Famille

Jumeaux - un développement unique!

Peut-on se développer de la même façon lorsqu’on est un « vrai » jumeau que lorsqu’on est biologiquement unique? Longtemps, la communauté scientifique a boudé la question, s’intéressant davantage aux similarités qu’affichaient les jumeaux. Ainsi, on en venait à la conclusion plutôt défavorable que les jumeaux, contrairement aux enfants uniques, développaient le langage, l’abstraction et d’autres capacités cognitives avec un retard systématique.

C’est une erreur : on sait aujourd’hui que les jumeaux ont un développement qui leur est propre et qu’il est dès lors impossible de le calquer sur celui des enfants uniques. En effet, ils passent par certaines étapes supplémentaires, qui leur permettront de développer leur personnalité et les mèneront, ultimement, à l’autonomie. Le parcours d’autonomisation des jumeaux comporte en fait trois phases : l’étape fusionnelle, au court de laquelle les jumeaux sont comme soudés l’un à l’autre, indifférenciés. Puis vient l’étape de complémentarité, où des rôles distincts sont attribués aux jumeaux. Finalement, l’étape d’autonomie, qui se profile à l’adolescence, avec les premières relations amoureuses.

La fusion gémellaire

De la naissance à l’âge de deux ans, les jumeaux passent par une étape naturelle que l’on appelle « fusion gémellaire ». Celle-ci est la conséquence directe de la nécessité des parents de devoir s’occuper de deux enfants simultanément. Puisqu’ils ne veulent pas léser un des enfants par rapport à l’autre, les parents offrent aux deux enfants la même chose : ils apportent donc une réponse commune et non individuelle aux besoins des petits. Les deux enfants deviennent ainsi une seule entité. C’est la présence de cette « entité gémellaire » qui explique pourquoi les jumeaux présentent un certain retard (de six à dix mois) sur le plan de la maturité affective et cognitive par rapport aux autres enfants : les jumeaux interagissent moins avec leur environnement, et davantage l’un avec l’autre.

Complémentarité

Puis, entre l’âge de deux et six ans, les jumeaux abordent une seconde étape de leur développement : la complémentarité. À partir de ce moment, les parents commencent à répondre aux demandes de leurs enfants de façon individuelle. Souvent, à cet âge, les besoins des enfants seront en effet différents, voire opposés. Il n’est pas rare de constater des différences importantes : l’un des jumeaux est colérique, alors que son frère est docile. L’un préfère les desserts, alors que l’autre aime le salé. On dit qu’ils sont complémentaires – comme un couple!

C’est souvent à cette époque que les parents commencent à insister sur une compétence (peinture, musique, dessin, chanson) qui sera probablement différente chez chacun des jumeaux, créant ainsi une asymétrie. Le cojumeau apprendra de l’apprentissage de son frère ou de sa sœur, ce qui peut être vu comme une étape de « parasitage du développement cognitif ». Si l’appellation n’est pas très flatteuse, cette étape constitue un premier pas vers l’autonomie des jumeaux, qui sont en train de se construire l’un par rapport à l’autre.

Cette complémentarité peut aussi se voir au niveau physique et il se pourrait que, à cette étape, il y ait plus de batailles entre les deux. Ils sont en train de se tester, de mettre leurs forces à l’épreuve. Si leurs oppositions peuvent être très virulentes, voire violentes, ils ne se blesseront pas et, une fois le conflit réglé, recommenceront à jouer ensemble, comme si rien n’était arrivé.

Retard du langage et cryptophasie

C’est au cours de la période de complémentarité qu’apparaît parfois le phénomène de cryptophasie, désignant un langage propre que les jumeaux se construisent pour communiquer l’un avec l’autre, et que l’entourage ne réussit pas à percer. C’est à la fin des années 1950 que ce phénomène a été une première fois mis en lumière par deux psychologues russes, Alexandre Louria et F. Yudovich. Ceux-ci avaient étudié deux jumeaux enlevés d’une façon totalement symbiotique et qui avaient développé un langage structuré, avec un lexique et une syntaxe à part. Ce langage unique leur permettait de se comprendre, sans que personne d’autre n’y arrive!

