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HelixxxInscrit le : |
Bonjour,
J'ai 25 ans, et l'an passé, j'ai été confrontée à deux grosses épreuves simultanées: le décès de ma grand-mère dont j'étais très proche, des suites d'un cancer, et un test de grossesse positif, la veille de son inhumation. Je tiens à préciser, qu'étant bipolaire, je suis très fragile psychologiquement. Il m'a été très difficile de faire face à la mort de ma grand-mère, car contexte Covid oblige, je n'ai pas pu lui rendre visite dans ses derniers mois de vie. La dernière fois qu'on s'était vu, c'était pour Noël 2019. Elle est décédée quelques mois plus tard, en Mai 2020. À ce moment là, j'avais du retard dans mes règles. Je pensais que c'était dû au stress, d'avoir appris la maladie de ma mamie. Ce n'était pas la première fois que j'étais déréglée à cause du stress, alors je ne me suis pas inquiétée tout de suite. D'autant que j'étais sous pilule, micro-dosée certes, mais pilule quand même. Mais après avoir appris son décès, je ne sais pas, j'ai senti que je devais faire un test. Il était positif. À ce moment là, ça faisait 1 an et demi que j'étais avec mon conjoint. Ça ferait 2 ans en Juillet. On avait déjà abordé le sujet d'avoir des enfants, mais déjà à l'époque, il éludait la question. Il me répondait toujours "plus tard, on verra plus tard". Il faut savoir que ce monsieur est déjà Papa à ce moment là. De jumeaux. De trois ans. Les conditions de séparation d'avec la mère des petits étaient compliquées. Et à l'époque, elle lui avait fait les enfants "dans le dos", si vous me pardonnez l'expression. Elle lui avait dit avoir une contraception, et ils étaient en couple depuis seulement 6 mois lorsqu'elle lui avait appris la grossesse. Elle habitait à ce moment là en Gironde, lui en Charentes. Quand il lui a parlé d'avortement (parce que trop tôt, parce que pas stable financièrement, parce qu'elle habitait encore chez sa mère, et qu'elle était déjà maman d'un autre petit garçon de seulement 6 mois), elle l'a menacé de le quitter s'il n'assumait pas la grossesse. Ils se sont séparés en Janvier 2018, alors que les jumeaux n'avaient même pas 2 ans. On s'est rencontrés en Juin de la même année, et on a commencé à sortir ensemble en Juillet. Il m'a rapidement présenté ses enfants, qu'il voyait à ce moment là tous les jours, pendant 1h environ. Ça a été compliqué pour ces petits, de voir leur père partir de la maison chaque jour, de voir leur mère avec un autre homme, et leur père avec une autre femme. Mais si les tensions entre les deux parents étaient à ce moment-là à leur paroxysme, pour ma part, je m'entendais bien avec les petits. Je jouais avec eux, j'intéragissais avec eux, j'étais même câline avec eux. Jusqu'à mon avortement. Après lui avoir montré le test de grossesse positif, mon conjoint m'a tout de suite dit qu'il était contre. Il m'avançait des arguments tels que "financièrement, ça va pas être possible", "t'es pas stable psychologiquement", "la maison est pourrie, on peut pas accueillir un bébé dedans"... Mais jamais, juste, "je ne suis pas prêt". À chaque argument qu'il me présentait, j'essayais de trouver des solutions: financièrement oui, ça serait compliqué, parce que j'étais au chômage à l'époque, mais que lui travaillait toujours et qu'il pourrait attendre quelques mois de plus avant de demander sa rupture conventionnelle. Je ne suis peut-être pas prête psychologiquement, mais je peux toujours entreprendre des démarches auprès d'un psy, je peux toujours reprendre contact avec le CMP dans lequel je suis suivie depuis mes 16 ans. La maison est pourrie oui, mais on peut toujours déménager, trouver mieux ailleurs. La vérité, c'est que je ne voulais pas avorter. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais quand j'ai appris cette grossesse, j'étais à la fois angoissée et surexcitée, je me posais mille questions, mais surtout: je me sentais prête. Au fond de mes entrailles, je le savais. Je voulais ce bébé. De tout mon être. Mais lui non. Alors il m'a dit que si je décidais de le garder, ça mettrait sûrement à mal notre couple, que notre futur ensemble serait voué à l'échec, qu'il n'en voulait pas. Point barre. J'ai donc décidé d'avorter. Pour Nous. Pour Lui. J'étais à seulement deux semaines du délais maximum pour l'avortement, les petites pilules ne suffiraient pas, m'a assuré la gynécologue qui m'a reçu pour l'intervention. Je suis donc allée à l'hôpital un vendredi matin, à 7h, j'ai été "endormie", et quand je me suis réveillée, on m'avait retiré mon bébé. Je sais bien qu'à ce stade là de la grossesse, on parle seulement d'embryon, mais dans ma tête, on m'avait enlevé mon bébé. On m'avait privé de ma chance d'être mère. Je l'ai, bien évidemment, très mal vécu. J'en ai énormément voulu à mon conjoint, qui, de mon point de vue, m'avait poussée à avorter. Qui aujourd'hui se cache derrière un "mais au final c'était ta décision". Qui aujourd'hui refuse d'entendre que "MA" décision m'avait fait tomber dans une nouvelle dépression. Qui aujourd'hui refuse tout simplement d'entendre parler de cet avortement, "parce que, de tout façon, c'est du passé maintenant." Mais j'en ai également beaucoup voulu aux enfants de mon conjoint. Parce qu'eux avaient la chance d'être là, bien vivants, une chance que mon bébé n'avait pas eu, et n'aurait jamais. Je sais bien, au fond de moi, qu'ils n'y sont pour rien, qu'ils n'ont rien demandé à personne. Mais pour autant, je ne supporte plus leur présence. Je suis devenue très sèche, très distante avec eux. Je ne parviens plus à partager quoi que ce soit avec eux. Certains penseront sûrement que je suis une mauvaise personne, d'avoir de telles pensées et de tenir de tels propos. Ils ont probablement raison. Mais si aujourd'hui, j'écris ce message, c'est dans l'espoir qu'on comprenne mon ressenti. Pas qu'on l'approuve, mais qu'on me dise juste quelque chose comme "c'est bon, ça va aller, je comprends que ce que tu as vécu a été difficile pour toi, je TE comprends". J'ai l'intention de prendre rendez-vous avec un psy dans les prochains jours, les prochaines semaines. Parce que je souhaite sincèrement aller mieux. Je souhaite de ne plus être malheureuse, toute seule dans ma chambre en me lamentant sur mon sort, quand mon conjoint reçoit ses petits à la maison. Je souhaite réellement pouvoir les aimer à nouveau comme avant, de ne plus avoir ce bloquage vis-à-vis d'eux. De ne plus être agacée dès qu'ils ouvrent la bouche pour parler. D'être une bonne belle-mère pour eux. Alors, voilà, je lance ma bouteille à la mer, et je remercie d'avance ceux qui prendront le temps de me lire et/ou de me répondre. |
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