Grossesse/Maternité

Les cours prénataux

De par la nature de mon travail, je rencontre des centaines de femmes enceintes par année et j’entends qu’il y a encore beaucoup de couples qui ne souhaitent pas suivre des cours prénataux. Pourquoi? Les raisons qu’on me donne le plus souvent sont que le conjoint n’est pas intéressé par ces rencontres et que la femme trouve suffisamment d’informations dans les livres et sur internet. De plus, ces couples se renseignent auprès de leur entourage qui a déjà des enfants et ceux-ci leur répondent que le contenu des cours prénataux qu’ils ont suivis n’a pas répondu à leurs besoins en salle d’accouchement, que c’était trop long et qu’ils étaient trop nombreux pour pouvoir échanger entre nouveaux parents.

En général que recherchent les couples pour se préparer à la naissance de leur bébé? Les couples cherchent à :

  • Calmer leurs inquiétudes et réduire leur anxiété face à la grossesse et à leur accouchement;
  • Trouver de l’information claire, pertinente et complète sur l’accouchement;
  • Démystifier certains mythes autour de la naissance;
  • Échanger avec d’autres couples qui attendent un bébé;
  • Élaborer autour du  rôle du père en salle d’accouchement et en postnatal;
  • Jouer un rôle actif pendant leur accouchement.
Voici les différentes options

Certaines femmes se prépareront à l’accouchement par le biais du yoga afin de se centrer sur leur respiration, apprendre à s’intérioriser et se sentir plus calmes. D’autres choisiront l’accompagnement à la naissance pour des rencontres plus personnalisées et un soutien continuel jusqu’en salle d’accouchement. Il y a des couples qui trouveront des façons moins conventionnelles pour se préparer telles que par l’hypnose ou la préparation affective à la naissance. Par contre, le plus reconnu reste le traditionnel cours prénatal.

Qu’est-ce que les cours prénataux?

Les cours prénataux qui ont pour but de vous préparer à l’accouchement et à la période postnatale s’échelonnent sur plusieurs semaines. Ces rencontres peuvent se faire en groupe ou en privé par une personne compétente avec une formation dans le domaine de la périnatalité et préférablement avec de l’expérience en salle d’accouchement. On a tendance à penser que seules les infirmières sont outillées pour donner les cours prénataux, mais d’autres personnes animent maintenant les cours comme les accompagnantes à la naissance. Elles sont bien formées pour ce genre de préparation prénatale en groupe, en plus d’avoir l’expérience en salle d’accouchement dans différents hôpitaux. En plus, vous pouvez avoir recours à ses services privés en prénatal et aussi en postnatal. Elle peut même vous soutenir vous et votre conjoint pendant votre accouchement.

Les sages-femmes sont également actives dans la préparation prénatale pendant leur suivi de grossesse ou pour animer les cours prénataux. Les cours varient d’un endroit à l’autre tant au niveau du contenu que la durée du cours et nombre de participants.

Comment choisir ses cours prénataux

Il faut choisir un cours prénatal qui convient à ce que vous avez envie de vivre. Ces rencontres contribueront à ce que votre accouchement reste un évènement positif.

Des études ont démontré que les femmes qui s’étaient renseignées au sujet de la grossesse étaient plus susceptibles de profiter de leur état. L’expérience vécue par ces femmes leur procurait une plus grande satisfaction, car elles sentaient que les connaissances acquises leur avaient permis d’avoir une meilleure emprise sur leur grossesse et leur accouchement. Une des études a clairement démontré un moins grand besoin de médicaments pour atténuer la douleur au cours du travail soit qu’elles avaient éprouvé moins de douleur ou qu’elles aient été mieux préparées à y faire face.

Source : Partir du bon pied, Société des obstétriciens et des gynécologues du Canada

Sachez qu’il y a plusieurs options qui s’offrent à vous selon vos préférences. Plusieurs endroits offrent des cours; souvent notre premier réflexe est d’appeler le CLSC de notre région,  mais il y aussi d’autres endroits qui offrent les cours tels que les Centres en périnatalité (CEP) ou des Centres de maternité privés. Il y a également des infirmières et des accompagnantes à la naissance qui offrent des cours en privé à votre domicile.

Il est important de choisir un cours qui corresponde à vos besoins et donc il ne faut pas hésiter à poser des questions. Pour comparer et connaître les sujets abordés d’un endroit par rapport à l’autre, demandez un plan de cours détaillé.

Les sujets ne sont pas pareils d’un endroit à l’autre, certains sujets sont traités de la même manière lors de ces cours (alimentation, étapes du travail, vrai ou faux travail, allaitement), mais d’autres aspects de l’accouchement ne sont pas traités de la même façon et peut-être sont-ils importants pour vous.

Il y aussi la façon dont les sujets sont présentés qui fait toute la différence lorsque nous choisissons un endroit versus en autre. Aussi tout est dans la façon que la personne va passer l’information. Est-ce que nous nous contentons de seulement vous dévoiler le cours de l’accouchement ou est-ce qu’on va plus en profondeur? Est-ce qu’on y banalise les interventions médicales telles que l’accouchement provoqué ou la césarienne? Si vous prenez l’épidurale, est-ce qu’on vous explique les avantages, les désavantages, les alternatives ou les autres interventions qui viennent par la suite? Est-ce qu’on implique le père, et ce, dans toutes les étapes : grossesse, accouchement et période postnatale.

