Fanie, ma petite ange

Le 1er septembre 2010, j'ai vécu la plus grande joie; la naissance de ma 1ere fille.
Le 18 septembre 2011, à 22 semaines et 3 jours de grossesse, j'ai vécu la plus grande peine; la perte de ma 2e fille.

J'avais eu un début de grossesse difficile; maux de coeur et fatigue mais depuis quelques semaines, je me sentais mieux. Et le plus important, je ressentais mon bébé bouger, plein de fois par jour. Tellement plus que ma première! J'imaginais déjà mon manque de sommeil à
venir avec tous ces frottements et ces mouvements. Mais voilà; le vendredi nous avions passé la journée à changer les meubles de place, pensé à 'comment reconfigurer les armoires pour ranger les jouets qui
nous envahissent?'. Le soir, après avoir couché ma cocotte, je m'installe pour mon habituel rendez-vous avec bébé. Je ne la sens pas. Je me dis que je n'ai pas arrêté de la journée, cela doit être normal.
Je vais me coucher et me place les mains sur le ventre. Je crois ressentir un très faible frottement sur ma main. Je m'endors.

Samedi, on change le contenu des armoires de place, je suis très occupée. Ma mère
viens en pm et je ne ressens rien, elle non plus. Elle et mon conjoint me répètent de ne pas m'en faire, que c'est normal, que ça a fait la même chose à ma première et que je m'en étais fait pour rien, etc. Ma mère me répète (elle a été secrétaire dans le département des
naissances) que le nombre de femmes à qui ça arrive est tellement élevé! Le soir, je ne ressens rien. Je commence à avoir peur. Je me sens seule. Couchée sur le ventre, je ne ressens toujours rien.

Je me réveille le dimanche matin. J'ai passé une mauvaise nuit. Plein de réveils. attentive à un petit poc, mais rien. Je me sens seule. Je me lève et appelle à la maternité. Je leur explique la situation. On me
demande si je suis très inquiète. 'oui', ma voix tremble. On me répond 'alors on t'attends!, viens te faire rassurer!'. Ça n'a pas été le cas...

En arrivant, une infirmière me dis de la suivre, tout sourire. On va
pour écouter le coeur. 'Cette petite coquine fait déjà peur à maman!'
Sitôt qu'elle pose le moniteur, elle dit 'on l'entends déjà!, oh non, ça
c'est toi...' elle cherche. Une 2e vient, car la première est nouvelle.
Puis, une 3e car la 2e n'est pas habile avec cette machine-là. Puis,
cette dernière dit qu'on va passer une écho pour trouver la cachotière
avec le génico.

On change de pièce. Il arrive. L'image apparaît et je sais aussitôt que
c'est fini. Ma petite Fanie est couchée au fond de moi, sans mouvement.
Le doc dit 'je n'ai pas une bonne nouvelle, le coeur ne bat plus'. Là,
tout devient flou. Je sais que je pleure et que je cris. Mon chum me
serre très fort. J'ai conscience qu'on sort notre fille qui pleure,
pauvre cocotte, elle ne doit rien comprendre de ce qui se passe, elle a à
peine un an. On dit qu'on me transfert dans une chambre.

