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Comment vivre son deuil dans une salle d'attente

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louly_196

Inscrit le :
07 juil. 2018

Posté le: 6 juillet 2018 21:06:19 EDT  
Je me doute de rien mais en moi c'est déjà la fin.  Je me pointe avec mon chum le c?ur plein d'espoir et d'amour.  On a hâte de rencontrer notre nouvelle histoire d'amour.  Je m'installe sur le lit dans la petite pièce rassurante avec l'éclairage tamisé.  Une dame sympathique me salue et étend de la gelée chaude sur mon petit ventre qui a commencé à pousser.  Mon chum est à  mes côtés et me sourit.  La dame commence à promener son bidule sur mon ventre.  Je me concentre pour oublier ma méga envie de pipi et nous regardons le petit écran avec nos yeux remplis d'amour.

Et voilà la tempête qui commence;  "Madame ce n'est pas des bonnes nouvelles, le médecin va venir vous voir"... La dame sort, nous laissant seuls avec notre incompréhension.  Le docteur arrive, regarde l'écran et nous dit que ce n'est pas viable.  Il nous dit des mots que nous ne comprenons pas trop. On comprend qu'il est désolé mais pas le reste.  Il me dit que je dois voir un gynécologue rapidement pour la suite... Mais quelle suite ?!

On sort de la salle complètement anéanti.  Nous sommes envahis d'un grand malaise, de peine et de douleur parce que là, oui ça fait mal!  Commence les appels;  J'appelle mon médecin (celui qui me suis pour ma grossesse).  La secrétaire répond et elle est mal, ça s'entend dans sa voix.  Elle me dit qu'un médecin va me rappeler bientôt.  Finalement je reçois le retour d'appel;  On me dit de me rendre demain matin pour 8h à la clinique externe de gynécologie de l'hôpital.  On me dit que je dois être à jeun et que je vais rencontrer un médecin que je ne connais évidemment  pas.  On ne peut pas trop me dire ce qui va se passer puisque cela dépendra du médecin que je verrai demain.

Je passe une nuit affreuse à me demander pourquoi, à me demander si j'aurais pu l'éviter, etc... Même si je sais que c'est la nature, qu'une grossesse sur cinq se fini comme ça et qu'il n'y a pas d'explication, je ne peux m'empêcher de penser à tout ça.

Le lendemain matin, lorsqu'on arrive à l'hôpital (le trajet est comme un chemin pour l'abattoir, c'est silencieux et entrecoupé de larmes), on cherche la place en question et là on comprend que notre cauchemar de la veille n'était rien comparé à ce qui nous attend aujourd'hui.  On se retrouve dans l'aile de la maternité.  Il y a  des mamans avec de belles grosses bedaines et d'autres qui ont des petites crevettes avec elles.  Elles sont belles et rayonnantes.  Moi j'ai les yeux bouffies et le nez rougie.  C'est avec elles que j'attend mon tour.

Heureusement c'est rapide.  On m'appelle.  La gynéco ne m'est pas sympathique.  Je comprends qu'elle doit avoir une carapace mais la mienne est craquée en ce moment.  Elle m'explique les options possibles mais je ne sais pas pourquoi puisqu'elle choisit elle-même celle qui est la mieux adaptée à ma situation.  Elle m'explique qu'on va me faire un curetage sans oublier les complications possibles (je suis paniquée et je vois que mon chum aussi est inquiet même si il ne me le dit pas).  Je pose une question que j'ai déjà posé.  Tout est confus dans ma tête.  Ça se bouscule.  Elle me répond sèchement; "Bien c'est comme je t'ai dis tantôt".  Je me retiens pour ne pas exploser afin de garder tous mes petits morceaux ensembles.  Retour dans la salle d'attente avec les belles bedaines...

La gynécologue qui me fera l'opération vient se présenter, elle m'est plus sympathique.  On vient nous chercher et on nous envoie en chirurgie d'un jour.  Là, un autre purgatoire commence;  Je suis la dernière en liste et je comprends puisque je n'ai pas de rendez-vous.  Je n'avais pas prévu faire une fausse couche...  On reste avec notre peine au milieu de gens qui attendent pour leurs chirurgies.  On est arrivé à 8h ce matin et c'est sûr que je ne passe pas avant 16h.  Tout ce temps nous devons rester dans la salle d'attente avec notre peine à se faire parfois dévisager lorsque je n'arrive plus à contenir ma douleur et que des larmes s'écoulent.  Heureusement une infirmière très humaine s'est occupée d'installer mon soluté.  Elle a pris le temps de voir comment j'allais vraiment.

Vivre son deuil dans une salle d'attente c'est écouter des nouvelles déprimantes en boucles mais c'est aussi de recevoir des sourires compatissants d'une vieille dame qui attend des nouvelles de son mari qui est partie pour une longue opération.  C'est rire avec une jeune femme  pleine de vie qui sort de son traitement de chimio et qui attend son amie qui est en chirurgie.  C'est au fil des heures, développer une certaine complicité avec les gens qui partagent la salle d'attente avec nous.  C'est aussi d' avoir de la compassion pour une  dame qui attend depuis aussi longtemps que toi et qui se fait retourner chez elle après 8h d'attente parce qu'il y a une urgence et qu'elle devra revenir une autre fois.  C'est du personnel humain en salle d'opération.  Ils essaie de te faire sourire malgré la situation et rendent la douleur moins lourde à porter.  C'est  avoir un chum à ses côtés qui est impuissant, qui lui aussi à sa peine, qui est inquiet mais qui fait tout pour ne pas me le montrer et me faciliter la vie.  Bref l'épreuve est dégueulasse mais je ne suis pas seule à trouver ça dure.

Merci à nos familles de nous avoir soutenues. Merci à nos amis pour nous avoir  témoigné tant d'amour et un merci tout spécial à l'homme de ma vie qui a vraiment été l'HOMME de la situation.  Je n'aurais pas voulu passer au travers de cette épreuve avec personne d'autre que toi ??

Julie P. 

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Lico001

Inscrit le :
20 mai 2019

Posté le: 30 mai 2019 21:37:14 EDT  
Merci pour tes mots. Ils appaisent la douleur que j'ai d'avoir vécu mon deuil dans une salle d'attente, le ventre rempli de mort alors qu'on allait rencontrer notre nouvelle vie. 

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