Famille

Comment agir avec les enfants des autres

Les petits voisins entrent chez vous à toute heure du jour. Votre neveu tape votre fille. Les enfants dans la salle de jeu au resto font la loi. Que faire? Doit-on intervenir auprès des enfants des autres?

En ayant des enfants, on finit tôt ou tard par rencontrer et à être en contact, souvent étroit, avec d’autres enfants… qu’on n’a pas choisi. Beaucoup de parents se questionnent sur les limites et sur leurs rôles d’adulte envers ces enfants qui ne sont pas les leurs. Parfois, on se demande si on a le droit d’intervenir. D’autres fois, on se questionne si ce n’est pas plutôt un devoir de citoyen de le faire! « Il y a un retour du balancier au niveau de la discipline, explique Élise Castonguay, psychologue. On est passé de l’obéissance aveugle à une époque où l’enfant était roi et où on répondait à tous ses besoins et ses désirs. Aujourd’hui, les parents se rendent compte que les enfants ont besoin d’encadrement. »

Souvent, c’est le choc des valeurs et des méthodes de discipline qui vous heurte, bien plus que le comportement même des enfants. Et les parents, très susceptibles, n’acceptent pas facilement de voir leur enfant être repris ou « discipliné » par d’autres adultes. « Ils se sentent vite jugés ou attaqués », note la psychologue.

Faut-il tout un village pour éduquer un enfant?

Si on trouve joli et plein de sens le proverbe qui dit qu’il faut tout un village pour éduquer un enfant, ce n’est pas tous les parents qui acceptent les interventions des autres adultes envers leurs enfants. La preuve? Il n’est pas rare lors d’un conflit adulte/enfant, comme avec un professeur, de voir les parents prendre le parti de leur enfant au lieu de renforcer l’intervention de l’adulte. Beaucoup de professeurs n’en peuvent plus de cette situation délicate qui mine leur autorité et qui laisse les enfants dans un flou disciplinaire.

Pourtant, les interventions d’« étrangers », si minimes soient-elles, ont souvent plus de poids. Malgré nos recommandations et nos avertissements, notre enfant continue de conduire son minuscule panier d’épicerie à toute vitesse dans les rangées d’épicerie. Il se peut que si un autre client ou l’épicier lui dit de conduire prudemment, notre petit chauffard soit plus prudent. Si c’est grand-maman qui reprend notre fille qui mange avec ses doigts, il y a plus de chances que cette dernière obéisse sans rouspéter. « Parfois, c’est plus gênant et plus sérieux pour l’enfant si la remarque provient d’un étranger. Il se permet moins de répliquer », raconte Élise Castonguay.

Le pouvoir des limites

« La liberté des uns se termine là où la liberté des autres commence. » C’est bien beau en théorie, mais en pratique – et quand des enfants, et surtout les nôtres sont impliqués – c’est une autre paire de manches! Quand une situation nous accroche, il faut se rappeler une règle bien simple. « On se fixe des repères personnels concrets. On se demande où sont nos bornes face à un comportement. On se demande si on est confortable ou non devant une situation. Ainsi, on définit notre limite et ensuite, on est capable de justifier notre intervention », explique la psychologue et mère de famille.

Ensuite, on peut intervenir et on se sent en confiance de le faire. « Il faut être prêt à assumer nos actions aussi, car devant quelqu’un – un autre parent qui résiste ou qui questionne notre intervention – on est prêt à s’affirmer et à se justifier, au besoin. Chacun a des limites différentes, il faut le comprendre, mais cela ne doit pas nous empêcher d’agir si, pour nous, notre limite est atteinte. Même si d’autres parents réagissent à notre intervention, cela ne veut pas dire pour autant que c’était inapproprié. Il faut plutôt se dire qu’on s’est fié à notre échelle d’intervention personnelle », précise la psychologue.

Aussi, si on doit expliquer ce qui s’est passé aux autres parents, on essaie d’éviter les confrontations « mon enfant VS le tien ». « On peut plutôt opter pour la technique de base de résolution de conflit en essayant de le voir avec les yeux de l’autre enfant. « Je pense que Simon a eu l’impression que mon fils ne voulait pas glisser, mais il était dans la lune et tout le monde le dépassait ». On évite d’accuser l’autre. On nuance un peu », explique Élise Castonguay. On peut aussi expliquer franchement la situation en omettant les accusations. On parle plus au « je ».

Intervenir : oui ou non… et comment?

Rien ne sert d’intervenir avec éclat auprès des enfants. « Il n’y a rien qui ne se dit pas; tout est dans la façon », note la psychologue. Quelques trucs?

  • On laisse la chance aux parents de l’enfant d’intervenir.
  • On se rapproche des enfants. Parfois en sachant qu’on les observe, les petits fautifs se calment.
  • On prend le relais si on juge que la situation le mérite.

