine quand j'accepte l'incertitude que lorsque je m'accroche à une prétendue vérité. J'ai de la difficulté à l'expliquer, mais c'est une sensation... de sérénité (y'a pas d'autre mot).

Ça y est! Je suis démasquée!

Non mais sérieusement, ça fait partie de ma personnalité que de dire ce que je ressens et ce que je pense tout haut, je verbalise beaucoup ce qui ce passe dans ma petite tête.
J'espère juste ne pas passée pour une "téteuse" ce que je ne suis pas, mais alors pas du tout.

Je suis d'accord avec MarieCharlo, les sujets n'évoluent pas toujours comme ils le devraient. Ce que je déplore dans certains cas, c'est la mauvaise foie de certaines personnes, qui n'acceptent pas les opinions des autres. La fermeture d'esprit quoi. Je comprend que les gens aillent des points de vue différent et qu'ils essaient de le faire valoir, ce qui et tout a fait louable, mais encore faut-il le faire dans le respect. Des fois ça devient un dialogue de sourd.

Hélo

COOL !
Je suis vraiment contente !

T'étais mieux d'accuser personne !

Mouahaha! Si ta tête ne passe plus dans le cadre de porte, t'as échoué le test
Moi, je suis prise dans mon appart depuis ce matin. J'pense que je coule aussi... hahaha!

C'est normal qu'un sujet évolue.
Du moment qu'on ne parle pas de son exact contraire, moi, ça me va.

Voici le conte :

La Tortue et les deux Hérons

La sécheresse faisait rage dans la province du Hou Nan. Ainsi les 2 forts beaux hérons Tching et Tchang décidèrent-ils de migrer vers le nord à la recherche de lieux plus hospitaliers. Mais ils cohabitaient depuis toujours avec Pi-Houan une vieille tortue à la lourde carapace ; et malgré son mauvais caractère elle gardait pour eux le logis pendant leurs longues pêches, aussi ne purent ils se résoudre à l'abandonner. Il fût décidé qu'ils l'emmèneraient avec eux.

Dès le lendemain matin, ils tinrent conseil sur la façon de la transporter . Il fût décider de couper un bâton solide, que tching et tchang tiendraient, chacun par un bout, tandis que pi-houan le mordrait en son milieu . Ce procédé comportait des risques car le vol se faisait à haute altitude et si dame pi-houan en venait à ouvrir la bouche , elle se fracasserait au sol.

Une heure après un décollage difficile, le trio volait à un rythme régulier , traversant la campagne isolée. Plus tard, les premiers champs apparurent. Les paysans qui y travaillaient aperçurent l'étrange équipage : « Voyez cette tortue, comme elle est intelligente ! s'exclama l'un d'eux. Elle se fait transporter par deux hérons ! » Pi huan se garda bien de répondre, mais savourait les compliments. Puis ils survolèrent la ville, là encore on entendit : « Est ce la reine des tortue, avez-vous remarqué ce brillant équipage ? Quelle façon intelligente de voyager ! » Plus loin encore ils survolèrent une prairie , ou des petits bergers les montrairent du doigts : « Regardez ces deux hérons, disait l'un d'eux, ils emmènent cette balourde de tortue, sans doute pour agrémenter leur repas du soir, comme ils sont intelligents ! _ Stupides bergers, vous n'y comprenez rien ! » voulut s'écrier pi-houan. Mais à peine avait elle ouvert la bouche qu'elle lâchait le bâton et s'écrasait sur le sol, la carapace éclatée. Les deux hérons descendirent en vol plané , ils arrachèrent une plume grise, une plume blanche de leur ailes en signes de deuil ; ils tournèrent un instant au dessus de leur pauvre amie et disparurent bientôt dans le lointain.

* Morale du conte

Le sage , dit le maître du zen , accueille d'un c?ur égal la flatterie ou le mépris. Il est semblable à la flamme d'une bougie , qui monte droite et claire, et qui, au moindre souffle , ne faseye. Nul ne peut nous agresser moralement sans notre consentement, c'est nous qui ouvrons les écluses au chagrin. Aucune injure ne pouvait faire lâcher prise à la tortue. L'insulte, le mépris, l'anathème représentent l'opinion de celui qui les profère, c'est son problème, pas le notre. Il se peut au demeurant que le blâme soit justifié, nous l'acceptons comme tel. Qui est parfait ? Il se peut aussi qu'il soit erroné, partial, injuste, laissons le alors dans la bouche de celui qui l'a prononcé. Notre paix, notre destin , sont entre nos mains. « Entre nos dents », bougonne le fantôme de la tortue.

Je suis d'accord avec toi MarieCharlo, ce que j'aime de vous deux (Euphroisine et MarieCharlo) c'est que vous démontrez beaucoup d'ouverture, d'humilité et vous êtes capables de vous questionner tout haut. J'admire et j'apprécie ces qualitées. Je trouve que ça manque un peu sur le forum (sans vouloir accuser personne personnellement).

Hélo

(Je m'entends bien avec toi, en tous cas !)

Merci

(J'ai bien aimé "Les thanatonautes", ton chum l'a-t-il lu ?)