Est-ce qu’on considère que l’accouchement est un processus naturel, mais qu’il peut arriver des situations où les interventions médicales sont nécessaires pour la santé de la femme et celle de son bébé? Que chaque femme est différente avec ses propres inquiétudes et ses peurs? Que chaque couple un rôle actif à jouer dans la naissance de son enfant?

Sondez l’atmosphère en allant visiter l’endroit

Aimez-vous l’environnement dans lequel les rencontres se feront? Y’ a-t-il de la place pour l’échange entre couples et pour poser vos questions? Combien de couples assistent en même temps à ces rencontres? L’ouverture et la flexibilité de la personne qui anime les cours sont importantes.

Connait-elle d’autres outils pour vous préparer tels que le yoga, l’hypnose, la méthode Bonapace, la préparation affective à la naissance? Est-elle à jour dans ses connaissances, a-t-elle de l’expérience récente en salle d’accouchement? Est-ce qu’elle est disponible pour répondre à vos questions après le cours?

J’ai aidé près d’une centaine de couples à se préparer à leur accouchement et je crois sincèrement quela meilleure éducation prénatale est celle qui prépare plus adéquatement le couple en lui offrant toute l’information nécessaire pour faire un choix éclairé et SURTOUT qui aide la femme à faire confiance en ses capacités de donner naissance à son bébé. Il est également important que l’homme comprenne ce processus pour que lui aussi puisse faire confiance à sa femme et à ses capacités d’enfanter.

Et le père dans tout ça?

Comme je disais au début de cet article, souvent les pères ne veulent pas suivre les cours. Comment rejoindre le père et quel est son rôle pendant l’accouchement et en période postnatale?

Il est reconnu que les préoccupations des pères ne sont pas les mêmes que celles de sa conjointe. Ils ont des préoccupations financières qui sont moins présentes chez la femme enceinte, ils ont peur de se sentir impuissant pendant l’accouchement, ils craignent de perdre leur place en postnatal, etc.

Traditionnellement, l’accouchement était un moment vécu entre femmes.  Avant l’accouchement en milieu hospitalier, les femmes accouchaient à la maison, un endroit où la femme en travail était entourée des proches (sœur, mère, cousine) et sa sage-femme. Dans l’ère du médical, la femme fut coupée de ses proches pendant l’accouchement et ne fut entourée que du personnel médical. Même les conjoints n’assistaient pas aux accouchements. Ce n’est que dans les années 80 que le mouvement d’humanisation des naissances a voulu donner une place au père pendant l’accouchement, par contre nos conjoints n’ont pas l’héritage de père en fils puisque c’est un évènement assez récent.

Est-ce que l’approche traditionnelle des cours prénatals est toujours suffisante pour préparer les pères à assister leur conjointe et accueillir leur bébé? Puisque les hommes offrent un soutien et une aide inestimable durant l’accouchement, ils devraient avoir une attitude positive et empathique, leur confiance en eux et en leur conjointe, les soins qu’ils prodiguent pendant le travail (masser, encourager, soutenir) ainsi que leur capacité à ne pas transférer leurs propres peurs sur leur conjointe ou à vouloir contrôler la situation.
Extrait du livre BIEN VIVRE SA MATERNITÉ AU QUOTIDIEN de Dominique Girard

Si vous accouchez à l’hôpital, le conjoint protégera l’intimité ainsi que la bulle de sa conjointe. Le père est souvent tassé en milieu hospitalier. Avec tout le personnel en place, il doit comprendre son rôle et prendre sa place pour jouer un rôle actif dans la naissance de son bébé. Pas juste couper le cordon! Certains pères aident le médecin à faire naître leur enfant et ensuite le déposent sur le ventre de la mère; c’est une autre possibilité qui s’offre au père, s’il le veut, bien sûr. Le fait qu’il assiste aux cours lui permet de mieux comprendre le processus de la naissance et ainsi augmente sa confiance en lui donnant aussi des outils pour accompagner pour qu’il ne sente pas impuissant face à la situation. Il peut alors prendre part aux décisions en salle d’accouchement, poser les bonnes questions et répondre aux questions du personnel pour que sa conjointe ne soit pas trop dérangée pendant le travail. Si la mère a des souhaits particuliers, le père pourra les transmettre au personnel hospitalier.

Quand commencer les rencontres?

Les femmes nous demandent souvent quand est le moment idéal pour commencer ses cours : vous allez constater que c’est différent d’un endroit à l’autre justement à cause des sujets abordés. Si on passe beaucoup de temps sur l’alimentation pendant la grossesse peut-être qu’on vous encourage à commencer le plus tôt possible. Par contre, selon mon expérience, le troisième trimestre (vers la 26e semaine de grossesse) semble être un bon moment pour débuter. Nous commençons graduellement à nous préparer pour l’arrivée du bébé. On prépare sa chambre, notre ventre grossit, le bébé bouge et c’est plus concret. Psychologiquement, nous sommes plus aptes à entendre parler du processus de l’accouchement, à voir des accouchements et l’information est plus fraiche dans notre esprit, on commence doucement à nous séparer de notre bébé.

Situations particulières

Vous attendez un 2e bébé, des jumeaux ou vous pensez avoir un accouchement vaginal après une césarienne (AVAC)? Il existe aussi de la préparation prénatale pour des situations plus particulières où l’information offerte est différente (et les questions des parents) que dans les cours prénataux traditionnels. Informez-vous sur ces ateliers, ils sont aussi importants pour vous préparer à votre accouchement!