Pouf, je suis en jaquette, je serre ma fille dans mes bras. Mon chum va
la promener en poussette en attendant que ma mère vienne la chercher.
Pouf, ma mère entre dans la chambre, ma fille dort dans la poussette,
mon chum est collé à moi. Ils sortent tous car il faut transférer le
siège de bébé dans la voiture à ma mère.
Pouf, mon chum revient. Je sais qu'une infirmière est venue m'expliquer
ce qui va arriver. Qui? je ne sais pas. Oh, elle entre. Elle m'installe
des capsules intra-vaginales pour déclencher le travail.
Il est 13h30. Cela ne fait presque rien.
19h30 on m'en met d'autres. On attend. À peine des minis contractions.
21h00, ouh, ça commence. ça augmente très vite. Je ne veux pas
d'épidurale. On m'offre 'quelque chose qui calme et diminue la douleur'.
Ok, si ça peut enlever le mal dans mon coeur et dans ma tête. On me
fais une injection de morphine. Je deviens zombie, ça fait du bien. Je
raconte même mon premier accouchement et les anecdotes à l'infirmière
qui reste avec nous. Elle me masse le dos, explique ce qui va se passer.
Mon chum me fait les points de pressions pour gérer la douleur et
raconte n'importe quoi pour me distraire.
22h00, les contractions sont très fortes, j'ai entre 0 et 2 secondes de
répis entre chacune. On me dis que je suis à 4 + 5. J'ai peur. J'ai peur
que mon bébé tombe et que personne ne sois là pour l'accueillir
doucement.
22h45, Le doc arrive, c'est le temps de pousser. Je hurle, je pleure, je
les supplie. Je ne veux pas pousser. Je ne veux pas leur donner mon
bébé. On me dis de la laisser partir. Je pleure à ne plus avoir de voix.
Puis, je me résigne, je commence à pousser. Je la sors de moi, ma 2e
petite fille, mon trop petit bébé. Son petit corps qui ne bouge pas.
J'entends une voix qui me dis que c'est fait, c'est fini. Je sais que je
pleure mais je ne vois plus rien. Des mains m'étreignent, puis mon chum
me prends dans ses bras. Des voix parlent. Je me sens tellement seule.
Mon bébé n'est plus en moi...

Aavant l'accouchement, j'avais demandé à la voir un peu plus tard et
c'est l'infirmière de nuit qui nous a emmené Fanie. Si petite dans une
si petite couverture. Avec une toute petite tuque. Elle était si belle.
Elle me ressemblait beaucoup. Elle avait mes traits. Je l'ai tenu dans
mes bras. J'ai ressentie une grande paix en la voyant. Mon si petit
bébé... Quand l'infirmière est revenue la chercher, je n'ai pas réalisé
que c'était notre adieux. Elle est repartie avec une partie de mon
coeur.

On nous a expliqué qu'une partie de cordon était visiblement beaucoup
plus étroit à environ 2 pouces avant son petit ventre. Il se serait donc
formé un caillot qui l'aurait empêché d'être nourrie et manqué
d'oxygène. Ou encore, il y aurait un un ?'trombose'? ou je ne sais plus
quoi qui aurait fait un décès d'un coup. On m'a dit que le bébé
s'endort, tout simplement...

Mais Fanie avait les yeux entrouverts ainsi que la bouche. J'ai
l'impression qu'elle a ressentie sa mort. J'ai l'impression qu'elle
aurait voulu vivre. Ça me fait tellement mal. J'ai l'impression qu'elle
était en train de mourir quand je l'ai si faiblement sentie sur ma main
vendredi soir, comme un adieu, ou un appel à l'aide. J'ai tellement mal,
je me sens coupable. Je n'ai parlé à personne autour de moi de ce petit
mouvement du vendredi, ni eu la force de questionner ses yeux ouverts.
Quand je la revoie dans ma tête, je me demande si on aurait pu la
sauver, si j'aurais dû aller à la maternité le vendredi. Pourquoi j'ai
été aussi occupée? Je m'en veux tellement.

Je regarde ma grande jouer. J'ai beaucoup de peine car j'imaginais
tellement une autre être avec elle. Elles n'auraient eu que 15 mois de
différence. Là, ma grande sera seule pour jouer. Je lui ai laissé un
gros trou. 

Bonjour à toi,
Je viens de m'inscrire sur le site parce que j'ai perdu mon fils Charles-Émile le 11 décembre 2011 à 24 semaines et 5 jours de grossesse.

Je me sens un peu comme toi, bien coupable. Je ne me souviens plus si je l'ai senti bouger le samedi. Depuis quand était-il en détresse??? Je n'en sais rien.

Ça m'a fait du bien de lire ton message car j'ai les mêmes sentiments que toi.

Moi c'était ma première grossesse, après trois ans d'essais. Je ne connais pas encore la cause de la mort de mon fils et je ne la connaîtrai peut-être jamais. Je ne sais pas si je pourrai en avoir un autre, autant physiquement que psychologiquement...

Ce sont des moments bien difficiles que je ne souhaite à personne...

Merci
 

Je suis sincèrement désolée pour toi......

