La dermatite atopique : bien plus qu’une « simple affection de la peau »

Lorsqu’Allie Lundy avait 12 ans, des plaques rouges de peau sèche causant des démangeaisons sont apparues sur ses poignets et sous ses yeux. Puisque sa sœur avait souffert d’eczéma alors qu’elle était bébé, sa mère a aussitôt reconnu les signes de la maladie. Elle a amené Allie chez le médecin, et, comme il pouvait être attendu, le diagnostic officiel leur a été annoncé : dermatite atopique (DA), la forme la plus courante d’eczéma¹. 

Même si elle avait un groupe d’amis proches, Allie, qui est maintenant âgée de 31 ans et qui vit à Victoria en Colombie-Britannique, a tout de même été victime d’intimidation en raison de sa DA. En guise d’exemple, elle se souvient qu’un étudiant de sa classe lui avait demandé pourquoi elle ne pouvait pas aller se laver le visage. « C’est une maladie qui isole les gens », dit-elle. « Il s’agissait de quelque chose que je sentais que je devais cacher en permanence. » Et la situation n’a fait qu’empirer. À l’école secondaire, son corps était couvert de plaques d’eczéma de la tête aux pieds. 
 

Beaucoup de choses ont changé après qu’elle a reçu le diagnostic. Elle a dû abandonner la natation parce que le chlore irritait sa peau. Elle a également dû changer sa garde-robe (pas de laine ni de polyester), les draps dans lesquels elle dormait (en coton ou en bambou seulement) et les divers produits qu’elle utilisait (sans parfum). De plus, partout où elle allait, elle s’inquiétait à propos de la qualité de l’air ou de la propreté des pièces puisque les agents polluants peuvent exacerber la DA. Aussi, elle ne pouvait pas aller à la maison de ses amis qui avaient des animaux domestiques, car les pellicules d’animaux sont souvent des facteurs déclencheurs de la DA. « Je devais toujours trouver des moyens différents pour vivre des expériences d’enfance normales, comme les fêtes d’anniversaire, les nuits passées chez des amis et les costumes d’Halloween », explique-t-elle. « Les gens ne réalisent pas à quel point votre vie est centrée sur votre peau lorsque vous souffrez d’eczéma. »

Au-delà de l’aspect physique

Souvent, les symptômes physiques, qu’Allie compare à la forte douleur causée par un coup de soleil sévère combinée à la démangeaison incessante provoquée par une piqûre de moustique, créent un fardeau mental et psychosocial supplémentaire pour les patients. Un sondage réalisé par la Société canadienne d’eczéma révèle que 30 % des enfants souffrent d’anxiété reliée à leur dermatite atopique, que 21 % des enfants évitent de participer à des activités sociales et que 20 % des enfants manquent des journées d’école². 

« La visibilité de cette maladie peut mener à la stigmatisation », déclare Marissa Joseph, un médecin travaillant à l’Hospital for Sick Children à Toronto. Elle explique que les symptômes peuvent affecter l’estime de soi d’un enfant, perturber son sommeil en plus de causer de l’anxiété et de la dépression. « C’est également frustrant pour les parents qui veulent savoir quels sont les facteurs déclencheurs à éviter et qui veulent tout faire correctement. Même en sachant cela, leur enfant subira tout de même des poussées.

Le problème réside dans le fait que la dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique³ qui est caractérisée par des bons et des mauvais jours. »

Une occurrence fréquente durant l’enfance 

La D^re Joseph déclare qu’il est important que les familles sachent qu’elles ne sont pas seules, la DA touchant deux enfants canadiens sur cinq, et que la maladie ne peut être attribuée à la faute de quelqu’un. La DA est héréditaire et se manifeste parce que des protéines permettant de préserver la fonction de barrière de la peau ne fonctionnent pas correctement.⁴ « La peau agit comme une armure et l’eczéma parvient à percer cette armure, de sorte que la peau devient plus vulnérable aux allergènes extérieurs et aux agents irritants⁴, explique-t-elle. Bien qu’elle se manifeste le plus couramment durant les premières années de vie, la maladie peut également faire son apparition durant l’adolescence et à l’âge adulte. »

