J’étais à la piscine avec mes enfants quand le sauveteur est venu me voir : « Madame, à la piscine, on s’attache les cheveux quand ils dépassent les épaules ». Je me suis excusée, je n’étais pas au courant de ce règlement, ce à quoi il m’a répondu « mais c’est bien évident il me semble! ».
Je me suis sentie d’abord ridicule. Non, je n’y ai pas pensé, j’aurais peut-être dû! Puis, je me suis sentie humiliée, rabrouée devant tout le monde. J’ai réagi avec force : « Mais écoute, je viens ici chaque semaine et j’y vois toujours des gens les cheveux lousses! », j’étais en colère et j’ai simplement décidé de lui tourner dos.
Ç’a été une belle et grande leçon pour moi. Pour me rappeler que lorsque je reproche quelque chose à mes enfants, elles passent à travers des mêmes sentiments. De la culpabilité à la colère. Oui, ça a fonctionné, je m’attache toujours les cheveux maintenant... mais avec amertume.
Nos enfants vivent la même chose!
Chaque jour, un enfant doit assimiler une quantité phénoménale d’informations, de nouveautés, de subtilités. Sans compter les gigantesques acquis physiques (marcher, sauter, lancer de plus en plus fort), les enfants sont sans cesse confrontés aux échecs des débutants, aux impossibilités dues à leur âge, à leur grandeur, à leur capacité cognitive.
C’est un peu comme si on vous déposait soudainement au centre d’un village très pauvre en Chine. Vous ne comprenez rien aux coutumes du pays. Vous saisissez quelques mots au prix d’incroyables efforts, mais vous n’arrivez toujours pas à comprendre les subtilités de leurs expressions. Vous devez apprendre à vous nourrir avec les moyens du bord, ils n’ont pas d’électricité. Et en plus, on vous reproche plusieurs de vos comportements.
C’est épuisant, « drainant » et pourtant, c’est ce que les enfants vivent chaque jour. Ils ne peuvent pas tout réaliser, tout réussir.
Il faut prendre conscience que nous vivons dans une société très « haute performance », on vous donne des trucs pour que votre bébé de 3 mois dorme toute la nuit, on s’étonne que votre enfant de 2 ans ne reste pas assis tranquille pour manger, on se sent coupable dès que notre enfant de 5 ans dit s’ennuyer. Laissons les bébés être des bébés et comblons leurs besoins et laissons les enfants libres de lâcher leur fou. On ne le dira jamais assez, il ne faut jamais comparer. Si Justin parle très clairement à 18 mois, Lukas va être capable de lire l’heure sur un cadran à 4 ans, dire qu’il ne parlait pas lui à 3 ans!
Chaque enfant a des défis à surmonter. Pour l’aider, focussez sur un seul à la fois, il ne pourra pas tout réussir en même temps! Prenez le temps de vous mettre à son niveau et de lui expliquer ce qu’il se passe : « Chéri, je sais que c’est difficile pour toi de nourrir correctement ton corps. Tu aimes surtout ce qui est très sucré comme les gâteaux ou très salé comme les craquelins non? C’est normal, mais ensemble, on va trouver des trucs pour être sûr que ton corps a tout ce dont il a besoin pour grandir ». Faites-en le principal acteur de son changement! Demandez-lui son avis, intégrez-le dans le processus, même s’il est très jeune.
Quelques trucs pour aider votre enfant
- Créez un journal de bord, dans lequel vous noterez ses progrès.
- Trouvez des livres qui parlent de la problématique que vit votre enfant, cela l’aidera à se sentir moins seul.
- Soyez à l’écoute de ses besoins. Si votre enfant revient de la garderie sur les nerfs, il a peut-être besoin de se défouler un peu ou au contraire, d’une petite pause lecture, mais probablement pas d’interventions sur son comportement.
- Évitez de lui passer des commentaires devant d’autres personnes. Pensez à comment vous vous sentez lorsque quelqu’un vous fais une remarque en public.
- Renforcez votre lien en vous créant des petits moments où vous serez seule avec lui et attentive.
Références
- 98,5
- Parents efficaces, Thomas Gordon, édition Marabout
- Allégories pour petits et grands défis, Solène Bourque, édition de Mortagne
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