Tu sais bbmelie, les mamans nous sommes comme ça. On se sent constammenet coupable pour tout ce qui concerne nos enfants. Alors, lorsqu'il s'agit de leur mort, que dire,,, J'ai moi même perdu mon fils âgé de 1 mois et demi de vie. je connais cette culpabilité mais je crois que lorsqu'un tel événement arrive, rien n'aurait pu changer le cours des choses. Et meme si on te répète sans cesse que tu n'aurais sûrement rien pu y changer, tu continueras à te sentir coupable. Seul le temps qui passe t'aidera quelque peu à apaiser tes souffrances et surtout à mieux vivre avec elles.

Tu as le bonheur d'avoir une autre petite cocotte qui a tant besoin de toi, elle t'aidera à traverser cette épreuve !

Nanct  

bbmélie : c'est drôle que tu parles des infirmières....au début, avant d'accoucher, je ne voulais pas trop voir ma fille à sa naissance...J'avais peur d'avoir trop mal, trop de peine. Puis, il y avait une infirmière. Gentille et douce. Ma fille est sortie sans même que j'aie eu à pousser....elle l'a prise, lui a mis une petite tuque, emmaillotée dans une belle couverture chaude et m'a donnée ma fille dans mes bras en me disant: ¨son petit coeur bat encore, je lui ai mis une couverture chaude.¨ Elle a bien fait...ma petite princesse a alors serré mon doigt....j'ai su alors qu'elle me disait que j'avais pris la meilleure décision et qu'elle serait toujours près de moi.

Aujourd'hui, quand je regarde sa photo, oui, je pleure encore. Quand je pense à elle, oui, j'ai encore les yeux plein d'eau. Elle m'a fait apprendre à plus profiter de la vie. Elle m'a laissée un bagage immense. Je suis plus forte maintenant aussi. Elle grandit en moi, à défaut de grandir à côté de moi.

J'ai planté des fleurs à sa mémoire, pour que chaque été, elles fleurissent pour elle. Ça m'a fait du bien de faire ça.

On n'oublie pas notre peine du jour au lendemain, mais avec le temps, la cicatrice ne fait plus aussi mal.

Bisouxxxx 

Bonjour bbmelie...Si je me souviens bien, tu étais une mamans de septembre 2010, comme moi.....

J'ai perdu ma fille à 25 sem., mais moi, elle était ¨vivante¨ à sa naissance. Elles sont si petites hein, si belles aussi.

Je ne sais pas qui était à ton accouchement...mais moi, même en accouchant à ste-justine, la doc qui me suivait à joliette, Dr Karine-Emmanuelle Boisvert a été une vraie perle. Ça a fait une grosse différence.

Mes sympathies et beaucoup de courage. C'est un gros deuil à faire, mais tu verras, on s'en sort, même si on n'oublie jamais. XXX 

Merci l'espérance; ouf, nous n'avons pas eu à prendre de décision sur l'arrêt de grossesse et je peux imaginer le calvaire que ça a dû être.

je sais que je veux d'autres enfants. On aimerais en fait une famille la plus nombreuse possible. Mais j'arrive à 29 ans, mon conjoint 33, 3 grossesses pour une cocotte avec nous. Je ressens d'une part un désir de retomber vite enceinte, mais les larmes me montent aux yeux et ça se met à trembler dans mon corps. On verra bien. Je remet ce moment à la vie, elle est supposer faire ce qu'il faut...

Déjà un peu plus d'un mois. D'un côté j'ai l'impression que c'était hier, de l'autre il y a quelques jours. On m'a déjà dit 'il serait temps de passer à autre chose'. Je me passe de commentaire; ça m'a juste enragée.

Aller le temps, fait ton oeuvre!  

Merci beaucoup pour vos mots!

J'ai aussi fait, avant ma fille, une FC à 11 semaines. Mais c'était un oeuf clair. Il n'y avait donc pas de bébé à pleurer. ''juste'' le reste, qui était déjà beaucoup. Là, c'est, tellement qui s'écroule. Une chance que j'ai ma cocotte qui me tient debout!

Aujourd'hui est la journée du deuil périnatal. Quelle journée, oufff! ça brasse tout en dedans. 

je suis tellement désoler de lire ca ca matriste tellement je vous envois bc de courage a toi et ton copain ca ne dois tellement pas etre évident mes sympatis