Dignité rétablie sur fond d'écoeurite

Bonjour,

Cette diatribe expose, en un fin camaïeu de mots choisis, une petite montée d'acide gastrique... Que les personnes, souffrant des mêmes injustices, trouvent en ce pamphlet bien senti un doux apaisement.

Ci-gît, sur l'autel de l'écoeurite, mon reste de patience. Un employé au travail - pas mon patron : un subalterne - a décrété que je devais prolonger mes heures de travail, car sans moi, les équipes ne seront pas capables de se fouetter et de faire quelque chose. Ledit sous-fifre a consulté tout le monde avant de m'en parler, question de me mettre une bonne dose de pression sur les épaules. Sans trop de surprise, mon équipe a vu d'un bon oeil l'extension de mes heures. Eh bien, moi, je l'avoue candidement, j'ai plutôt revêtu mon plus beau costume d'apparat pour "péter ma coche".

Je parle donc au nom des personnes qui sont tannées de porter les singes légués par les autres. Un singe, c'est quoi? C'est un embryon d'injustice qui commence par une tâche, un dossier, une responsabilité, un travail, un pan de vie personnelle ou professionnelle qu'on n'assume pas. On devrait porter nos singes nous-mêmes, mais on ne le fait pas. On les lance plutôt sur les épaules d'un autre pour les faire porter à notre place. Pendant que les porteurs de singes peinent à la tâche et subissent le joug de leurs envahisseurs, les bienheureux se plaignent de ne pas avoir le temps de rien faire... mais trouvent plein de temps à perdre à consulter les dernières niaiseries sur les Facebook ou les YouTube de ce monde. Je m'insurge donc contre cette pratique et parle au nom des futurs "ex-porteurs de singes". Chers envahisseurs paresseux, coupez-vous les poils qui poussent dans vos mains et mettez-vous au travail : on en a ras-le-bol!

Voici une grande révélation. Dans la vie, les personnes organisées, débrouillardes, confiantes en elles qui ont acquis une grande efficacité dans leurs actions ne se sont pas levées un matin avec la science infuse. Elles ont relevé leurs manches et elles ont travaillé. Ces personnes, qu'on classe souvent parmi les leaders, les solutionnaires de problèmes et les modèles, ont réalisé qu'il fallait un jour foncer et s'assumer. Elles ne savaient pas plus que vous comment s'y prendre. Elles ont simplement lu et étudié quelques trucs en nourrissant, par elles-mêmes, leur motivation. Elles ont foncé avec dévouement et audace dans leurs tâches, testé des solutions et appris de leurs expériences et de leurs erreurs.

Aucune de ces personnes délurées n'a souhaité devenir la panacée aux différents maux, la solution miracle à tous les problèmes et à toutes les tâches bâclées. Sachez aussi que personne ne possède le monopole de la pensée, du travail, de la recherche, de l'expérimentation et de l'apprentissage. Quiconque peut donc faire sa part, faire preuve d'initiative et d'autonomie. Personne n'en sera offusqué : au contraire!

Puis, autour de vous, au lieu de culpabiliser les gens qui se dévouent à leurs tâches, travaux et responsabilités, commencez donc par reconnaître leur contribution. Plutôt que d'alourdir leurs responsabilités, demandez-vous comment vous pouvez mieux vous assumer et alléger leur fardeau. Osez développer votre propre esprit d'initiative et vous dévouer plus efficacement à votre vie personnelle et professionnelle. À quelque part, ce serait apprécié. Valorisez, comme eux, l'effort et le plaisir du travail bien fait. On sera déjà plus avancé.

Demain sera un autre jour, plus léger que celui-ci... du moins, pour moi et pour les autres porteurs de singes. Préparez-vous, les fainéants! Mes collègues et moi, nous rendons au monde ses multiples singes. Moi, je garderai simplement les miens. Ce sera suffisant.

Bonne fin de journée!