D’autres parents ont développé des trucs subtils pour passer des messages. Par exemple, dans une salle de jeu d’un restaurant, si les autres enfants passent à répétition devant le nôtre, on peut dire clairement et assez fort « Garde ta place. Reste à l’avant. Les autres passent devant toi! » Pour aider un enfant timide à prendre sa place et ne pas être victime d’intimidation, on peut aussi faire des jeux de rôle. « On suggère par exemple de parler avec une voix de souris et ensuite avec une voix de lion. On peut essayer plusieurs tons de voix pour inciter le jeune à ne pas être gêné de prendre la parole. Aussi, le parent peut prendre le rôle d’un garçon qui fait la loi au parc et on demande à notre enfant de dire « C’est à mon tour » ou autres phrases », explique Élise Castonguay.

Toutefois, il n’est pas toujours recommandé d’interférer dans les jeux des enfants, car on risque de miner leur estime de soi si on agit à leur place. « Les enfants peuvent même se sentir humiliés. Tant que ce sont leurs jeux avec leurs règles, c’est à notre enfant de faire son expérience », ajoute-t-elle. Il demeure important de rester attentifs quand même en ouvrant, par la suite, le sujet seul à seul avec lui. On l’aide ainsi à mettre des mots sur ce qui s’est passé. « On lui demande comment il s’est senti et on peut explorer avec lui ce qu’il aurait pu faire sans lui dicter une marche à suivre », dit Élise Castonguay. Comme parent, on s’en fait beaucoup pour nos enfants, mais parfois vivre leurs propres expériences tout en étant conscient de leurs limites est bénéfique pour nos petits! En entretenant le lien communicatif et en faisant confiance à nos enfants face aux valeurs qu’on leur a inculquées, les enfants prennent aussi confiance en eux.

On veut que les enfants apprennent à vivre la discipline à travers d’autres adultes que nous, mais on craint tout de même les possibles abus. Ce n’est pas simple à départager : ce n’est pas parce que c’est un adulte qui dit de faire quelque chose que c’est nécessairement bien. Comment dire à notre enfant de faire ce qu’un adulte lui dit, de l’écouter, mais en lui donnant des clés pour qu’il soit capable de juger? « On les éveille aussi à se fier à leur intuition pour savoir si une situation est convenable ou non. On leur dit qu’ils ont en eux une cloche, une alarme, un petit lutin qui les avertit quand il ne se sent pas bien face à une situation. On renforce l’importance de leur petite voix intérieure. Les enfants nous voient aussi réfléchir et ils font comme nous », estime la psychologue.

Chez nous, chez vous?

Quand d’autres enfants viennent à la maison, il faut que les règles restent les mêmes pour eux que pour vos enfants. Bien sûr, on ne peut pas leur donner une conséquence comme pour nos enfants, mais on peut clairement leur dire que si ça ne marche pas, on leur demandera de partir et de retourner chez eux. C’est décevant pour notre enfant, mais ce le serait encore plus si les règles variaient toujours. Si avec un enfant en particulier, la situation est vraiment désagréable, on peut dire à notre enfant que pour l’instant, il pourra aller jouer chez lui, mais pas le contraire. On peut aussi aller en terrain neutre – comme au parc – avec notre enfant et lui permettre d’inviter son copain.

Il ne faut pas se gêner non plus pour dire à un enfant qu’il est l’heure de la sieste ou du repas et lui demander de revenir plus tard. « Quand notre enfant va chez un ami pour la première fois, on lui demande de parler à l’autre parent. On peut l’appeler ou demander à l’autre parent de nous appeler. C’est un premier contact qui nous permet aussi de connaître un peu les autres parents simplement en étant attentifs à leur ton de voix, la façon ou ce qu’ils nous répondent. On peut commencer par une formule polie « J’espère que mon enfant ne dérange pas. Sentez-vous bien à l’aise de le retourner à la maison quand la période de jeux sera terminée ou si vous devez sortir ». On se présente, on ouvre la porte sur une base de communication. On peut dire aux parents ce qu’on a demandé à l’enfant comme « Je lui ai dit de revenir à telle heure… » », suggère Élise Castonguay.

Et vous, que faites-vous si…
  • Les grands enfants au parc font la loi avec vos enfants?
  • Les petits voisins viennent sonner à la porte à n’importe quelle heure?
  • Votre neveu tape votre enfant?
  • Des enfants bousculent les vôtres dans la salle de jeu d’un restaurant?
  • Un ami vole les jouets de vos enfants?
  • Que demandez-vous à vos enfants quand ils sont à l’extérieur de la maison? (écouter l’adulte, être poli, etc.)
  • Comment vous sentez-vous si un autre parent vient vous dire que votre enfant a tapé, bousculé, ou n'a pas été gentil chez eux (ou dans la salle de jeu d'un resto)?
Image de Nadine Descheneaux

Autrice jeunesse et conférencière.


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