Ce que les parents peuvent faire

Si vous soupçonnez que votre enfant souffre d’eczéma, la D^re Joseph recommande que vous en parliez à votre médecin parce qu’il s’agit d’une maladie qui peut être bien prise en charge. La pierre angulaire du traitement consiste à préserver la fonction de barrière de la peau et à conserver l’eau à l’intérieur de celle-ci pour aider à prévenir les poussées, explique-t-elle.⁵ Cela peut être accompli en prenant son bain sur une base quotidienne (pas forcément avec des produits nettoyants)⁴ et en appliquant sur la peau des émollients hydratants et des crèmes sous ordonnance.^6,7,8,9 « Les symptômes d’intensité modérée à sévère peuvent également nécessiter un traitement, comme des comprimés ou des injections », déclare-t-elle⁶. « Discuter avec son médecin de l’approche qui convient pour son enfant est la clé. »

Pour alléger le fardeau psychosocial, Allie recommande aux parents d’aider leurs enfants à trouver leurs propres stratégies d’adaptation. « Cela pourrait être de l’art, de la musique ou de la marche, bref, tout ce qui agit de manière positive sur leur santé mentale », dit-elle. « Il est primordial de leur enseigner comment passer au travers de certains problèmes parce que ceux-ci vont bel et bien survenir. Avoir ce soutien supplémentaire fait toute la différence. » 

Newsletter copy:

La dermatite atopique : bien plus qu’une « simple affection de la peau » Comment aider votre enfant à s’adapter aux effets secondaires émotionnels que l’eczéma entraîne. 

1-National Eczema Association. Atopic Dermatitis. En ligne à : https://nationaleczema.org/eczema/types-of-eczema/atopic-dermatitis/#:~:text=Atopic%20dermatitis%20(AD)%20is%20the,with%20other%20types%20of%20eczema. 

2-Société canadienne de l’eczéma. Rapport sur la qualité de vie associée à la dermatite atopique 2017. En ligne à : https://eczemahelp.ca/wp-content/uploads/hcp-resources/fr/SCE_Rapport-sur-la-Qualite-de-vie-Associee-a-la-Dermitite-Atopique_2017.pdf. Consulté le 19 février 2021.

3-Société canadienne de l’eczéma. Les démangeaisons dans la dermatite atopique. En ligne à :  https://eczemahelp.ca/wp-content/uploads/2021/04/SCE-Les-Demaingeaisons-dans-la-Dermatite-Atopique-Rapport-sur-le-Sondage-2021-FIN.pdf. Consulté le 19 février .2021.

4-National Eczema Association. Skin Barrier Basics for People with Eczema. En ligne à : https://nationaleczema.org/blog/what-is-my-skin-barrier/. Consulté le 18 octobre 2022. 

5-National Eczema Association. Bathing, Moisturizing and Wet Wraps. En ligne à : https://nationaleczema.org/bathing-moisturizing-and-wet-wraps/. Consulté le 27 octobre 2022. 

6-Alliance canadienne des patients en dermatologie. La dermatite atopique : Traitement. En ligne à : https://apropeau.ca/la-dermatite-atopique/250-traitement. Consulté le 27 octobre 2022.  

7-Monographie de Protopic®. LEO Pharma Inc. Révision le 13 août 2021. En ligne à : https://www.leo-pharma.ca/Files/Filer/Protopic_MP_Aug2021_FR.pdf. 

8- Monographie d’ELIDELMD. Valeant Canada S.E.C. Révision le 23 septembre 2019. En ligne à :  https://pdf.hres.ca/dpd_pm/00053721.PDF.

9-Monographie d’EUCRISAMC. Pfizer Canada SRI. Révision le 18 mai 2021. En ligne à : https://www.pfizer.ca/sites/default/files/202106/EUCRISA_PM_FR_240171_18-May-2021.pdf.