Santé

L'hyperactivité est-elle surestimée?

L’hyperactivité : diagnostic fourre-tout?

Chaque année, au Québec, de plus en plus d’enfants se font poser l’étiquette d’enfant hyperactif. Est-ce qu’il y a réellement une augmentation du nombre d’enfants hyperactifs ou ce phénomène est-il relié à d’autres facteurs? Selon Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice : « Nous sommes tous un peu surpris par les augmentations de diagnostic de manière générale, mais je pense que plusieurs facteurs peuvent expliquer cette courbe. Les gens sont plus sensibilisés à faire du dépistage, les parents, professeurs et professionnels du monde médical sont plus informés. On pourrait émettre l’hypothèse qu’il y a plus de cas, mais ce n’est pas prouvé. L’outil que les psychiatres utilisent pour poser un diagnostic a beaucoup évolué avec le temps aussi, la compréhension du trouble s’approfondit et la définition s’élargit, ce qui fait en sorte qu’on peut diagnostiquer des gens, même à l’âge adulte, qui n’ont jamais reçu d’aide pour leurs difficultés. »

Les experts s’entendent pour dire que le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) a probablement toujours existé, malgré qu’il n’ait pas toujours été connu sous ce nom. En 1968 par exemple, on l’appelait le syndrome de l’enfant hyperactif, puis en 1980 ce terme a évolué pour devenir le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, puis en 1987, le trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention. Le terme que nous utilisons aujourd’hui a été introduit au Québec en 2000.
Est-ce que mon enfant est hyperactif?

Un enfant hyperactif commencera à montrer des signes dès l’âge de 2 à 3 ans, mais comme les enfants sont souvent turbulents et remplis d’énergie à cet âge, le diagnostic est souvent posé plus tard, lorsque l’enfant commence l’école entre 5 et 7 ans.

Mais est-ce que parce que votre enfant semble être une vraie tornade qui détruit tout sur son passage et qui a de l’énergie à revendre que ça implique automatiquement qu’il doive recevoir un diagnostic d’hyperactivité? Pas nécessairement comme nous l’explique Stéphanie Deslauriers : « D’autres troubles peuvent parfois être confondus avec l’hyperactivité. Parfois, un enfant qui fait de l’anxiété sévère peut démontrer des signes extérieurs qu’on va associer à tort à l’hyperactivité. C’est pour cette raison qu’il est important, si on pense que notre enfant est hyperactif, d’avoir un bon diagnostic, de faire des démarches et des tests plus poussés pour réellement déterminer ce qu’a notre enfant pour qu’on puisse lui apporter l’aide adaptée dont il a vraiment besoin. »

Quelques statistiques
  • Près de 8 % des enfants nés au Québec souffrent de trouble d’attention avec ou sans hyperactivité. Le trouble affecte légèrement plus les garçons que les filles.
  • Les chercheurs pensent qu’il y a un peu de génétique impliquée dans le processus du développement d’un TDAH : en effet, 30 à 40 % des personnes qui sont diagnostiquées TDAH ont des membres de leur famille qui souffrent du même trouble.
  • Seulement 30 % des enfants qui reçoivent un diagnostic de TDAH ont uniquement ce diagnostic. Au moins la moitié d’entre eux présentent également un trouble d’opposition, 25 % des troubles de conduite, 18 % des troubles de l’humeur, 25 % des troubles anxieux et plus de 60 % ont un trouble d’apprentissage
Symptômes

Pour poser un diagnostic d’hyperactivité, il faut que les symptômes soient présents depuis une période de plus de 6 mois, que l’enfant ait présenté des signes depuis le jeune âge, et que ces symptômes engendrent des problèmes de comportement qui nuisent à son fonctionnement social, familial et scolaire de façon constante.

