Méthode De Gasquet: posture accouchement moins douloureux

En plein travail, la femme grimace de douleur; elle se plaint « d'un mal sur le côté » qui la tenaille, qu'importe le côté sur lequel on la tourne. Son médecin songe à la faire agenouiller, mais la patiente pourrait en être incapable puisque les effets de la péridurale ont sans doute engourdi ses jambes. Avec l'accord de la patiente, médecins et infirmières tentent la man?uvre. Quelques minutes plus tard, « à quatre pattes », la future maman expulse son bébé.

Il peut sembler farfelu, mais ce choix de la position à genoux est un exemple des bienfaits de la diversification des postures et de la maîtrise de la respiration pendant l'accouchement.

Cette approche de la biomécanique obstétricale est utilisée et enseignée depuis 1997 par un médecin français, la Dre Bernadette De Gasquet. Docteure en médecine, diplômée en rééducation uro gynécologique et professeure de yoga, elle a formé des équipes obstétricales en France, en Belgique, en Suisse, en Israël et au Québec.

Sa méthode vise à prévenir les risques de prolapsus, mais également à protéger le plancher pelvien et le crâne f?tal, grâce à une progression à moindre résistance du bébé.

En février dernier, après avoir reçu un groupe d'infirmières à Montréal, elle était de passage à l'Université Laval à Québec, où une vingtaine de médecins de famille et de résidents en médecine familiale et en gynécologie ont assisté à sa formation « Naissance physiologique, prévention des prolapsus et mécanique obstétricale non instrumentale ».

« Je donne les explications biomécaniques des postures. Si la femme adopte tel type de posture, c'est en raison de la position de son bébé, du placenta par exemple, ce qui ne se voit peut-être pas cliniquement, explique la Dre De Gasquet, qui a élaboré sa méthode après avoir rédigé une thèse sur les problèmes du périnée et de l'incontinence. Je ne remets pas en cause les gestes techniques nécessités par la souffrance du bébé. »

Retour à la source
À Québec, deux médecins de famille de l'Hôpital Saint-François-d'Assise, les Dres Nadine Dubois et Myriam Tremblay, ont planifié la formation (accréditée par l'Université Laval) qui a eu lieu en février. La Dre Tremblay, qui est également obstétricienne et responsable de l'enseignement aux résidents en médecine familiale à Saint-François-d'Assise, a suivi deux de ces formations et elle estime que ces notions devraient être intégrées au programme universitaire en médecine et en gynécologie. « En modifiant la posture en fonction de la position du bébé, on fait en sorte que la voie vers la sortie est plus facile, il n'a pas à se contorsionner et on protège mieux sa tête. On réduit aussi le risque d'?dème et de descente de vessie ou de l'utérus pour la mère », indique-t-elle.

Convaincues
Parmi les autres médecins qui ont vu dans les vertus de la posture un « retour à la base de la pratique des accouchements » se trouve la Dre Michelle Héroux, médecin de famille au Centre hospitalier Hôtel-Dieu de Gaspé. C'est d'ailleurs elle qui a pratiqué l'accouchement raconté au début de ce texte? « Comment se fait-il que j'aie perdu tout cela en cours de route ? J'ai découvert que même sous épidurale, les femmes ont une certaine mobilité, relate la Dre Héroux, qui a eu connaissance de la formation de la Dre De Gasquet par le biais de la Dre Tremblay. Il faut faire travailler la mère plutôt que le bébé. D'instinct, les femmes savent comment se placer, alors que c'est nous qui les plaçons? »

Selon elle, laisser la femme « s'approprier » davantage son accouchement serait bénéfique tant pour la mère que pour le bébé. Et la méthode De Gasquet « n'a rien d'ésotérique », clame-t-elle en soulignant que les notions de biomécanique relèvent de la médecine. Pourtant, la méthode est loin d'être populaire chez les médecins d'ici. Aux dires de la Dre Héroux, on méconnaît la biomécanique, sans compter le fait que « nos méthodes fonctionnent bien. Et c'est insécurisant de changer nos façons de faire? pourtant, on peut faire mieux. »

La Dre Justine Lafrance, résidente de première année en médecine familiale à l'Hôpital Saint-François-d'Assise, abonde dans le même sens. « En santé, les changements sont parfois longs à survenir. Je ne sens pas de fermeture (de la part des médecins), mais on se dit ?pourquoi changer quand tout va bien ??. »

La jeune femme, qui a été initiée aux notions de la méthode De Gasquet dans le cadre d'un stage avec la Dre Myriam Tremblay, dit avoir apprécié le volet « pratique » de la formation du médecin français. Les participants jouent en effet eux-mêmes le rôle de l'accouchée, ce qui leur permet notamment de se familiariser avec les différentes postures.

Justine Lafrance aura quant à elle l'opportunité de mettre en pratique les rudiments de la méthode en France, lors d'un stage estival dans un centre hospitalier où celle-ci est déjà bien implantée.

Au Québec, l'enthousiasme des médecins qui ont assisté aux formations de la Dre De Gasquet pourrait bien être contagieux puisque d'autres séances sont planifiées pour l'automne. « Pour convaincre les médecins, la proposition doit venir de leurs pairs », souligne la Dre Michelle Héroux. Ou peut-être faudra-t-il d'autres dénouements heureux comme celui de l'accouchement de sa patiente à genoux?

http://www.professionsante.ca/medecins/infos-cliniques/champs-therapeutiques/gynecologieobstetrique/la-%E2%80%89methode-de-gasquet%E2%80%89-la-posture-au-service-dun-accouchement-moins-douloureux-6373 

Les sages-femmes utilisent les techniques du Dre De Gasquet lors de l'accouchement mais également ses recommandations pour ce qui est de la prévention des prolapsus en postnatal. Ce sont des techniques de positionnement de la femme qui suivent la physiologie et l'anatomie du corps humain, ce qui est très intéressant car on oublie parfois le côté physiologie humaine dans nos pratiques médicales modernes au profit du confort des intervenants.