Un tel phénomène est rarissime, mais un retard de langage, lui, n’est pas rare. Lorsqu’un des jumeaux apprend un mot, il le répète avec certaines déformations. L’autre jumeau apprend alors le mot déformé de son frère ou de sa sœur. Chacun des jumeaux a donc, en quelque sorte, un mauvais modèle à ses côtés.

Dominant et dominé

À partir de ce moment, les parents doivent commencer à réfléchir à comment séparer leurs enfants, notamment dans le contexte scolaire. On estime que la séparation ne devrait en effet pas avoir lieu lorsque les jumeaux sont en pleine période de complémentarité, à moins qu’un rapport de dominant et dominé important ne s’installe entre eux. Un tel rapport existe chez tous les jumeaux, mais il est fluctuant : il change en fonction des situations, des activités et des moments. Dans telle ou telle situation, l’un prend les commandes, alors que dans un autre contexte, c’est son frère ou sa sœur qui dirige. Si c’est toujours l’un des deux jumeaux qui prend les commandes, on pourrait décider de les séparer plus rapidement.

Vers l’âge de six ans, entre autres grâce à leur entrée à l’école, les jumeaux commencent à être considérés comme des individus uniques. À partir de ce moment, ils atteignent une phase d’autonomie qui leur permet de développer des compétences et des préférences. Tous les retards qui auraient pu être constatés dans la petite enfance ont tendance à se résorber. À cette époque, ils commenceront à s’entraider, notamment au niveau des devoirs et de certains apprentissages. Ils se sollicitent et deviennent l’un pour l’autre un « développeur de connaissances ». Si l’un progresse, l’autre s’en inspire.

Adolescence

L’entrée dans l’adolescence est la dernière étape du développement gémellaire : celle de l’autonomie complète. Cette autonomie se construit en raison de la nécessité de mettre en place un espace pour qu’un « autre » puisse entrer dans le couple. En effet, à cet âge, chacun des jumeaux cherche à nouer un lien affectif et émotionnel spécifique avec une tierce personne. Cette nouvelle relation, amoureuse et sexuée, sera totalement différente de ce qui a été vécu jusqu’à maintenant avec le frère ou la sœur. Elle représente l’achèvement de l’affirmation de soi en tant qu’individu. Ce couple ne supplante pas le lien gémellaire, mais permet aux deux jumeaux de se développer à l’intérieur d’une autre relation. En plus de devoir se séparer de leurs parents, les jumeaux doivent aussi se séparer de leur cojumeau. Ils pourraient donc vivre une crise supplémentaire puisqu’ils auront besoin de redéfinir leur relation.

Il est aussi important de souligner que, à l’adolescence, le fait d’avoir un jumeau peut s’avérer très avantageux. On note entre autres que les jumeaux développent un sens accru de l’empathie. Plus attentifs aux sentiments des autres, ils ont souvent davantage de facilité à entrer dans des groupes. De plus, dans cette période trouble qu’est l’adolescence, ils ont quelque chose de rare : quelqu’un à qui se confier, quelqu’un à qui ils peuvent demander conseil.


Cette semaine
Les mots de Passe-Partout : pour apprendre en s’amusant

Cette émission jeunesse a marqué plus d’une génération, nous sommes nombreux à avoir grandi en compagnie de Passe-Montagne, Passe-Carreau et Passe-Partout.

20 cabanes à sucre familiales

Puisque le goût de l’érable coule dans nos veines, allons s’en pourlécher les babines encore cette année! Voici des suggestions de cabanes à sucre dans toutes les régions du Québec.

Le RQAP : plus flexible que jamais

Présenté par le Gouvernement du Québec.

Saviez-vous que le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) vous permet de concilier encore plus facilement vos responsabilités familiales et professionnelles? 
 

Sarah-Jeanne Labrosse raffole de ces produits pour bébé

Dans un monde où la peau délicate des tout-petits demande une attention particulière, les soins Mustela émergent comme un phare de confiance offrant des produits qui évoquent la tendresse et le réconfort d’un câlin.