Garderies

Trisomie 21 : intégration en garderie - 2e partie

Les parents d’un enfant ayant une trisomie 21 doivent composer au jour le jour avec une réalité pour laquelle ils n’étaient pas préparés. Mais ils découvrent aussi en leur enfant un trésor unique, qui les fera grandir et changer leur vision des choses à jamais. Leur plus grand souhait? Que toute la société puisse profiter des richesses de leur petit « trésor » dès son tout jeune âge!

L’intégration : point de vue du milieu de garde

Mélanie est éducatrice spécialisée au CPE chez Picotine, qui accueille présentement cinq enfants qui ont des besoins particuliers, dont un enfant ayant une trisomie 21. L’intégration fait partie de leur histoire et de leur culture même si les mesures d’aide offertes par le gouvernement sont limitées. Ici, avec la subvention offerte, on a opté pour une diminution du nombre d’enfants dans les groupes plutôt que sur un accompagnateur quelques heures par jour. C’est donc Mélanie qui offre le support auprès des éducatrices dans les groupes en plus d’élaborer les plans d’interventions, et d’en assurer le suivi, en collaboration avec les intervenants des autres ressources impliquées auprès de chaque enfant. Il faut donc que ce soit une volonté du CPE de favoriser l’inclusion, d’y voir un « plus » pour tous les enfants.

Jacques Soufflet, directeur au CPE Les petits Lapins, abonde dans le même sens : c’est d’abord la volonté de favoriser l’intégration qui les a motivés à accueillir Charles il y a un peu plus de deux ans. Les subventions couvrent en partie le salaire de l’éducatrice qui l’accompagne trois heures par jour, mais c’est sans compter les rencontres et la transmission d’informations entre tous les milieux impliqués dans le suivi de Charles. Les avantages de l’intégration sont toutefois indéniables pour ce milieu qui a trouvé l’expérience très positive!

Coup dur cependant pour les parents de Charles : après avoir vécu une intégration tout à fait réussie à Verdun, ils doivent recommencer à zéro en déménageant dans une autre région du Québec. « Comment peut-on justifier que dans la ville de Laval on puisse l’intégrer et que si je déménage à Rimouski, je vais devoir me battre pour que mon enfant soit intégré? Sommes-nous dans la même province? Après on viendra me dire que ce n’est pas une question d’attitude des gens en place... », mentionne Jean-François Martin, enseignant en éducation spécialisée, auteur et papa d’un adulte ayant une trisomie 21, qui en a vu de toutes les couleurs à travers les années.

Parce que bien qu’ils soient régis par le même ministère et que des subventions spéciales existent pour favoriser l’intégration, les Centres de la petite enfance (CPE) sont des corporations autonomes qui décident de leurs orientations spécifiques avec leur propre conseil d’administration. C’est ce qui explique que l’ouverture à l’intégration d’enfants ayant des besoins particuliers soit très inégale d’un CPE à l’autre. Pourtant, si chaque CPE choisissait d’accueillir ne serait-ce qu’un ou deux enfants « différents », le problème ne se poserait même plus. Et de plus, les CPE pourraient s’enrichir mutuellement de leurs différentes expériences d’intégration et des outils d’intervention mis en place dans chacun de leur milieu.

Les autres parents…

Les autres parents d’enfants qui fréquentent CPE, sont justement ceux qui forment l’assemblée générale qui élit chaque année le Conseil d’administration assurant la gestion de l’organisme. Ce sont donc eux qui peuvent faire la différence quant aux orientations de leur Centre de la petite enfance.

Malheureusement, plusieurs parents ont peur de privilégier une politique d’intégration pour leur CPE. Peur qu’avec un enfant « différent » dans le groupe, leur enfant ait moins d’attention et de soutien, peur que leur enfant soit victime des comportements inadaptés de l’autre enfant ou encore qu’il les imite. Pourtant, tous les enfants sont uniques et différents et ont des dynamiques particulières qui influenceront le fonctionnement du groupe. Pourquoi faudrait-il voir cela différemment lorsqu’il s’agit d’un enfant ayant une déficience intellectuelle?

On oublie malheureusement trop souvent qu’au-delà de cette « étiquette » de déficience intellectuelle, et des généralités qu’on y associe, existe un enfant comme les autres qu’on néglige de connaître comme un individu à part entière, un être unique, avec sa personnalité bien à lui. Et si nous prenions le temps de parler avec les parents de cet enfant, nous découvririons un papa et une maman préoccupés, comme nous, par le bonheur et le bien-être de leur enfant… Et sûrement un peu plus inquiets que la moyenne quant à l’avenir de leur enfant dans une société qui n’a pas encore donné tout son sens au mot « intégration »…

Les autres enfants…

Quand j’ai su en août dernier que ma fille partagerait le groupe de Charles cette année, j’ai eu le réflexe de ne rien lui dire et d’attendre ses éventuelles questions et réactions. Je n’avais pas envie de lui inculquer des préjugés sur la déficience intellectuelle. Ses premières questions ne sont finalement survenues qu’après plusieurs mois.

Je lui ai alors expliqué que Charles était grand physiquement, mais qu’il était resté plus petit dans sa façon d’être et de penser, qu’il avait plus souvent besoin d’aide. Sa réaction fut instantanée « Je vais l’aider moi! ». Parce que les autres enfants aiment Charles sans égard à sa différence. « Charles est l’ami de tout le monde! » m’a dit ma fille un jour. Ils partagent ses jeux, son quotidien et les préjugés ne viennent pas spontanément de leur part. Oui, ils voient la différence, mais ils n’en font pas de cas. Oui, ils peuvent être fâchés parce que Charles leur a enlevé un jouet ou les a poussés, mais ils le seraient tout autant si c’était un autre ami qui l’avait fait. Si nous prenions exemple sur nos enfants, il est certain que l’intégration se ferait beaucoup plus naturellement, sans questionnements ni préjugés!

Je laisse le mot de la fin à Jean-François Martin, cité précédemment et grandement impliqué dans différentes associations sur la trisomie 21 : « Il ne faut pas oublier que les préjugés prennent forme parce qu’on évite de les confronter à la réalité. Ces enfants qui aujourd’hui côtoient la différence seront les adultes de demain. Et si, parce qu’ils ont côtoyé un enfant différent, ils grandissaient avec un préjugé en moins envers les gens différents de la majorité? Ils auraient alors une société plus accueillante et bien plus sympathique! »

Les ressources : références, lectures, sites ou groupes d’entraide

Vous voulez en connaître davantage sur la trisomie 21? Vous avez un enfant trisomique et désirez partager vos préoccupations quant à l’intégration de votre enfant? Je vous invite à contacter le Regroupement pour la trisomie 21 (www.trisomie.ca). Cet organisme offre de l’information et des services, et propose aussi des activités sociales et familiales qui répondront certainement à vos besoins.

Et si vous souhaitez aborder le sujet avec vos tout-petits, voici deux livres qui expliquent en termes très simples la déficience intellectuelle. Bonne lecture!

Un petit frère pas comme les autres ,
Marie-Hèlène Delval, Éditions : Bayard Jeunesse, 2003,
ISBN 2747007987, 9,25 $

Lili,
Agnès Lacor, Éditions Thierry Magnier, 2001,
ISBN 2844202764, 9,75 $

La déficience intellectuelle, concepts de base. Martin, Jean-François, Éditions Saint-Martin, 2002.

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