Les symptômes d’inattention

  • Votre enfant ne parvient pas à prêter attention aux détails;
  • Il a du mal à maintenir son attention à l’école ou quand il joue;
  • Il ne semble pas écouter quand on lui parle;
  • Il ne se conforme pas aux consignes, ne parvient pas à mener à terme ses devoirs ou une activité comme un bricolage;
  • Il a de la difficulté à organiser ses activités;
  • Il évite ou rouspète lorsqu’il doit faire des tâches nécessitant une activité mentale soutenue;
  • Il perd souvent ses objets, ses jouets;
  • Il se laisse facilement distraire par des éléments externes;
  • Il a des oublis fréquents dans la vie quotidienne.
Trucs de spécialiste
Si votre enfant a souvent des problèmes d’inattention, Stéphanie Deslauriers suggère de mettre en pratique certains trucs pour l’aider à gérer ses difficultés. Vous pouvez par exemple diviser les tâches que vous lui confiez, lui rappeler les consigner ou lui demander de les répéter pour être certaine qu’il a bien compris. Si ce qu’il fait requiert un effort mental difficile pour lui, encouragez-le à prendre des pauses pour se dégourdir avant de revenir terminer la tâche.
Les symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité
  • Votre enfant remue souvent ses mains et ses pieds ou se tortille sur sa chaise;
  • Il se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il devrait rester assis;
  • Il court ou grimpe partout, peu importe la situation;
  • Il a de la difficulté à se tenir tranquille dans les jeux ou les loisirs;
  • Il agit de façon très intense;
  • Il a de la difficulté à attendre son tour;
  • Il interrompt souvent les autres ou impose sa présence.
Trucs de spécialiste
Un enfant qui ressent toujours le besoin de bouger et qui agit impulsivement a un surplus d’énergie qu’il a de la difficulté à canaliser. En tant que parent, vous pouvez lui donner des outils pour l’aider à reprendre conscience de son corps et pour l’aider à se recentrer et à se ramener au présent. On peut utiliser un sac magique sur le cou ou les jambes par exemple, faire asseoir l’enfant sur un ballon d’exercice, utiliser les balles antistress ou de la pâte à modeler sensorielle et même baliser le temps avec une minuterie. Stéphanie Deslauriers indique que les rappels visuels et les horaires qui expliquent clairement la séquence des événements peuvent être très rassurants pour ces enfants.
Le Ritalin : la controverse

Le Ritalin, un médicament typiquement utilisé pour traiter les enfants qui souffrent d’hyperactivité, soulève régulièrement les inquiétudes des parents. Même certains ordres professionnels comme les ministères de l’Éducation, du Loisir et du Sport, de la Santé et des Services sociaux et de la Famille et des Aînés ont senti le besoin d’émettre une position officielle en raison de l’augmentation record du nombre de prescriptions de Ritalin au cours des dernières années (juste de 1997 à 2003, le nombre de prescriptions de Ritalin a fait un saut de 55 %, et la croissance continue depuis!). 

Les ministères recommandent de prévenir la surutilisation de Ritalin, tout en tenant compte du fait que l’usage de ce médicament peut être souhaitable dans certains cas. Qu’est ce qu’en pense Stéphanie Deslauriers? Selon elle : « la médication peut être utile lorsqu’elle est utilisée en complément avec un suivi psychosocial. Le médicament va aider l’enfant à voir plus clair, diminuer sa détresse et l’aider à être prêt mentalement à trouver des moyens de gérer ses difficultés à long terme. »

L’hyperactivité à l’école

Beaucoup de parents rapportent que les professeurs ont de plus en plus tendance à les inciter à faire prescrire du Ritalin à leur enfant actif. Même les psychologues scolaires ressentent la pression d’avoir recours aux médicaments sans même avoir le temps d’amorcer une évaluation adéquate de l’enfant. Mme Deslauriers explique que cette tendance à tout surmédicaliser révèle en fait une triste réalité à laquelle les professeurs ont à faire face quotidiennement « On intègre de plus en plus d’enfants à besoins particuliers dans les classes régulières sans offrir la formation ou le soutien au professeur, ce qui fait qu’ils n’arrivent pas à tout gérer. Si le système ne les soutient pas adéquatement, ils se sentent dépassés et incompétents et vont être plus enclins à recommander de médicamenter l’enfant par manque de ressources et d’information. »

Lecture inspirante : Apprivoiser l’hyperactivité et le déficit de l’attention des Éditions CHU Ste-Justine.

Collaboration de Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice, auteure jeunesse de Laisse-moi t’expliquer l’autisme, chroniqueuse sur Éducatout.com et Huffington Post Québec. Ensemble et maintenant.


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