Rythmes chauds
Habituellement, avant le début d’un spectacle théâtral, la salle est plongée dans le noir. Aveugle, l’auditoire se tait et attend fébrilement le début du premier acte, que la magie s’opère enfin. Mais pas ici. Non.
Ceux qui ont la chance de visiter cette terre lointaine qu’est Baobab pénètrent dans un monde où le soleil ne se couche jamais. Sur scène, les musiciens Aboulaye Koné et Nathalie Cora jouent de leurs instruments et, déjà, dans la salle, le visage des enfants s’illumine! Les mains se joignent et les pieds frappent le sol en suivant les rythmes enlevants, chauds, de la musique africaine. Derrière les musiciens se dresse un immense arbre, un baobab peint sur une grande toile, élément central de ce décor dépaysant, aux couleurs de la savane. Bientôt, les comédiens (Widemir Normil et Philippe Racine) viennent à la rencontre des spectateurs, en interprétant la Chanson des prénoms, pendant laquelle ils inviteront les enfants à se présenter. L’histoire n’est pas encore commencée que déjà, l’auditoire est conquis.
Le rassembleur
En Afrique occidentale, le griot est en quelque sorte la voix du village : c’est à travers lui que survit et se partage toute tradition orale. Après nous avoir emprunté nos oreilles, le griot du village (Normil), à la manière d’un conteur, nous plonge dans l’histoire passionnante d’Amondo, « le rassembleur ».
À une époque où les animaux, les hommes et les éléments se parlaient encore, la Terre et le Baobab tombent amoureux. Le Soleil, jaloux de leur union, se met alors à briller de mille feux, sans relâche, si bien que, bientôt, il n’y a plus d’eau dans le village.
Un peu plus tard, du Baobab, naît un garçon. Toutes les femmes, tous les animaux s’occupent de lui et il devient l’enfant de tout le monde, celui qui rassemble les gens. Très vite, on dévoilera à Amondo sa mission : il est en effet celui qui devra redonner l’eau dérobée par le soleil. Pour ce faire, le garçon devra accomplir quatre épreuves, dont celles de dérober la bosse de la méchante sorcière et de déjouer le gardien du Baobab, un immense babouin futé.
Magie
Dans un tel univers, la magie est bien entendu au rendez-vous. Aussi, les quatre comédiens et musiciens arrivent, à l’aide de marionnettes, d’ombres chinoises, de musique et de ruses de toute sorte à animer ce petit village d’Afrique de l’Ouest. Tout y est : suspense, aventure et rires à profusion. Du début à la fin de ce spectacle animé, au court duquel on ne s’ennuie jamais, le plaisir des enfants est palpable, et celui des parents l’est tout autant.
Il y a quelques années, fascinée par le baobab, l’auteure et metteure en scène du spectacle, co-fondatrice du Théâtre Motus, Hélène Ducharme a décidé d’aller à la rencontre de l’Afrique. Son amour pour cette culture est absolument transcendant et, bien que confortablement assis sur notre banc, nous voilà rapidement transportés vers ces contrées lointaines et mystérieuses. Finis, le froid et les vents de décembre. À la Maison Théâtre, à Montréal, il fait chaud.
À la découverte
Mais Baobab ne fait pas qu’émerveiller. La pièce propose plusieurs pistes de réflexion extrêmement actuelles, notamment au sujet des éléments et de notre rapport avec la terre. De plus, elle propose aux enfants un premier contact avec la beauté des rythmes et des légendes africaines. La force et la détermination du héros, pas plus haut que trois pommes, sont aussi extrêmement inspirantes. Pour continuer les discutions à la maison, il est possible de se procurer le magnifique livre BaObab, librement inspiré de la pièce de théâtre et édité aux Éditions de la Bagnole.
Baobab, Théâtre Motus et Troupe Sô (Mali), texte et mise en scène de Hélène Ducharme, avec Nathalie Cora, Abulaye Koné, Widemir Normil et Philippe Racine, présenté à la Maison Théâtre du 27 novembre 2014 au 4 janvier 2015
BaObab, Helene Ducharme & Normand Cousineau, éditions de La Bagnole, ISBN 9782923342429, 14,05 $
