Santé

Croire aux contes de fées

Faut-il raconter des histoires à dormir debout aux enfants? Le Père Noël, les œufs des lapins de Pâques, la cigogne qui apporte les bébés, la Fée des dents?

Les contes parlent le plus souvent de la séparation d’avec sa famille pour acquérir son identité propre, du rapport à son sexe et de la relation à l’autre, de l’autre sexe, avec qui il faut construire une nouvelle cellule sociale, de la condition humaine et de ses difficultés, du passage à l’autre monde...

Ainsi, au-delà de leur apparence naïve, de leur finalité divertissante et de leur optimisme foncier, les contes sont des récits qui parlent, de manière dissimulée, des grands mystères de la vie humaine : de la naissance (d’où venons-nous? Comment et pourquoi est accordé un enfant à un couple stérile? Comment et pourquoi cet enfant ne lui appartient-il pas?), du passage œdipien qui exige, de manière cruelle, la séparation radicale de l’enfant et de ses parents, du mariage, c’est-à-dire de la nécessité de constituer une nouvelle cellule familiale, etc. Et nous avons aussi les imageries populaires comme celles du Père Noël.

Le Père Noël

Nous avons tous cru au Père Noël. Mais d’où vient ce gros bonhomme en rouge? Pourquoi mentir ainsi aux enfants, alors que nous leur apprenons à toujours être honnêtes? À quel âge leur avouer la vérité?

Dans toutes les civilisations occidentales, il y a eu un personnage offrant des cadeaux, et, pendant longtemps dans notre pays, les enfants fêtaient le Père Chemineau, déjà équipé de sa hotte, mais affublé d’une sombre robe de bure. Le Père Noël actuel, joufflu, barbu, rouge et souriant, nous est venu directement des États-Unis d’après-guerre. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit là d’un rite païen plutôt mal vu de l’Église catholique : les pratiquants « purs et durs » ne le fêtent pas (ils honorent seulement la naissance du petit Jésus).

Faut-il absolument dire la vérité à ses enfants? 

Non. Les petits enfants vivent dans un monde mi-réel mi-imaginaire, peuplé de fées, de dragons, de chiens qui parlent, de fantômes et de héros de bandes dessinées… Leur besoin de merveilleux est une sorte de protection contre les dures réalités du monde extérieur, et il n’y a aucune raison de vouloir à tout prix les forcer à avoir « les pieds sur terre » quand ils sont petits. Lui mentez-vous quand vous lui lisez un conte ou lui passez un DVD de dessins animés?

C’est pourtant « dur à avaler »!

Certes, vous pensez que l’histoire du Père Noël est difficile à croire! Pourtant, un gros bonhomme qui vit dans le ciel, se promène en traîneau tiré par des rennes, et apporte en une nuit des cadeaux à tous les enfants du monde, pour eux, cela n’a rien d’extraordinaire! Pas plus que des cloches qui sèment des chocolats, ou des petites souris qui échangent une dent de lait contre une pièce sous leur oreiller! En revanche, si l’enfant s'étonne de voir cinq Pères Noël d’affilée dans une rue commerçante, expliquez-lui que ce sont des gens qui se déguisent, et que le vrai, lui, ne vient que lorsque les enfants sont couchés.

Quand lui dire la vérité?

On peut prolonger la magie tant que l'enfant « marche ». On distingue trois situations :

Il est petit et un grand lui a affirmé que le Père Noël ou un autre personnage imaginaire auquel il tient n’existait pas
Si vous le sentez malheureux, rassurez-le et dites-lui que si certains n'y croient pas, vous y croyez et respectez cette tradition. Cela devrait le satisfaire.

Il est plus grand et commence à poser des questions
Quand il commence à vous interroger, il a généralement déjà de très gros doutes… pour ne pas dire qu’il a tout compris! S’il a 5-6 ans environ (l’âge habituel auquel il commence à ne plus y croire), il sera peut-être un peu déçu que vous confirmiez ses craintes, mais c’est mieux pour lui que de se sentir idiot parce que plus personne dans sa classe n’y croit!

