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SYLVIE ST-JACQUES
La Presse La saison du party de bureau bat son plein et les vitrines du centre-ville nous invitent à enfiler tissus luisants, paillettes discos ou 101 variations sur le thème de la petite robe noire. Mais avant d'ajouter à sa garde-robe un énième kit festif, prenons une pause pour réfléchir aux impacts humains de la formule «porter et jeter.» Méditons par exemple sur le sort terrible de la centaine de travailleurs qui ont péri il y a quelques jours dans l'incendie d'une usine de vêtements à Dhaka, au Bangladesh. Cette tragédie pourrait-elle enfin tempérer notre soif insatiable de nouveauté vestimentaire? Elizabeth L. Cline, auteure de l'ouvrage Overdressed: The Shockingly High Cost of Cheap Fashion, paru plus tôt en 2012, le souhaite vivement. Cette auteure new-yorkaise s'est elle-même rendue au Bangladesh afin de visiter des usines manufacturières comme celle de Tazreen Fashion Ltd (propriété du Groupe Tuba, qui avait entre autres clients Walmart et Disney.) Pire que du Made in China? C'est ce que témoigne en entrevue téléphonique cette ex «fast fashionista», désormais convertie à la mode éthique. «Quand les usines manufacturières chinoises se sont dotées de conditions de sécurité acceptables et qu'elles ont commencé à mieux payer les travailleurs, les coûts de production ont augmenté. Pour arriver à concevoir des vêtements au coût minimal, les grandes chaînes se sont alors tournées vers le Bangladesh, un pays sans infrastructures ni standards de sécurité», relate Elizabeth L. Cline, qui a critiqué la garde-robe de Michelle Obama composée de pièces «bon marché» de chez J. Crew, Banana Republic et Ann Taylor. En revanche, elle a félicité Kate Middleton, qui n'hésite pas à se montrer plusieurs fois en public avec les mêmes tenues. Parce que le noeud du problème de la mode rapide est justement sa spirale infernale: on désire plus de vêtements vendus pas cher pour suivre une mode changeant de plus en plus vite. Notre petite robe toute neuve perd plumes et paillettes avant la fin du party de bureau? Pas grave, se dit-on, puisqu'on l'a payée moins cher que ce que coûtera le taxi pour rentrer à la maison. Mais à l'autre bout de la chaîne, ce système est soutenu par des travailleurs comme ceux de Tazreen, qui gagnent moins de 40$ par mois pour produire rapidement des vêtements à usage unique (ou presque). Selon Elizabeth L. Cline, les tenues festives qui arrivent en novembre dans les magasins incarnent le pire de cette mode à jeter après avoir été consommée. «Les robes de soirée sont en principe moins économiques à fabriquer, puisqu'elles sont faites avec des paillettes ou des tissus luisants. Pour éviter des coûts, les manufactures desservant les chaînes de vêtements utilisent de la colle pour poser les paillettes, et des tissus synthétiques, comme le polyester. En tournant ainsi les coins ronds, ils économisent de l'argent.» Victimes des victimes de la mode La centaine de travailleurs de Tazreen LTD qui sont morts à la fin du mois de novembre ne sont pas les seules victimes de la mode rapide au Bangladesh. Selon l'organisme International Labor Rights Forum, les conditions non sécuritaires des usines de ce pays ont causé la mort de plus de 700 travailleurs de l'industrie du vêtement de ce pays depuis 2005. Annie de Grandmont, directrice de la friperie La Gaillarde, qui fait la promotion de la mode locale et éthique, incite les coquettes à opter pour un magasinage plus respectueux. Sachant que 57% des achats impulsifs les plus courants des Canadiens au cours de la dernière année ont été des vêtements (selon un rapport récent de la Banque de Montréal), cela implique de repenser notre rapport à la mode. Carrément. «On encourage les gens à choisir des vêtements de seconde main ou encore des matières récupérées, de fabrication locale ou faits de matières biologiques.» «La qualité et non la quantité», est le credo de La Gaillarde, qui préconise le choix de quelques beaux morceaux faits au Québec plutôt que des achats répétés et impulsifs de morceaux à bas prix faits au Bangladesh ou en Chine. Certes, reconnaît Annie de Grandmont, il est tentant de céder à l'attrait d'une petite robe à 15$. «On ne dit pas de ne pas le faire. Seulement, on suggère aux gens d'en acheter une seule, et de faire preuve de créativité en l'agençant à un veston, un bijou, un sac...» Mettre fin à l'usage unique Selon Elizabeth L. Clive, qui a vécu une prise de conscience le jour où elle s'est procuré chez Kmart une paire de chaussures à 7$, il faut tout simplement mettre fin aux achats à «usage unique» et tourner le dos aux vêtements festifs qui rendront l'âme avant le jour de l'An. Celle qui n'a pas renoncé aux tendances en dénonçant les périls de la mode rapide préconise le shopping sur des sites comme runway.com ou eBay. Aux sorteuses qui n'ont rien de neuf à enfiler pour le party de bureau, elle suggère aussi d'emprunter, d'oser porter la même robe que l'année dernière, ou encore de faire les friperies. En terme humain, la petite robe à paillettes qui nous fait de l'oeil, dans sa vitrine du centre-ville, coûte infiniment plus cher que 29,95$. Et cet impact ne sera pas réduit le jour du Boxing Day. http://www.lapresse.ca/arts/et-cetera/201212/05/01-4600912-haro-sur-la-petite-robe-de-noel.php |
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La louveInscrit le : |
Autre suggestion: on peut facilement modifier/transformer nos vêtements et faire de neuf avec du vieux. (ou embellir/personnaliser nos trouvailles de friperies)
De nouveaux boutons, quelques rubans, des perles, un peu de peinture, et hop! Robe, chemise, t-shirt, jeans et même bottes et souliers, il est possible de tout transformer. C'est simple, relativement rapide, et ça nous assure une pièce unique et à notre image. |
BabsiInscrit le : |
Ceci dit, ce n'est pas parce qu'un vêtement est dispendieux qu'il a été produit dans de bonnes conditions de travail. Certaines compagnies se font simplement plus de profits. C'est le cas de plusieurs marques.
Bon magasinage! |