Santé

L’avortement...quand on est déjà maman

Ce chiffre provient des données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).*

Cette statistique n’étonne pas Anabelle Caron, coordonnatrice au développement communautaire du Centre de santé des femmes de Montréal. « Honnêtement, j’aurais pensé que ça aurait été plus », dit-elle. En consultant le questionnaire médical des femmes qui s’apprêtent à se faire avorter, Anabelle constate « très, très, très fréquemment » qu’elle a affaire à des mamans. « Le 39,1 %, ce n’est pas en bas de ça, je suis sûre de ça », affirme-t-elle.

Un test positit, une réaction négative

« Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis écroulée en larmes. C’était la première fois que j’apprenais une grossesse et que j’étais triste », raconte Catherine**, maman de trois enfants.

Qu’on soit maman ou non, un test de grossesse positif, lorsqu’il n’y pas de désir d’enfant, a l’effet d’une bombe. Notre monde s’écroule. Par contre, lorsqu’on est déjà maman, on sait mieux que quiconque ce que ce résultat signifie. On sait très bien ce que c’est que de vivre une grossesse, un accouchement. On sait aussi ce que c’est que d’être une maman – l’allaitement, le manque de sommeil, les dents qui poussent, les crises à gérer, la gestion de la vie quotidienne, le manque de temps…

La femme qui a déjà des enfants et qui se fait avorter, contrairement à celle qui n’en n’a pas, sait davantage à quoi elle renonce. « Elle n’a pas moins de peine, elle ne vit pas moins d’émotions, mais elle est plus certaine de sa décision, dans le sens où elle sait la charge qu’aurait apporté cet enfant dans sa vie, dans sa famille », affirme Anabelle Caron.

La fameuse décision

« Je la trouve 'tough' ma vie avec deux jeunes bébés. Un troisième? My god! Je me disais que je ne survivrais jamais à ça. En même temps, c’était compliqué. Dès que j’ai su que j’avais cette petite affaire-là en moi, on dirait que mon instinct maternel était très puissant. Peu importe les avenues que je pensais dans ma tête, ça allait mal. Avoir ce troisième enfant là, ça allait mettre le bordel dans ma vie et ne pas l’avoir… je n’avais pas encore fait la paix avec cette idée-là », raconte Karine avec émotion.

À la hausse chez les 35-44 ans

Au Québec, on n’a pas de chiffres exacts sur le nombre d’accouchement antérieurs vécus par les femmes ayant recours à l’avortement, mais on sait néanmoins que depuis les années 2000, on observe une tendance à la baisse du taux d’interruption volontaire de grossesse (IVG) chez les femmes des groupes d’âges de 15 à 34 ans et une légère hausse chez les femmes des groupes de 35 à 44 ans. (Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec.)

Inévitablement, un avortement entraîne un processus psychologique. On fait face à une foule de questions auxquelles on doit trouver des réponses. Est-ce que je veux vraiment cet enfant-là? Est-ce que j’ai le temps, l’énergie et les moyens de m’en occuper? Est-ce que mon couple va survivre? Est-ce que ça va mettre ma carrière en péril?

« Même si une femme a la conviction qu'elle fait la bonne chose en ayant recours à l'avortement, elle peut vivre toute une gamme d'émotions comme par exemple de la tristesse ou encore de la culpabilité », affirme Marie-Alexia Allard, psychologue clinicienne et cofondatrice de la clinique Ensemble, à Montréal. Selon elle, il ne faut pas minimiser l’impact psychologique que peut avoir un avortement chez une femme… mais il ne faut pas l’exagérer non plus. « Chaque femme va vivre cette épreuve à sa façon, selon son histoire, là où elle est dans sa vie au moment où ça arrive et la façon dont elle gère ses émotions. »

Ainsi, si, pour certaines, la décision est extrêmement difficile à prendre, pour d’autres, ce sera plus facile… ou du moins plus clair. C’est le cas de Nadia, maman de trois enfants. « Dans ma réflexion, je me disais : j’ai déjà de la misère à arriver avec mes enfants, j’ai déjà de la misère à être autant présente que je le voudrais, j’ai de la misère à avoir de la patience. Ensuite sont venues les réflexions purement financières : je vais le mettre où dans la maison? Je vais faire quoi avec l’auto? Comment je vais faire pour arriver dans le temps? Je n’avais pas de doute sur la capacité à l’aimer, mais je ne voyais pas de porte de sortie. Si je l’avais gardé, je serais probablement tombée en dépression. »

Et après?

Catherine, Karine et Nadia sont, toutes les trois, en paix avec leur avortement. Même si cela a été une épreuve, que certaines l’ont vécu avec beaucoup plus d’émotions et de remises en question, elles savent toutes les trois que, au moment où cet événement a eu lieu dans leur vie, elles ont fait le bon choix. Même si des larmes coulent encore sur leurs joues lorsqu’elles en parlent, elles vivent sereinement.

« À partir du moment où les femmes sont certaines de leur décision, même si c’est difficile et que ça apporte beaucoup de peine, en général, par après, elles vont bien vivre avec leur décision », soutient Annabelle Caron. Une affirmation que corrobore la psychologue Marie-Alexia Allard : « Si une femme raisonne en se disant que, au moment où elle l’a fait, c’était ce qui était le mieux, ça aide au processus de deuil. »

*Ces données comprennent les avortements provoqués pratiqués dans les hôpitaux du Canada, à l’exception du Québec. Les données des cliniques ainsi que les données du Québec ne comportent pas d’information sur le nombre d’accouchements antérieurs.

**Pour des raisons de confidentialité, les prénoms ont été changés.


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