Il continue d’y croire à plus de six ans 
Il risque de se trouver un jour prochain ridicule, car un camarade se sera moqué de lui et l’aura traité de bébé. Il risque alors de vous en vouloir. Et même s’il a envie d’y croire encore, il en sait sans doute au fond plus que vous ne le croyez… Commencez néanmoins à en parler au conditionnel, et à lui expliquer ce qui n’est pas possible (les vraies personnes ne peuvent pas voler dans le ciel avec un traîneau, elles ne peuvent pas descendre dans la cheminée…).

Bruno Bettleheim répond clairement à cette question : « Il faut laisser le petit enfant croire au Père Noël, aux œufs de Pâques et à la petite souris parce qu'ils lui permettent d'ajouter une ferveur émotionnelle à d'importants concepts qu'il développera plus tard. Nous savons tous par expérience que nos idées se rapportant à Noël sont passées du Père Noël et à sa hotte à l'esprit de générosité, du plaisir de recevoir des cadeaux à celui d'en offrir aux autres. »

Le Père Noël, les lutins et la fée des dents ne sont pas des mensonges. Ils relèvent de la fantaisie qui nourrit l'imaginaire du tout-petit. Le mythe du Père Noël répond à la pensée magique de l'enfant d'âge préscolaire. Regardez les enfants d'âge préscolaire jouer ensemble. Ils créent des histoires, s'inventent des scénarios qui alimentent leurs jeux de faire-semblant. Du dragon à la princesse, du pompier au bébé malade, les jeux s'organisent dans l'imaginaire.

Ce n'est que vers 7-8 ans que l'enfant fera le passage de l'imaginaire à la réalité grâce au développement de la pensée opératoire concrète qui donne accès à la logique. Lorsque le petit place une dent sous l’oreiller, quand il part à la chasse aux cocos de Pâques, qu’il bricole un sapin de Noël ou une décoration, lorsqu'il souhaite tel ou tel jouet et attend le jour de Noël, il apprend à anticiper, à se situer dans le temps, il stimule sa créativité, son imagination. Il prépare son cœur à la fête. Lorsqu'il dessine une carte de Noël, fabrique une couronne ou un napperon pour offrir en cadeau, il est sensibilisé à la générosité.

Références 
  • Belmont, Nicole, Poétique du conte (Gallimard, 1999).
  • Bing, Elisabeth, Et je nageais jusqu’à la page, (Editions des Femmes, 1993).
  • Boimare, Serge, L’enfant et la peur d’apprendre, (Dunod, 1999 et 2004).
  • Bruner, Jerome, Pourquoi nous racontons-nous des histoires? (Pocket, 2005).
  • Bettleheim, B. (1998) Pour être des parents acceptables. Hachette Pluriel
Martine Jouffroy Valton
Psychothérapeute

Psychothérapeute gestaltiste diplômée du Centre d’intervention gestaltiste de Montréal, Martine a suivi ses études de psychothérapie clinique en 1995 et a elle-même suivi une thérapie de 5 ans avec des psychothérapeutes d’orientation gestaltiste, à Montréal. Cette orientation lui correspond, car elle aide les personnes dans l’ici et maintenant. Elle a accompagné des personnes en fin de vie et des familles touchées par des maladies génétiques ou le SIDA. Actuellement, elle est coach en entreprise dans le domaine de la communication et du marketing ainsi que plus récemment dans le domaine des recrutements d’experts internationaux pour la commission européenne à Bruxelles. Elle a aussi une pratique privée du coaching en face à face et apprécie particulièrement cette activité très personnalisée. Elle a un site Internet sur lequel elle explique davantage ses services, dont le coaching par téléphone ou par courriel moyennant des frais. Pour la joindre : mjouffroy@hotmail.com ou au téléphone +32-485-614-234.


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